• Demoiselle Bouchet de Beaupréau....

     

     

                                 Une jeune martyre de 93...

                        

      Voici un sermon de Monsieur l'Abbé Marchais, curé de la Chapelle-du-Genêt, daté du 19 mars 1797.

      Monsieur l'Abbé Marchais est « né à Beaupréau le 24 mars 1726, orphelin à quatre ans à la suite du décès, à quelques jours d'intervalle, en février 1730, de sa mère puis de son père, riche marchand de la ville, le jeune Marchais est recueilli sans doute par son oncle, marchand cirier, puis fait ses études dans le collège créé dans sa ville natale au début du siècle. A sa sortie du séminaire, il est nommé en 1750 vicaire à Saint-Augustin-des-Bois près de Saint-Georges-sur-Loire ». Après diverses ''mutations''  il arrive comme vicaire à la Chapelle-du-Genêt en 1757 et devient curé en ce lieu en 1763. Il va passer plus de quarante ans dans la paroisse et y mourir en 1798. Ses sermons ont été conservés dans cinq dossiers déposés en 1971 aux archives de l'évêché d'Angers.

      Jacques Cathelineau, futur généralissime des Armées Catholiques et Royales reçoit l'enseignement scolaire et religieux de Thomas Compère, curé du Pin-en-Mauges. Ce prêtre remarquant la dévotion et l'intelligence de son élève convainc son père de lui permettre de poursuivre sa formation scolaire aux côtés de l'Abbé Marchais afin de devenir prêtre ; une promotion sociale pour les Cathelineau. Donc Jacques part à la Chapelle-du-Genêt en 1770, à l'âge de onze ans, il restera six ans au presbytère en fortifiant sa foi.

     

      « Me rappelant un de ces indignes forfaits et une de ces actions héroïques, qui, pendant quelque temps, ont été si communs dans notre malheureuse nation, je crois pouvoir vous les proposer tous les deux pour vous faire connaître sensiblement la manière de résister à une tentation par la force de l'amour de Dieu et le secours de sa grâce. Ecoutez-moi en ce sens et saisissez bien ma pensée.

      D'abord et pour mieux sentir toute la beauté de l'exemple que je veux vous proposer ainsi que la perfection de la sublime vertu qui l'a donné, représentez-vous d'un côté tout ce que la passion la plus brutale peut suggérer à des impudiques décidés et qui ne respirent que le plaisir des sens. Figurez-vous de l'autre tout ce que les sentiments d'honneur et de religion peuvent inspirer à une jeune personne qu'on oblige à se déterminer ou à un mariage contre sa conscience et les règles de l'Eglise, ou à une mort violente et certaine dont on la menace depuis longtemps et qu'elle a toujours méprisée. A ce premier aperçu et comme au premier coin du tableau, joignez le sérieux de l'action ou l'exécution de la menace et en même temps l'héroïsme, c'est à dire la grandeur du courage de cette vierge chrétienne qui sans hésiter ni balancer un instant répond en vraie prédestinée que son choix est fait et qu'elle a voué au Seigneur sa chasteté comme sa foi pour éviter plus sûrement l'horreur et l'infamie du concubinage qu'on ne rougit pas de lui proposer. Cela dit et d'un ton à persuader qu'elle ne reculera pas, elle attend tranquillement le coup qui va l'immoler et à l'exemple de tant d'autres victimes du malheur de nos jours comme celui des premiers siècles, elle meurt vraiment martyre et de sa religion et de sa chasteté. Vous l'avez connue ou pu connaître, mes très chers frères, cette jeune personne et cette martyre* : elle était du pays et de votre proche voisinage ; elle y avait toujours vécu de manière à édifier; et elle  y réussit surtout par des actes d'une charité singulière pour les soldats malades soit de blessures, soit de fatigues, soit amis, soit ennemis, sans aucune distinction et par le pur amour de Dieu, ce qui est la véritable charité et ce qui même probablement lui a mérité cette qualité si honorable de vierge martyre, après lui avoir acquis l'estime générale et la plus belle réputation.

      Apprenez de là, filles qui m'écoutez, à résister aux tentations, et sachez que tant que vous le voudrez bien, avec le secours des grâces dont j'ai lieu de croire que vous êtes suffisamment favorisées vous serez dans le cas d'imiter, proportionnellement à votre état et condition, ce beau modèle que je viens de vous présenter. J'aime à l'espérer, et Dieu veuille exaucer cet espoir »!

     

     * Il doit s'agir de Geneviève, Françoise Bouchet, chirurgienne, née le 13 novembre 1771 à Beaupréau et guillotinée place du Ralliement à Angers le 20 janvier 1794. Fille de Guy Bouchet, chirurgien et de Françoise Lebrun.

     

    Sources: Archives Départementales du Maine et Loire – commune de Beaupréau. Parole de Dieu et révolution – les sermons d'un curé Angevin avant et pendant le guerre de Vendée présenté par François Lebrun 1979 - Edouard Privat, éditeur 14 rue des Arts à Toulouse. Pages 126,127. Photo   : Le coffre sur lequel l'abbé Marchais célébrait la messe sous la Terreur, dans la ferme de Soulanger où il avait trouvé refuge, source   : Le Souvenir Vendéen, 7 mars 2016, Nicolas Delahaye.

     

    Xavier Paquereau pour Chemins secrets

     

    Coffre de l'abbé Marchais :

     

    Demoiselle Bouchet de Beaupréau....

     

                                                                   


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