Sur les chemins de Galerne…                           Assassinat de Monsieur Veillon de la Deniolaie.

Voici l’atmosphère qui a précédé la guerre civile et l’apparition de la chouannerie dans le canton de Segré.

« Le serment répugnait à la conscience du clergé, qui, en général, refusa de s’y conformer. On incarcéra les prêtres ; ils furent remplacés dans plusieurs paroisses par des hommes immoraux et sans principes, ce qui mit le comble à la désolation des âmes pieuses et vertueuses.

  Le scandale était à son comble. Dubois, vicaire de la Chapelle-sur-Oudon, eut un enfant de sa servante. Collas, intrus de Sainte Gemmes en eut un de sa domestique. »

  Un nommé Pons, aumônier dans un régiment de Monsieur Walsh de Serrant, assassine Monsieur Veillon de la Deniolaie…

  « En 1791, aumônier d’un régiment de M. Walsh de Serrant, puis vicaire intrus de Challain, Pons, prit possession de la cure de Combrée, le jour qu’il assassina M. Veillon de la Deniolaie avec une canne épée ; il l’attendait au passage d’un échalier. La Daigniolaie dans le manuscrit – En 1789, la Deniolaie commune du Tremblay, appartenait à René-Louis-Julien Veillon, chevalier (Célestin Port Dictionn.). Le meurtre fut commis dans les landes de la Croix-Couverte, commune du Tremblay, après une discussion à l’auberge de Challain. (Note de M. Roger Veillon de la Garoulaye.) - Vers 1885, Guérin, vieux métayer de la Grée du Tremblay, racontait à son curé, M. l’abbé Pineau : dans les derniers jours de juin 1792, M. Veillon de la Deniolaie, venant de Challain, retournait chez lui, il rencontra à mi-chemin, vers la croix couverte, le curé intrus M. Pons, déjà depuis un an dans la paroisse, accompagné de Cellier, son domestique. Ils cheminaient lorsqu’une discussion très vive s’éleva : - Sacrédié d’intrus fit M. de la Deniolaie. Pons, furieux, s’arma aussitôt d’un sabre, caché sous sa soutane, et blessa grièvement à l’épaule Monsieur de la Deniolaie, qui, transporté chez lui, y mourut quelques jours après. Veillon de la Deniolaie, d’après les registres d’état civil, fut inhumé au Tremblay, le 1^er juillet 1792, à l’âge de 51 ans. Le curé de Combrée, affirmait le père Guérin, était un ancien aumônier de troupe. Avant ce meurtre, qui excita dans le pays une horreur profonde, quelques personnes de Combrée allaient à la messe de l’intrus, mais dès lors tout le monde s’éloigna de lui et il ne tarda pas à quitter le pays. - Un autre vieillard du Tremblay, Trillot, métayer à la Chapellière, donnait à M. l’abbé Pineau les mêmes détails sur le meurtre, qu’il attribuait, il est vrai, à l’intrus de Noëllet. Sa mère, veuve d’un chouan, chantait à la veillée une complainte contre le monsieur de l’église qui avait assassiné M. Veillon de la Deniolaie. »

  Jean-Joseph Pons est né le 31 mai 1758, mais on en ignore le lieu.

  « Il fut élu curé constitutionnel en 1791 à Combrée et resta en fonction jusqu’à la cessation du culte. Il fut poursuivi pour avoir négligé de rédiger les actes d’état civil sur du papier timbré et pour avoir pêché contre les terroristes. Il fut d’ailleurs acquitté le 9 pluviôse an II. C’était un ancien aumônier d’un régiment du comte Walsh-Serrant qui avait été auparavant vicaire de Challain, l’on ignore ce qu’il est devenu après la cessation du culte (Quéruau-Lamerie, le clergé de Maine et Loire pendant la Révolution, p.99).»

  « Il fut vicaire à Challain très peu de temps, en juin 1792, il baptise à Armaillé. Il est poursuivi le 22 nivôse an II, pour avoir dit au prône : « On veut nous enlever notre religion, mais nous la garderons toujours, je vous y invite. » Mais en même temps il produit de nombreux certificats attestant son civisme et son patriotisme en particulier à la commune de Bouillé-Ménard.

  Arrêté, il est mis en liberté provisoire par jugement du 22 nivôse, à charge de rapporter dans la quinzaine, ses registres mis à jour et est finalement acquitté par jugement du 9 pluviôse. Il abdique le 20 pluviôse an II.

  Selon l’abbé Lefort, notes manuscrites sur le Bourg-d’Iré, aux archives de l’évêché : « Pons curé constitutionnel à Combrée, tua René Veillon de la Garoulaie au Tremblay, dans les landes de la Croix-Couverte,  fin juin 1792.

  Il est à Craon le 15 juillet 1795 et reste sous surveillance des autorités constituées. »

  René-Louis-Joseph Veillon de la Deniolaie est le fils de René-Bernardin Veillon, chevalier, écuyer, seigneur de la Niolais et de Marie-Anne Perrier.

  Il se marie à Carquefou le 18 février 1771 avec Demoiselle Félicité-Victoire Hardy, fille de Pierre Hardy, notaire royal de la ville de Nantes et de Marie Burguery de la paroisse Sainte-Croix.

  « Le premier juillet mil sept cent quatre vingt douze, a été inhumé dans le cimetière de ce lieu, par nous curé soussigné ; le corps de René Louis Julien Veillon, de son vivant époux de Dame Félicité Victoire Hardy dont le mariage a été célébré dans l’église de Carquefou ont été présents les Sieurs Jean Poitevin et Louis Justin de Beaurepaire, lesquels ont signé avec nous. »

Sources :

. Archives Départementales de Maine-et-Loire, tous droits réservés – Registres d’état civil – copie acte de décès de René-Louis-Julien Veillon, vue 68/141 du 1^er juillet 1792 au Tremblaye.

. Archives Départementales de la Loire-Atlantique, tous droits réservés, paroisse de Carquefou vue n°3/11, mariage année 1771.

. Archives Diocésaines d’Angers, tous droits réservés – Abbé Jean Joseph

  Pons.

. Dictionnaire historique de Maine et Loire de Célestin Port – Tome I – page

  788 – Combrée.

. Photo de l’auteur .                                       

Xavier Paquereau pour Chemins Secrets