• Monnières, 1797....

                                    

                                     Monnières, le 1er Fructidor an 5...

     

      Monnières, 1797....Nous ne pouvons oublier qu'entre les premiers coups de fusil de mars 1793 jusqu'au feu de peloton qui abat Monsieur de Charette, le génocide a fait disparaître environ 350 000 Vendéens, des centaines de bourgs et de villages ont été détruits, rayés de la carte (les Oradour-sur-Glane de la Vendée), engendrant d'effroyables malheurs....

      Grand silence de la République sur le sujet, elle n'a même pas abrogé le Décret-loi voté à l'unanimité par la Convention, le 1er octobre 1793, relatif à l'extermination de ''cette race impure qui souille le territoire de la République''. En 1797, cette République a le culot de venir réclamer  de lourdes impositions après avoir tout saccagé ; ce régime politique pourri et racketteur n'a vraiment aucune pudeur.

      La ''Lumière Maçonnique'', les idées républicaines dites ''nouvelles'', les Vendéens les ont reçues à la lueur des torches des incendiaires ; et nos morts, dans les fosses communes, dans les charniers, dans les vases de la Loire demandent justice !

     

      Le discours du 1er Fructidor de l'an 5, déclamé dans la maison commune de Monnières en Loire-Inférieure, nous dresse un tableau saisissant de la situation.

      La Vendée Militaire est devenue un désert ou presque, un champ de ruines. En 1797 les vignes de la région de Monnières sont en friche.

     

       « Du 1er Fructidor an 5 (18 août 1797) de la République Française Une et indivisible .

    Séance ou présidoit le Citoyen Caillé et assistoient Gaillard, Maillart, Tessier et Rivière agents et Piochaud adjoint.

    Présent le Citoyen L'Anglois commissaire du Directoire Exécutif.

    Un membre dit :

      Citoyens collègues, le contingent assigné à notre canton par l'arrêté du département de la Loire-Inférieure en date du 21 Messidor dernier se monte tant en principal qu'en centimes ou sols additionnels à la somme de trente mille cent onze francs cinquante centimes. OUI, si la loi du 9 germinal et les lois antérieures n'accordoient pas déjà des secours et des indemnités aux cantons qui ont été ravagés par la guerre ; si nous n'avions pas le bonheur d'avoir un gouvernement juste et éclairé sur ses vrais intérêts capable d'apprécier les degrés de l'infortune et de la misère et d'y tendre une main secourable : Si nous n'avions pas une espérance bien fondée que nous serons déchargés du payement de cette somme en mettant sous les yeux du Corps Législatif le tableau affligeant de nos malheurs : OUI, il faudrait dire que le moment où nous commençâmes à espérer que nous pourrions enfin renaître de nos cendres, sortir peu à peu de l'état déplorable où nous avons été plongés par les ravages de la guerre, a été celui ou nous nous verrions condamnés à une ruine totale, sans aucune espérance de pouvoir nous en relever, réduits à un affreux désespoir et a la cruelle nécessité pour la majeure partie des propriétaires d'abandonner leurs biens parce qu'il leur seroit absolument impossible d'acquitter la cotte de leur contribution. Mais Non Citoyens collègues ne nous livrons pas a des idées désolantes ? Pour être déchargés de cette imposition, nous n'avons qu'a faire connoître les besoins de nos administrés. Représentons donc au gouvernement avec ingénuité et confiance la misère affreuse où ils ont été réduits par les effets cruels et désastreux d'une guerre Vendéenne, qu'ils ont entièrement perdu tous leurs effets mobiliers, par l'incendie et le pillage ; que leurs habitations ont été réduites en cendre, que la terre durant et depuis l'insurrection n'a presque pas été cultivée, soit par défaut de bras, une grande partie des habitants ayant été moissonnés par le fer meurtrier de la guerre civile, soit par le défaut de bestiaux qui ont été presque tous tués ou enlevés par les armées. Et ce qui ajoute encore à nos malheurs, c'est que la plus grande partie des biens de notre Canton consistent en vignes qui n'ont pas pu être façonnées durant ces temps de troubles et d'horreur. Or tout le monde sait que lorsque cette espèce de propriété manque d'être cultivée pendant quelques années non seulement elle ne donne pas de revenu ces années là, mais encore plusieurs années après ; et qu'elle n'est mise en état de rapport que par des dépenses extraordinaires : Le propriétaire n'a donc encore rien retiré de ses biens depuis l'insurrection, et n'a d'espoir d'en retirer que par des dépenses au-dessus de ses moyens. Si donc le propriétaire est encore obligé de payer des contributions, il en résulterait, outre l'injustice qu'il y aurait de faire payer des contributions pour des biens qui ne donnent pas de revenu, car c'est un principe reconnu à tous les tems, que les propriétés ne peuvent être imputées qu'en raison de leur revenu net ; il en résulteroit que ceux des propriétaires qui pouroient dégager leurs biens, ne pouroient plus faire des avances qu'exigent leurs propriétés pour être mises en état de rapporter des fruits. L'intérêt bien entendu de la république demande donc impérieusement que si elle ne peut donner des indemnités et des secours suffisants pour que nous puissions mettre nos propriétés en état de produire des revenus ; qu'il soit du moins accordé aux cantons désolés un tems suffisant pour se rétablir et acquérir des moyens de fournir dans la suite à l'Etat des secours plus considérables et qui compenseraient emplement les sacrifices qu'il feroit en les exemptant pendant quelque tems de payer des contributions : Enfin, si les besoins actuels de la République la mettaient dans l'impossibilité de nous accorder une décharge entière des impositions, la justice, l'humanité ; tous les sentiments de la nature crient que ces contributions soient disproportionnées  à nos revenus actuels et non pas ceux de 1791, comme elle sont ; puisque la répartition de la contribution de l'an cinq est bâsée, soit par le Corps Législatif, soit par notre Département sur celle de 1791 ; puisse le cri de la raison, de la justice et de l'humanité être enfin entendu !

     

      Représentons encore Citoyens collègues que les dépenses locales à la charge de notre Canton, se multiplient à raison de sa pauvreté et de sa misère ; en effet, outre les dépenses considérables, eu égard à notre état d'épuisement, qu'il faut faire pour se procurer les meubles et d'autres objets indispensables a l'administration municipale et pour faire face au traitement des employés de l'administration, chaque commune se voit encore obligée d'accorder des indemnités à l'agent et à l'adjoint ; parcequ'il ne se trouve personne a qui les facultés permettent de donner gratis le tems que demande les fonctions de leurs charges : ajoutons encore que tous les registres de l'Etat-Civil ayant été perdus et discontinués jusqu'au premier Messidor dernier ; il a fallu conformément a la loi du 2 Floréal an 3 nommer des commissaires pour confectionner des listes pour y suppléer, lesquels ne peuvent non plus faire cet ouvrage sans indemnités. Puisse le gouvernement être touché de nos besoins et les soulager !

      L'Administration après avoir entendu le discours ci-dessus, arrête oui le Commissaire du Directoire exécutif qu'expédition d'icelui et du présent arrêté  sera envoyé dans le plus bref délai au corps législatif, autre expédition au ministre des finances et une autre a -illisible- centrale du Département avec invitation de l'appuyer de ses propres connaissances auprès du Corps Législatif »

    signé : N Caillet Président – Rivière, agent- Tessier, agent- Pichaud adjoint – C Dugast secrétaire .

     

    Monnières, 1797....

     

     

     

     

     

    Sources : Archives Départementales de Loire Atlantique, commune de Monnières  délibérations municipales - page 11 (an V 1797 – an VI 1797) - tous droits réservés.  Photo de l'auteur.

     

              Xavier Paquereau pour Chemins secrets


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