• Les massacres de septembre à Reims....

     

    1792, 

    Les massacres de septembre à Reims. 

                          

     

     Les massacres de septembre à Reims.... « A Reims, les massacres commencèrent le même jour qu'à Paris, le 2 septembre, et furent peut-être plus affreux que partout ailleurs. Ils étaient ordonnés et dirigés par un personnage aussi grotesque que féroce, un cardeurs de laine répondant au nom d'Armonville*, ami et protégé de Marat, qui l'avait fait nommé président de la société populaire.

      Le 2 septembre, arrivait à Reims un bataillon de volontaire que conduisait vers la Meuse le général Duhoux.

      Armonville, suivi des membres les plus sûrs de la société populaire, se porte au devant d'eux, leur dit que la ville est pleine d'aristocrates et de prêtres réfractaires qui méditent la mort des bons citoyens. « Laisserez-vous ces traîtres, s'écrie-t-il égorger vos femmes et vos enfants pendant que vous allez verser votre sang pour la patrie ? Venez avec moi purger notre belle cité de tous ces scélérats. »

     

      Sourds à la voix du général Duhoux, qui parle d'honneur et d'humanité, une partie des recrues passent du côté d'Armonville, entouré déjà par de bons patriotes qu'enflamme l'agréable perspective d'exterminer des scélérats capables d'égorger les femmes et les enfants des valeureux volontaires.

      Tout d'abord, Armonville dirige sa bande vers la poste aux lettres, car, dit-il, le directeur Guérin, et son facteur, Carton, sont fortement soupçonnés de royalisme caché. En réalité, ces fonctionnaires s'étaient attirés la haine d'Armonville en lui refusant l'échange contre de l'argent d'une somme en assignats dépassant la limite fixée par les règlements. Le maire, averti, envoie en hâte un détachement de la garde, mais ce détachement, trop faible, est noyé dans la masse des émeutiers et ne peut empêcher le crime. Le directeur de la poste et son facteur sont traînés jusqu'à l'hôtel de ville, et là, sur la marche la plus élevée du perron, pour que la foule puisse jouir du spectacle, on les égorge, puis on leur coupe la tête.

      A ce moment se produisit un incident qui mit la population en joie : l'un des exécuteurs, apercevant un jeu de quilles à quelques pas du perron, s'empara de l'une des têtes et s'en servit comme d'une boule pour abattre quelques quilles.

      Cette première opération était encourageante. Armonville voulait mieux. Sur la place, il tint une sorte de conseil avec les membres de la société populaire et quelques-uns des volontaires, puis la foule, étonnée, vit des patriotes apporter des fagots, des planches, des troncs d'arbre et former de tout cela un énorme bûcher. Lorsque tout fut en place, Armonville cria :

     

      « Mes amis, nous allons griller les curés qui ont refusé le serment  ».

     

      Ce fut un prêtre des environs qui inaugura le bûcher. Des paysans l'amenaient à la municipalité pour la prestation de serment. On l'arrêta au passage, et, sans écouter ses supplications, on l'égorge et l'on jette dans les flammes son corps palpitant. On fait ensuite subir le même sort à l'abbé Levacher, grand vicaire, cueilli à son domicile, à l'abbé Pacot, curé de Saint-Jean, et au curé de Rilly qui se trouvait en visite chez ce dernier.

      Ce jour là, 2 septembre, la dernière victime fut M. Monrosier, ancien lieutenant du roi à Lille, qui s'était retiré chez son beau-père, officier municipal de Reims. Ce malheureux n'eut pas les honneurs du bûcher : on lui coupa les bras et les jambes, et, pour mettre fin à son agonie, on lui trancha la tête sous les yeux de son beau-père, maintenu par quatre volontaires devant une fenêtre ouverte.

     

      Le 3 septembre, on dressa un nouveau bûcher.

      Sur ce bûcher périrent le chanoine Romain, qui refusa de prêter serment et préféra mourir, et l'abbé Alexandre, curé doyen, qui, lui, se déclara disposé à prêter serment pour sauver sa vie, mais n'en fut pas moins jeté dans le brasier. Comme il suppliait qu'on l'arrachât au terrible supplice et demandait de nouveau à prêter serment, on le retira du bûcher, la figure et les mains fortement brûlées déjà, puis l'on envoya chercher le procureur de la commune, Couplet, qui reçu le serment. Alors, on vit cette chose horrible : aussitôt que Couplet eut rempli son office, les bourreaux rejetèrent le malheureux prêtre dans les flammes, et l'un d'eux s'écria en ricanant :

     

      « A présent, va brûler dans les enfers. »

     

      On voit que, contrairement à ce qui s'est passé la veille, les deux prêtres ne furent pas mis à mort avant d'être brûlés : on les jeta vivants sur le bûcher, autour duquel des patriotes et des volontaires dansaient en rond, étouffant les cris effrayants des victimes sous leurs chants et sous leurs cris de VIVE LA NATION.

      En résumé, les victimes furent peu nombreuses à Reims, mais leur supplice fut atroce. »

     

      Les républicains aiment particulièrement le feu, le feu de l'Enfer, la Vendée n'échappera ni à l'incendie, ni au supplice atroce subi par les femmes et les enfants jetés vivants dans des fours par ces ''Messieurs'' des ''Colonnes Infernales''.

     

      *Jean-Baptiste Armonville est né le 18 novembre 1756 à Reims rue des Créneaux, dans la paroisse Saint Timothée. Devenu cardeur de laine, il est le fils d'un ancien soldat du régiment du Poitou. C'est un des rares ouvriers élus député à la Convention. 

      Armonville, dit ''Bonnet Rouge'' à cause de sa coiffure qu'il ne quitte jamais, vote la mort du Roi, il devient donc régicide. Il meurt à Reims le 11 décembre 1808, ignoré et dans l'indigence.

      Depuis 1903 la ville de Reims peut s'enorgueillir de posséder une rue Armonville.... 

     

    Sources: Extrait de « Sous LA TERREUR » de Jules Mazé - librairie Hachette – Paris -1947. Photo de l'auteur. Sur les massacres de Reims lire aussi l'article de la Maraîchine normande ici.

                                                                 

     

    Xavier. Paquereau pour Chemins Secrets. 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :