• Combat au sabre près de Vezins....

     

    Mars 1794, un combat au sabre près de Vezins...

     

     

     

    Combat au sabre près de Vezins....Louis Monnier* né le 26 octobre 1771 à Clisson et baptisé à la Trinité sous les prénoms de Julien-Louis, est le fils de Maître Jean Monnier, huissier Royal et de Demoiselle Marguerite Grollier. Commandant de la division de Montfaucon, il nous raconte dans ses mémoires un de ses combats pris sur le vif; un combat qui l'a opposé à un général républicain.

     

    * Article de la Maraîchine Normande du 4 décembre 2012.

    Combat au sabre près de Vezins....

     

    Le 3 mars 1794, le chef de brigade Lusignan, venant de Cholet, arrive à Nuaillé à quatre heures du soir, et y fait bivouaquer sa troupe.

     

    Le 4 mars, à cinq heures du matin, avant le lever du jour, par un temps froid et pluvieux, les républicains quittent Nuaillé où ils ont passé la nuit. Lusignan divise ses soldats en deux colonnes, marche directement sur Vezins à la tête de l'une et fait avancer l'autre par Trémentines et Saint-Georges-du-Puy-de-de-la-Garde, pour prendre en flanc et tourner les royalistes.

    C'est le jour du carnaval et de la bataille de Vezins qui oppose le Général Stofflet à deux colonnes républicaines... En cette matinée, Monnier fait ''rouler son adversaire dans le fossé'' lors de la poursuite des Bleus vers Nuaillé...

    Au lever du jour, Monnier est en reconnaissance sur le chemin des Gardes et entend sur sa gauche, à ''portée d'une balle'', des coups portés contre les huisseries d'une métairie* située non loin de la grande route de Cholet à Vezins...

     

    * Peut-être la métairie de la Barre en raison de sa situation géographique, située ''presque sur la grande route'' et près d'un chemin rejoignant les Gardes à la grande route, à proximité d'une élévation et du chemin de Trémentines situé après la métairie de la Maillarderie, où s'égare Monnier lors de la poursuite. 

     

    « La ville de Cholet eût des craintes d'être attaquée après l'affaire des Ouleries (NDLR : les deux combats des Oulleries n'auront lieu que les 18 et 27 mars). Elle se décida de faire évacuer les chariots et les ambulances. On se mit à charger les effets, tant de la troupe que des habitants. Une partie du convoi partit le soir, sur les 8 heures, avec une escorte de 5000 hommes qui marchaient lentement ; un bataillon faisait l'avant garde et la cavalerie éclairait la marche. Notre grande garde qui veillait sur la grande route de Vezins, entendant de loin des chariots qui venaient de Cholet, détacha 4 hommes pour en prévenir le général (Stofflet). Le général ordonna de suite la rentrée de cette garde au premier poste du bourg et me dit de monter à cheval pour aller écouter à demi-chemin si le rapport était vrai. J'entendis le galop des chevaux de trait et même la voix des rouliers.

    Je retournais promptement auprès du général qui me dit : «  Prenez 200 hommes, allez sur la route, vous observerez la marche de ces chariots là, qui sûrement sont escortés. »

    A peine étais-je rendu à demi chemin, que j'entendis à ma gauche, à portée d'une balle, qu'on défonçait les portes d'une métairie qui se trouvait presque sur la grande route, mais encore à une certaine distance. C'étaient sept grenadiers, en gros bonnets de peau d'ours, qui s'étaient détachés de l'escorte des charrettes et avait marché en avant pour piller. Le jour commençait à paraître, et j'allais tout doucement prendre connaissance de ce bruit ; j'aperçus de grands bonnets. Je revins vers mes soldats et me disposait à attaquer. Je fis cerner la métairie qui était bien couverte par de grands arbres, près d'une grande prairie dont les haies étaient fort hautes. J'étais dans le chemin qui venait de la métairie au chemin des Gardes à Vezins. Les Bleus étaient dans les rues de cette ferme ; mes soldats arrivèrent par derrière, de sorte que les grenadiers se virent tous pris, à l'exception d'un qui fut tué sur le fumier. Ils rendirent leurs armes. Je les fis conduire au général, à qui j'écris que c'était Cholet qu'on évacuait, et qu'il eût à marcher de suite ; qu'il fallait attaquer cette colonne qui emportait tout le butin de Cholet. A peine étais-je sorti de la ferme pour renter dans le chemin et aller sur une hauteur pour observer les marches de cette colonne, que je fus attaqué par deux bataillons qui, pendant qu'on se battait ; faisaient filer leur convoi. Je ne pouvais guère soutenir l'attaque avec mes 200 hommes qui se battaient comme des déchaînés. Le général arriva, les plus braves vinrent à mon secours et nous enfonçâmes les deux bataillons en leur infligeant une grande perte. Nous les poursuivîmes sur la route, la baïonnette dans les reins. »

    Combat au sabre près de Vezins....

     

    Nous remarquerons dans le combat au sabre qui va suivre, combien le ''coup de pointe'' est dangereux et recherché par l'adversaire, il est pratiquement toujours mortel lorsqu'il est porté à la poitrine.

     

    « Mon malheureux cheval, que je ne connaissais point, m'entraîne dans le chemin qui va à Trémentines, et où il y avait beaucoup d'eau ; il se jeta à corps perdu dans l'eau et me passa dans un petit pré joignant la grande route. La fusillade de part et d'autre allait si vivement, que les Bleus pouvaient à peine charger leurs fusils. Comme on les poursuivait de près, je me trouvais entre les Bleus et nos soldats. Le général** qui les commandait était derrière sa colonne ; il était monté sur un petit cheval blanc de peu de valeur ; comme il avait été malade, à ce qu'il me parut, il avait ce cheval pour faire la route.

    Pendant l'action, j'avisais toujours ce grand homme, qui avait des épaulettes à gros grains. Il descendit de cheval, et quand je fus près de lui je lui dis de se rendre. Il s'aperçut bien que je ne pouvais maîtriser mon cheval. Il voulut en profiter pour me passer son sabre au travers du corps ; il avait deux pistolets anglais dans sa ceinture, il m'en tira un coup qui atteignit le ventre de mon cheval. Quand il vit qu'il ne m'avait pas touché, il prit son sabre et vînt sur moi. Il avait l'avantage, j'étais à sa gauche. Il s'approcha très près de moi pour avoir plus de facilité de me sabrer. J'avais la bride de mon cheval à la main gauche, je croisais la main droite sur la gauche pour parer les coups de sabre, et je serrais toujours la bride de mon cheval avec la gauche pour me défendre.

    Le général me porta un coup de pointe dans la cuisse, je fléchis au coup, mais je trouvais jour pour lui donner un coup de pointe dans le corps, il l'évita et m'appliqua un autre coup de sabre sur le poignet. La bride de mon cheval tomba sur l'arçon par la douleur du coup, je croyais avoir la main coupée ; je ne perdis pas courage. Il me présenta encore le côté gauche. Je lui appliquais un coup de sabre sur la jugulaire, le sang me sauta jusqu'au visage. Quoique étant blessé, je pris mon mousqueton, je lui tirais un coup dans le bas ventre, et il s'en alla rouler dans le fossé de la route.

    Le major de ma division arriva avec le lieutenant de nos dragons pour me soulager ; car j'étais exténué par la fatigue et par le sang que je répandais. Je me retirais de notre colonne pour aller faire panser ma blessure.... »

    ** Ce général n'est pas le chef de brigade Lusignan, commandant les deux colonnes, puisqu'il est toujours vivant le 4 mars au soir. En effet, il rend compte de son action dans la soirée du 4 mars au général Huché.

    Il s'agit peut-être de l'un des commandants des deux bataillons ? 

     

    Sources : Archives Départementales de la Loire Atlantique tous droits réservés. Archives de la Trinité de Clisson, baptêmes, Acte de baptême de Monnier, vue n°8/10, n°40 - Archives Départementales de la Vendée Mémoires de Monnier, bibliothèque électronique Constant Aubert, class 4 Num 280/48, pages 75 et 76/116 – Mémorialistes Blancs – Géoportail, carte d'état-major, Vezins, 1820-1866 - Photo de l'auteur. 

                                                         

     

     Xavier Paquereau pour Chemins-Secrets 


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