• De la Croix du Bout du Monde à Puy-Guyon....

     

     

    De la Croix du Bout du Monde à Puy-Guyon…

     

     

    En cette avant-veille de Noël, mes pas m’ont conduit dans ceux du RP Dom Victor Bonneau qui raconta si bien l’histoire du pèlerinage de Notre-Dame de Beauchêne en 1893 (1). Sa description des alentours de Cerizay date de cent années après le soulèvement Vendéen. Malgré quelques erreurs, il cite celui-ci avec une multitude de détails intéressants, comme le massacre de la famille Guerry à la Vieille-Cour, les 20 républicains enterrés près de la forge de Beauchêne ou encore la découverte d’une arme abandonnée dans un champ attenant à la chapelle et retrouvée bien des décennies plus tard.

    « Si le pèlerin de Notre-Dame de Beauchêne possède en son âme des goûts de touriste, il trouvera dans nos environs de quoi satisfaire sa curiosité. Il est bien permis, après avoir contenté sa dévotion, de jeter un coup d’œil sur les beautés et les souvenirs du pays vendéen. S’il veut nous suivre, nous nous chargerons volontiers d’être son cicerone.

    Puisque le temps est beau, prenons ensemble le chemin creux de Cerizay ; tournons, au bout de trois cents mètres, sur notre gauche. Saluons à cet angle le champ béni de l’Image. C’est dans un châtaignier de cette pièce de terre que se reposa notre Madone, en 1794, quand elle revint d’elle-même de Cerizay. Le châtaignier portait lui aussi le nom de châtaignier de l’Image. Vous en avez aperçu un fragment à côté de l’autel de la Vierge. Admirons le feuillage et la verdure, écoutons le chant des oiseaux (2). Tout ici est le domaine de la Vierge, les arbres avec leurs rameaux, leurs fleurs et leurs fruits, les oiseaux chantent jour et nuit leurs hymnes à la Reine de ces lieux.

    Nous voici à la voie ferrée. Elle aussi honore Marie en transportant dans les paroisses les missionnaires qui prèchent son culte. Traversons rapidement et achevons de monter vers la grand’route. Dirigeons-nous à droite vers Cerizay. Cette masure en ruines, là sur le chemin qui conduit à la Rivière, abritait jadis une madone. Des méchants ont brisé la statue ; aujourd’hui la petite chapelle achève de disparaître. C’est un signe des temps mauvais. La foi baisse même chez nous. En voici la preuve. Il faudrait restaurer cette chapelle. Ce serait peu de chose. Nous allons faire reproduire l’image de notre Vierge ; on en mettra une là ; elle bénira les champs ; les gens en passant se signeront et penseront à la Mère du ciel. »

    Quelques mots sur le lieu décrit par le RP Bonneau, tout près de la ferme de Monplaisir, au croisement de la grande route de Cerizay à Saint-Mesmin, actuelle avenue du 25 août, et du chemin menant au village de la Rivière : à cet endroit, on trouve une croix sur le cadastre de 1809 qui porte le curieux nom de « Croix du Bout du Monde ». Y avait-il une chapelle ou un arceau à cette époque ? Il semble que non. Ce qu’a vu notre promeneur était sûrement postérieur à 1809.

    AD79, 3 P 51/5.

    De la Croix du Bout du Monde à Puy-Guyon....

    Voici ce que l’on peut y voir aujourd’hui (propriété privée) :

    De la Croix du Bout du Monde à Puy-Guyon....

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    Reprenons à présent, la promenade avec le chanoine Bonneau :

    « Tout en causant, le chemin s’est fait. Nous parlions de Marie et de sa vieille chapelle du chemin. Il y avait là aussi, sous cet arceau, une petite Madone. Peut-être y avait-elle été déposée par la piété des seigneurs de Puyguyon. Nous tâcherons d’en placer une autre. Après avoir pleuré devant l’arceau, vide de sa vierge, entrons sous cette immense avenue de tilleuls. Qu’elle est belle ! Quelle vigueur dans ces arbres malgré leur vieillesse ! Comme l’œil se repose avec bonheur sous cette voûte immense ! Quel doux ombrage ! Le soleil, vous le voyez, est impuissant à percer de ses rayons brûlants ce dôme épais de verdure. Avançons jusqu’à l’extrémité. »

     

    Si l’arceau a depuis retrouvé une vierge, l’Allée des Tilleuls a bien changé de physionomie…

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    « Personne ne nous accusera d’audace. En Vendée l’étranger est partout chez lui. Jusqu’ici nous n’avons presque rien vu.

    Franchissons cette barrière rustique et allons jusqu'au bout de l’avenue. Contemplez ces allées tirées au cordeau et se prolongeant dans des directions différentes. Ne vous semble-t-il pas à leurs détours rencontrer les anciens habitants de ces lieux ? Hélas ! ils ont disparu, et les quelques pierres en désordre, tout à votre gauche, là sur le versant du coteau, sont peut-être tout ce qui reste aujourd’hui de leur vaste habitation.

    Quel était au juste l’emplacement de la maison seigneuriale ? Etait-ce ici où nous sommes, ou bien ces vieux murs, là-bas, indiquent-ils les ruines du vieux manoir ? Ces pierres amoncelées, cette cave-là, sur le penchant de la colline, marquent certainement une habitation. Ce n’était là sans doute qu’un chalet où l’on venait se reposer et jouir d’un magnifique horizon.

    Les constructions en bas ont conservé un aspect grandiose. Les appartements sont encore nombreux et de bon goût. Vous remarquerez, entre autres, le belle tour du XV° siècle (3). Il en existait une autre à l’extrémité, derrière la cuisine, dont on aperçoit encore les restes. La salle à manger était sans doute cette pièce assez bien conservée. La cour, vous le voyez, a de vastes proportions ; le jardin lui-même est très étendu. Ses vieux murs sont bien de l’époque. Voilà tout ce qui reste aujourd’hui de l’ancienne splendeur.

    Cette terre, une des plus importantes du pays, n’est plus sous la puissance des de Puyguyon. Les de Lescure eux-mêmes ne l’ont pas gardée. Elle a été vendue, ferme par ferme, à de petits propriétaires. Jusqu’au 29 septembre 1851, Mme de Chauvelin, fille de Mme Marie-Louise-Victoire de Donissan, veuve de Louis de la Rochejaquelein, y entretenait comme fermier général pour la somme de dix mille francs, M. Edmond Cesbron (4). M. Alexis Barbaud avait acheté la métairie d’Appelvoisin dès le 14 avril 1850. Le 27 mars 1841, M. Jean-Baptiste Frouin s’était rendu acquéreur de la Bernelière. Ainsi se dissipent des fortunes, ainsi disparaissent des noms considérables. Un seul, dit-on, porte encore dans les veines du sang des de Puyguyon ; c’est M. Koseph d’Oiron de Montmorillon. Ces murs ont abrité pendant des années le bienheureux Chevet de la Vierge. Ils ont été un reliquaire précieux. Voilà pourquoi nous ne contemplons jamais ces ruines sans une religieuse émotion. »

     

    Pour rappel, le Château de Puy-Guyon a fait l'objet de plusieurs articles, dont le premier est ici.

    Il reste bien des choses encore à raconter sur notre Cerizay. Gardons-en pour les prochaines fois...

    RL

    Décembre 2018

     

     

     

    Notes :

    (1)  « Histoire du Pèlerinage de Notre-Dame de Beauchêne au Bocage Vendéen », Nantes, Grimaud, 1893.

    (2)  Le chemin auquel fait allusion notre chanoine existe toujours mais est largement amputé en son milieu par le passage de la rocade.

    (3)    On sait que cette tour s’écroula en 1914.

    (4)  Jean-Charles-Elie Bernard, le fermier précédent, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises, était décédé à Puyguyon le 31 octobre 1821.


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