• Cincinnatus Chaumière....

     

    Sur les chemins de Galerne… 

    Jacques-Cincinnatus Chaumière... 

     

       Cincinnatus Chaumière....Ce Jacques-Cincinnatus Chaumière n’avait pas vraiment la conscience tranquille pour changer de nom et de métier en épousant une brodeuse à Angers, le sept fructidor de l’an II (24 août 1794) et en ayant fait un enfant à cette brodeuse en 1792.

      Ce personnage s’appelle en réalité Louis-Léonard Chasteau, fils d’un ancien cavalier de la maréchaussée, René Chasteau et de Jeanne Viger. Il est né le 31 décembre 1756 à Martigné-Briand et a été baptisé le lendemain. Nous comprendrons très rapidement, après avoir cerné la personnalité de cet individu, le pourquoi de cet anonymat.

     

      Voici son acte de baptême :

     

    « Le premier janvier mil sept cent cinquante sept a été baptisé par lous soussigné, Louis-Léonard né d’hier,  fils d’Honorable Homme René Chateau, absent et de Demoiselle Jeanne Viger son épouse, ont été parein Honorable Homme Jacques Tonnelet* et marreine demoiselle Marie Chateau épouse d’Honorable Homme Jean-Baptiste Gruau tous de cette paroisse soussignés. » 

    ont signé : Marie Chateau – Tonnelet – G Repin curé.

     

    * Jacques Tonnelet est marchand à Martigné et est le père de René-Jean Tonnelet, soldat au Royal Infanterie, Brigadier des Fermes du Roi, garde chasse et garde Forestier, ami du général Stofflet.

      René-Jean Tonnelet fut nommé Major-Général de l’Armée Vendéenne Outre-Loire et disparu lors de la virée de Galerne.

      Le père de Jacques Tonnelet : Julien Tonnelet, avait épousé Jacquine Chateau… Les Tonnelet et les Chateau sont donc parents et lorsqu’on est parent avec la famille d’un Major-Général des Armées Vendéennes, ça demande quand même un minimum de morale et de rectitude de vie. Ce qui ne sera pas le cas de Jacques-Cincinnatus Chaumière d’où le « flou artistique » du mariage...

     

      Maintenant voici l’acte de mariage de Jacques-Cincinnatus Chaumière :

     

      « Jacques Cincinnatus Chaumière cy-devant Louis-Léonard Chateau et Marie Neyrac. »

     

      « Aujourd’huy sept fructidor l’an deux de la République une et indivisible avant midy ; 

      Par devant moy Jacques Chave, membre du conseil général de la commune d’Angers, département de Maine et Loire, élu le six janvier mil sept cent quatre vingt treize, officier public pour constater l’état civil des citoyens, sont comparus en la maison commune pour contracter mariage le citoyen Louis Léonard Chateau, salpêtrier, âgé de trente sept ans, demeurant présentement rue Tournemine section Jacques de cette commune, et cy-devant commune de Saint Denis d’Anjou district de Chateaugontier, département de la Mayenne fils majeur de défunt René Chateau ancien cavalier de la maréchaussée, et de Jeanne Viger demeurant rue Tournemine ses père et mère d’une part et la citoyenne Marie Neyrac, fille brodeuse, âgée de trente un ans demeurante rue Tournemine section Jacques de cette commune fille majeure de François Neyrac cultivateur et de Jeanne Maubuisson demeurants commune de Souillac, district de Saint Céré département du Lot, ses père et mère d’autre part, lesquels futurs conjoints accompagnés du côté du futur du citoyen François Pierre Guéffier marchand âgé de trente cinq ans,demeurant commune de Miré, district de Châteauneuf en ce département, de la citoyenne Jeanne Tournerie, âgée de trente six ans, couturière demeurant rue Constitution section Maurice de cette commune tous deux amis du futur, du côté de la future, de la citoyenne Angélique Saint-Hubert, brodeuse*, âgée de trente deux ans, du citoyen Pierre Charles, conducteur des bois de marine, âgé de trente un ans, la première demeurant  rue Constitution section Maurice et le second quai de la Poissonnerie dite section Maurice de cette commune, tous deux amis de la future, en présence des partis et des dits témoins, premièrement de l’acte de naissance du citoyen Louis Léonard Chateau en date du premier janvier mil sept cent cinquante sept qui constate qu’il est né la veille sur la cy-devant paroisse de Martigné Briand, district de Vihiers en ce département, du mariage légitime entre René Chateau et Jeanne Viger son épouse ; depuis la publication de promesse de mariage, ledit citoyen Louis Léonard Chateau m’a présenté un acte en datte du premier prairial de l’an deux de la République française passé devant les officiers municipaux de la commune de Saint Denis d’Anjou en bonne forme, par lequel il appert que ledit Louis Léonard Chateau a adopté pour son nom celui de Cincinnatus Chaumière et qu’il renonce à son cy-devant nom de Louis Léonard Chateau ; secondement de l’acte de naissance de la citoyenne Marie Neyrac la date du huit décembre mil sept cent soixante deux qui constate qu’elle est née la veille sur la cy-devant paroisse de Souillac, district de Saint Céré département du Lot, du mariage légitime entre François Neyrac et Jeanne Maubuisson son épouse ; troizièmement, de l’acte de publication de promesse de mariage entre les futurs conjoints fait par moy le deux fructidor l’an deux de la République française une et indivisible, et affiché le même jour à l’heure de midy, tant à la porte extérieure de cette maison commune qu’à celle des chefs lieux des sections du domicile des partis et aussy à celuy de Saint Denis d’Anjou, pour qu’il soit porté à la connaissance des officiers publics aucunes oppositions au dit mariage ; après aussy que le citoyen Cincinnatus Chaumière cy-devant Louis Léonard Chateau, et la citoyenne Marie Neyrac, ont prononcé à haulte voix se prendre mutuellement pour époux, j’ai prononcé au nom de la loy que le citoyen Cincinnatus Chaumière, cy-devant Louis Léonard Chateau, et la citoyenne Marie Neyrac sont unis en mariage ; et de plus en présence des dits témoins et à la réquisition des époux qui nous ont déclaré qu’il leur est née une fille le sept mai 1792 (vieux style) qui n’a point été enregistrée, à laquelle ils ont donné pe prénom de Virginie, est de leur propre fait et qu’elle est leur enfant légitime ; et j’ai rédigé le présent acte que les partis et les témoins ont signé avec moy excepté la citoyenne Jeanne Tournerie qui a déclaré ne le savoir ; fait en la maison commune d’Angers, les jour et an que dessus. » 

     

    Ont signé : Cincinnatus Chaumière, cy-devant Louis Léonard Chasteau – Marie Nayrac – F.P Gueffier – Angélique Saint-Hubert* – Jacques Chaves – P Charles. 

    * Angélique Saint-Hubert, brodeuse, serait bien aussi une religieuse, fille d’Etienne de Saint-Hubert et de Angélique Odit de Mezanger ?? 

     

      Cet acte de mariage nous apprend que le citoyen Chateau a changé de nom, a épousé une brodeuse à laquelle il a fait un enfant en 1792.

     

      Le dictionnaire Historique de Maine et Loire – Célestin Port va nous apporter la réponse : Louis Léonard Chateau, le salpêtrier, est un prêtre, Docteur en Théologie et Marie Neyrac, la brodeuse, est une Bonne Soeur.

      Ces renseignements sont confirmés par les archives du diocèse d’Angers. Nous comprenons mieux maintenant toutes ces cachotteries après tant de dérives et de dérèglements des sens…

     

      « Chasteau Louis-Léonard – né à Martigné Briand le 31 décembre 1756, fut le père d’Adolphe. Etudiant en la faculté de Théologie d’Angers, il fut autorisé le 11 août 1783 à exposer devant l’Académie d’Angers un sytème de mouvement perpétuel qui, malgré l’indulgence de la Compagnie fut jugé absolument chimérique. Docteur en théologie, et ordonné prêtre, il entre à l’abbaye de Fontevraud et devint professeur de philosophie à St Jean de l’Habit. Il avait soutenu une thèse le 16 juin 1789. Il prêta le serment à la Constitution, puis renonça à la prêtrise et épousa une ancienne religieuse, Marie Neyrac. Il entra d’abord au service des Ponts et Chausséess, puis à celui du bien public. Chef de division de la Préfecture en 1810. Destitué sous la Restauration, il se retira de la vie publique, mais reçu à partir de 1830 une petite pension du Conseil Général. Ami constant des Belles-Lettres, sa plume élégante et facile, note Célestin Port dans une fiche ms, vint plus d’une fois en aide à des orateurs qui ne s’en sont pas vantés, et en particulier au Recteur de l’Académie Collet-Dubignon, dont il faisait tous les discours. Il mourut à Angers au début de l’année 1837. » 

     

      De son concubinage avec Marie Nayrac sont issus entre autres enfants,

      avant son mariage civil :

     1° Virginie Chasteau, née le 7 mai 1792 à Angers ?

      Après son mariage civil du 24 août 1794 :

    2° Aglaé Chasteau, née le 27 octobre 1798 (5 brumaire an VII) à Angers 3e arrond.

    3° Adolphe Chasteau, né le 10 novembre 1802 (19 brumaire an XI) à Angers, 3e arrond.

    4° Clara Chasteau, née le 29 octobre 1808 à Angers, 3e arrondissement.

     

      Les archives du diocèse d’Angers précisent que :

     

    « Chasteau Louis-Léonard est à Beaufort-en-Vallée le 13 février 1791 où il prête serment et il est dit Régent du collège. Le 11 septembre 1791 il est élu curé de Saint-Denis-d’Anjou. Il ne tarde pas à avoir tout le monde à dos y compris la municipalité et il demanda l’appui de la force publique. 

      En 1794 il renonce à la prêtrise et se marie avec une religieuse Marie Nayrac (Angot III 532). 

      Il mourut le 4 janvier 1837 à Angers. Le journal de Maine-et-Loire du 6 janvier 1837 lui consacra un article. 

     

    Nota : Installé supérieur de collège de Châteaugontier le 8 octobre 1792, il quitte son poste devant la répugnance qu’il inspirait au bout de quelques mois (avril 1793) (Angot I – 588). 

      Le 24 septembre 1793, il se plaignit au Directoire du département de la Mayenne que le procureur de la fabrique de St Denis d’Anjou, d’accord avec la municipalité lui refusait, le pain, le vin...nécessaires pour célébrer la Messe. » 

     

      Louis Léonard Chasteau, touche une pension de 267 francs annuels inscrit aux pensions ecclésiastiques (1 août 1811). Il est décédé le 4 janvier 1837 à 80 ans.

      Marie Nayrac, sa concubine, est rentière, pensionnaire de l’État pour une somme de 233 francs annuels, comme pension ecclésiastique ancienne.

      Elle est la fille de François Nayrac, marchand et de Jeanne de Maubuisson, née le 8 décembre 1762 à Souillac dans le Lot. Elle est décédée à Angers le 17 janvier 1844, rue du Chemin de Terre, à 81 ans.

     

      Et si nous restions dans la famille Chasteau ! Louis Léonard a un frère, fornicateur lui aussi, il s’agit de René-Laurent.

     

      René-Laurent Chasteau, né le 22 novembre 1756 à Martigné-Briand, entre lui aussi à l’abbaye de Fontevraud et devient archiviste. Il est prêtre et prête serment, il avait écrit quelques couplets patriotiques adressés à tous les amis de la Constitution.

      A 37 ans, il fut élu curé constitutionnel d’Avrigny (Vienne) près de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers. Il profita de ce séjour pour faire connaissance avec un aubergiste-perruquier de Saint Gervais, Antoine Vallet et surtout avec sa fille Radegonde âgée de 16 ans. Radegonde Vallet est donc la fille d’Antoine Vallet et de Victoire Elisabeth Dreau.

      De ce concubinage est né le 5 vendémiaire de l’an X (27 septembre 1801) à Angers, un fils naturel : Emile Chasteau, reconnu par son père âgé de 45 ans et par sa mère âgée de 22 ans.

     La marraine républicaine de l’enfant fut l’ex-religieuse Marie Nayrac, sa tante...

      Nous apprenons qu’en l’an VI, il est employé à la Préfecture d’Angers où son frère le fit entrer. Puis il devient percepteur à Corné et décède dans cette commune le 16 décembre 1831 à 76 ans.

      Radegonde Vallet est née le 24 février 1779 à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers (Vienne) et est décédée le 10 mars 1835 à Corné à l’âge de 57 ans.

     

    Sources : 

     

    . Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés – Registres d’état civil d’Angers. Mariage 3ème arrondissement – vue n°153 - 7 fructidor an 2. 

    Successions et absences n°11 – vue 141/211- 1843-1845. Marie Nayrac. 

    Acte décès Louis-Léonard Chasteau – Angers 1er arrond – 4 janvier 1837 vue n°2/202. 

    Acte de décès Marie Nayrac – Angers - 2e arrondissement – acte n°23 – vue 9/118. 

    Adolphe Chasteau - Angers - 3e arrondissement – vue 35/269 -20 brumaire an XI. 

    Aglaé Chasteau – Angers – 5 brumaire an VII - 3e arrond . 

    Emile Chasteau – Angers – 6 vendémiaire an X – vue n°4/123 3e arrond.  

    Clara Chasteau – Angers – 29 octobre 1808 - 3e arrondissement. 

     

    Registre paroissiaux de Martigné-Briand – baptême de 1er janvier 1757- vue 92/211. 

    Registres d’état civil de la commune de Corné – décès de René-Laurent Chasteau le 16 décembre 1831 – vue 193/285. 

    Décès de Radegonde Vallet le 10 mars 1835 à Corné – vue 9/191. 

     

    . Archives Départementales du Lot, tous droits réservés - Registres paroissiaux de Souillac (Lot)- Baptême 8 décembre1762 vue 578/1108. Mariage, 19 février 1762, vue 568/1108. 

     

    . Archives Départementales de la Vienne – Saint-Gervais-les-Trois-Clochers – baptêmes 1779 – Radegonde Vallet - 24 février 1779 – vue 96/100. 

     

    . Archives diocésaines – diocèse d’Angers – Louis-Léonard Chasteau – prêtre.  

    . Archives diocésaines – Diocèse d’Angers – René-Laurent Chasteau prêtre. 

     

    . Gravure : Revue générale du droit - Abolition des ordres religieux.

     

    Xavier Paquereau pour Chemins secrets 

                                                                                                   

                                                                    


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