• Vieilles histoires à la Verrie....

     

    Vieilles histoires à la Verrie…

     

    C’est toujours un réel plaisir de relire les histoires rapportées par Henri Bourgeois dans La Vendée Historique.

    Nous livrons ainsi à nos lecteurs quelques anecdotes recueillies par l’enfant du pays sur son village natal.

    RL

    Mai 2013

     

    Le coup de Sarceau de la croix de l’Anguille

     

    Parmi les familles de la Verrie qui furent le plus mêlées aux évènements de la Grande-Guerre, figure la famille Grolleau. Aujourd'hui divisée en plusieurs branches et disséminée, elle habitait alors le village de la Soulicière, situé presque sur les limites des trois paroisses de la Verrie, de Saint-Malo-du-Bois et de Saint-Laurent-sur-Sèvre. Fidèles catholiques, comme le sont encore leurs descendants, tous les Grolleau en état de porter les armes firent bravement leur devoir de Vendéens à l'armée du Centre, sous les ordres des deux Sapinaud, et plusieurs trouvèrent une mort glorieuse sur le champ de bataille.

    L'un de ces Grolleau, qui était tout jeune à l'époque de la Grande-Guerre, vint s'établir plus tard au bourg de la Verrie et y exercer le métier de forgeron. Il y fit souche, et deux de ses descendants y frappent encore l'enclume, à l'exemple de leur grand'père.

    Ce Grolleau, que j'ai parfaitement connu, était un excellent homme ; mais il avait deux passions, ou plutôt, deux haines au coeur : la haine des vipères, et la haine des Bleus.

    Comme chasseur de vipères, il fut le précurseur de M. l'abbé Chabirand, curé de la Verrie, - un pasteur modèle auquel je suis heureux de faire la réclame en passant, et qui pousse la sollicitude envers son troupeau jusqu'à le délivrer des animaux rampants dont l'ancêtre joua un si vilain tour à notre premier père dans les vergers du Paradis terrestre.

    Mais Grolleau, qui était en tout de l'"ancienne mode", n'avait point encore découvert les procédés de chasse perfectionnés de M. le Curé Chabirand. Celui-ci, en effet, a trouvé le secret de prendre les vipères vivantes : si bien qu'on prétend, dans le pays, qu'il a un don, et qu'il les fascine ! ... Le bonhomme Grolleau, lui, avait tout simplement remarqué que les vipères, lorsqu'elles se voyaient surprises, se fourraient dans le premier trou venu qui s'offrait à elles ; en conséquence de cette observation, il se contentait de présenter aux vilaines bêtes le bout du canon d'un fusil ; puis, lorsque l'un d'elles avait la tête engagée dans le trou, il lâchait son coup, et ... voilà !

    Un beau jour, une vipère plus grosse que les autres étant entrée presque tout entière dans le canon du fusil et l'ayant bouché, l'arme éclata, et le bonhomme faillit en perdre le poignet. Cela le rendit plus prudent à l'avenir, et je crois même qu'il abandonna tout à fait un genre de chasse dont il avait expérimenté à ses dépens le caractère par trop dangereux.

    D'où lui était venue sa haine pour les vipères, je ne saurais le dire ... Quant à la haine qu'il portait au Bleus, on va voir qu'il était payé pour cela.

    J'ai dit que le bonhomme Grolleau était tout enfant à l'époque de la Grande-Guerre. Son père, soulevé dès le début de l'insurrection, avait fait toutes les premières campagnes de la Vendée militaire, y compris celle d'Outre-Loire. Après le désastre de la Grande-Armée, il était rentré au village, et n'avait point encore repris les armes lorsque les Colonnes infernales envahirent le pays.

    Le village de la Soulicière, retiré dans l'intérieur des terres, semblait à l'abri de ces bandes incendiaires et d'assassins, qui se contentaient généralement de brûler et de massacrer dans les bourgs et dans les fermes à proximité des routes ; aussi Grolleau, qui croyait n'avoir rien à redouter pour les siens, s'occupait-il tranquillement de ses affaires.

    Un soir, comme il rentrait chez lui après une absence qui avait duré toute la journée, et qu'il allait enjamber un échalier situé entre le village du Grand Boucher et celui de la Soulicière, il se vit tout à coup en face d'un cadavre sans tête, placé debout le long d'un gros chêne ! ... Ce cadavre était celui d'une femme, mais il n'était pas le seul ; à chaque sein de ce corps était attaché, avec des cordes, le cadavre - également sans tête - d'un tout petit enfant !

    Grolleau crut d'abord à une apparition, et il recula après s'être signé dévotement. Mais, comme il était brave, il revint presque aussitôt, et, après avoir fait un nouveau signe de croix, il enjamba l'échalier. Jetant alors les yeux aux pieds du cadavre, il reconnut avec épouvante ... la tête de sa femme ... et celle de ses deux plus jeunes enfants ! ...

    Le malheureux comprit tout de suite ... Les Bleus étaient passés par là ! ... il était veuf ... et les misérables lui avaient tué deux de ses petits enfants ! ...

    Des larmes de rage inondèrent son visage ... La main étendue sur le corps de sa femme et sur ceux de ses enfants, il jura de se venger.

    Dès le lendemain, suivant ses propres expressions, il se fit chasseur d'hommes. Après avoir rendu les derniers devoirs aux trois martyrs et mis en sûreté les autres membres de sa famille, il décrocha son fusil, chaussa ses sabarons, ferma sa porte à clef et quitta le village pour se mettre tout de suite en campagne.

    Tantôt sur un point, tantôt sur un autre, il guettait au passage les détachements républicains ; puis lorsque le gros de la colonne était passé, il attendait patiemment, caché derrière un buisson et le doigt sur la détente, qu'un traînard vînt s'offrir à ses coups. Malheur alors à celui-là ! Grolleau était un tireur de première force : tout Bleu ajusté par lui était un homme mort ! ...

    Combien il en démolit ainsi, au printemps de l'année 1794, lui-même avouait, plus tard, qu'il eût été incapable de le dire ..

     

    A l'occasion, Grolleau savait faire l'économie d'une charge de poudre, et il se contentait d'assommer les Bleus. Ce fut même ainsi, dans des conditions particulièrement dramatiques, que périt le premier qu'il put immoler à sa vengeance.

    C'était au lendemain même du massacre de la Soulicière. Les assassins, en sortant du village, s'étaient dirigés du côté de Saint-Laurent, et ils avaient passé la nuit, ainsi que la journée suivante, à brûler et à massacrer dans les environs ; puis ils avaient pris la route de la Verrie.

    Grolleau, qui s'était mis à l'affût à la Croix de l'Anguille, sur le chemin de Saint-Laurent à la Verrie, vit passer toute la troupe presque à le toucher, mais il ne broncha pas : tirer dans le tas lui eût été facile, mais c'était s'exposer à être aussitôt massacré par les bandits ; or, il voulait se venger sûrement et lontemps, et, pour cela, il était bien résolu à ne s'en prendre qu'aux Bleus isolés, aux traînards qui suivaient presque toujours les colonnes. Il attendit donc tranquillement.

    Son attente ne fut pas longue. Cinq minutes à peine s'étaient écoulées, lorsqu'il vit arriver dans le chemin creux un soldat qui marchait difficilement. Le Bleu, qui paraissait blessé à la jambe et à bout de forces, s'arrêta juste au pied de la Croix.

    Grolleau fut sur le point de lui envoyer une balle presque à bout portant. Mais il réfléchit que la colonne était encore tout près de là, et que d'autres retardataires pouvaient arriver du côté de Saint-Laurent, auxquels il importait de ne pas donner l'éveil.  Faut qu'j'assomme tchio-là sans faire de brit ! se dit-il à lui-même...

    En même temps, il aperçut à côté de lui un sarceau, abandonné là le long de la haie. (Les paysans du Bocage donnent le nom de sarceau à un instrument à deux pointes de fer, dont ils se servent pour sarcler le blé). Il s'en saisit, franchit le fossé d'un bond et sauta à la gorge du Bleu, avant que celui-ci eût pu se servir de ses armes pour se défendre.

    - Fais ton acte de contrition, lui dit-il, car tu es mort !  

    Tremblant, le Bleu se jette à genoux et demande grâce.

    - Grâce ! s'écrie Grolleau ... As-tu donc fait grâce à ma pauvre femme et à mes deux petits enfants ? ... Allons, dépêche-toi, et fais ton acte de contrition, où je j'envoie tout droit brûler en Enfer ! ...

    Le Bleu vit qu'il n'avait plus qu'à s'exécuter ... Comme un tas de soi-disant libres-penseurs que nous voyons aujourd'hui insulter la Religion tant qu'ils sont bien portants, mais qui se rappellent leur catéchisme lorsqu'il voient arriver la mort, il fit son acte de contrition en se tournant vers la Croix ...

    - Et maintenant, reprit Grolleau en brandissant son sarceau, fais ton signe de Croix !

    A peine le Bleu avait-il tracé le signe de la Rédemption, qu'il tombait mort, le crâne fracassé ! ...  

    - En voilà toujours un ! se dit Grolleau ... Puis il reprit le sarceau, dont les deux pointes s'étaient enfoncées jusqu'au manche dans le crâne du misérable, remonta le fossé et se remit à l'affût.

    Plus tard, lorsqu'il racontait à son fils ce premier acte de vengeance sur un blessé, le vieux Vendéen, qui avait toujours devant les yeux les cadavres mutilés de sa femme et de ses deux petits enfants, ne manquait jamais de conclure par ces mots : Ah ! man pauvre gâs ! la douleur en fait faire de pus d'une manière !

    Ce dramatique épisode - tout ce qu'il y a de plus authentique - a naturellement servi de thème à l'imagination populaire, et la légende a tenu à y mettre du sien : aujourd'hui, nombre de paysans de la Verrie vous affirmeront gravement qu'ô r'vint totes lés nêts, à la Croëx d'l'Ondgille ! ... Et, si vous avez l'air de douter, ils auront soin de préciser en ajoutant qu'on y voit, à minuit, in çarqueil avec ine chondelle !

    Je doit ajouter qu'il n'y a pas que les simples paysans à croire au revenant de la Croix de l'Anguille : un M. de Rangot, qui habitait autrefois la propriété de la Fresnaie, à la Verrie, a souvent donné sa parole d'honneur à mon père qu'une certaine nuit, au retour d'une foire de Châtillon, il avait parfaitement vu, de ses yeux vu, à la Croix de l'Anguille, un cercueil avec une lumière, et que la frayeur lui avait fait faire un détour à travers champs.

    On dit que c'est l'âme du Bleu qui revient là-bas pour réclamer des prières. - Elle devait en avoir grand besoin !

    H.B.

    La Vendée Historique – 1899

     

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

         La croix de l’Anguille

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

    Histoire d’un fusil et exploits d’un « trébéchet »

     

     

    Tout enfant, mon plus vif désir était d'enrégimenter mes petits frères et soeurs pour "jouer à la Grande-Guerre". Ordinairement, ça n'allait pas tout seul pour commencer ; car c'était à qui ne ferait pas les Bleus, vous pensez ! ... D'autant que, suivant nos conventions, les Bleus devaient toujours recevoir une pile, - ce qui doublait l'humiliation à  nos yeux ! ... Je devais donc employer toute mon autorité d'aîné et faire jouer les ressorts de la plus souple diplomatie, pour décider les deux plus jeunes - quant aux autres, il n'y fallait point compter ! - à se laisser infliger la traditionnelle râclée qui faisait partie du programme ...

    La fierté vendéenne des deux moutards eux-mêmes était telle, qu'un beau jour - je me le rappelle comme si j'avais trente et quelques années de moins sur les épaules ! - il me fallut leur promettre, pour les décider à arborer la cocarde républicaine, de leur faire raconter par notre bonne vieille tante l'histoire du fusil du bonhomme Grolleau ! ...

    Ce bonhomme Grolleau - qui n'était autre que le fameux chasseur de vipères - avait réuni chez lui tout un arsenal d'armes de la Grande-Guerre : fusils à pierre, sabres, baïonnettes, espingoles ... sa maison en était remplie, et il y en avait jusqu'aux soliveaux ! Or, parmi ces vieilles armes, qui étaient à nos yeux comme autant de reliques, et dont chacune avait son histoire, se trouvait un énorme fusil, lourd comme un petit canon et long à proportion. Le bonhomme Grolleau avait pour lui un culte tout particulier ; aussi l'avait-il mis à la place d'honneur.

    Ce fusil, conquis un jour de bataille sur les Bleus en déroute, avait appartenu à un brave Verriais dont j'ai malheureusement oublié le nom, et qui était domestique au village de la Soulicière, à l'époque de la Grande-Guerre. De l'arme comme de son propriétaire, le bonhomme Grolleau ne parlait jamais qu'avec vénération, et voici l'une des anecdotes qu'il racontait à ce propos et que nous avions coutume d'appeler, entre nous, l'histoire du fusil du bonhomme Grolleau,

    Les détails m'en ont été confirmés, tout récemment encore, par mon excellent compatriote et vieil ami, M. l'abbé Guitton, curé de Beaurepaire, qui avait été mis en pension chez le bonhomme Grolleau lorsqu'il commença ses études de latin à la cure de la Verrie, et qui, soit dit en passant, pourrait nous tresser une si belle gerbe de souvenirs vendéens, s'il voulait se décider à mettre par écrit les curieux et dramatiques récits de son hôte aux veillées d'hiver ...

    C'était au printemps de l'année 1794, dans les jours qui précédèrent la prise de Mortagne par Marigny.

    Envoyé en reconnaissance pour examiner les moyens de défense de la ville, le domestique de la Soulicière avait longé les bords de la Sèvre jusqu'en face de la grosse tour du château. Arrivé là, il s'était glissé en rampant derrière un gros tétard, où il s'était mis en observation après avoir déposé son fusil à côté de lui.

    Au bout de quelques instants, ayant voulu se pencher pour mieux se rendre compte d'un mouvement qui se faisait sur les remparts, il fut aperçu par la sentinelle républicaine. Le Bleu, croyant qu'il avait affaire à un homme sans armes, commença par lui tirer la langue ; puis, faisant volte-face, il prit la position d'un homme accroupi, et, montrant de la main ... l'autre figure de son individu, il se mit à gouailler le Vendéen.

    Celui-ci ne bougeant pas, le Bleu trouva spirituel de renouveler sa plaisanterie, et il multipliait des gestes qui semblaient vouloir dire: tire donc !

    Le défi était trop insolent, et la tentation trop forte pour que le Vendéen pût y résister. Prompt comme l'éclair, il ramasse son fusil, épaule, lâche le coup, et le Bleu, touché en plein mille, dégringole du haut des remparts et vient se briser la tête contre un rocher, presque aux pieds de l'adroit tireur !

    Avant de raconter cette histoire au futur curé de Beaurepaire, le bonhomme Grolleau commençait par décrocher le fusil qui, suivant son énergique langage, avait si bien fait "péter le derrière au Pataud" ; il le tenait respectueusement entre ses mains tant que durait le récit, puis, l'histoire finie, il faisait embrasser l'arme à son jeune pensionnaire en lui disant : "Bise tchiô fusil, man p'tit gâs ! bise-le ! ... t'en verras jamais de sa force !"

    Le fusil qui avait fait un si beau coup fut donné par le bonhomme Grolleau à son vieux curé, M. l'abbé Guilloton ; celui-ci, à son tour, l'a passé à mon père, et j'ai tenu à lui confirmer son état-civil dans la famille, d'où j'espère bien qu'il ne sortira jamais !

    A l'exemple de son maître, dont il avait épousé la vengeance, le domestique de Grolleau s'était fait chasseur de Bleus, à la suite des atrocités commises au village de la Soulicière. Dans l'intervalle des expéditions régulières de l'armée du Centre, il guerroyait pour son propre compte et passait presque toutes ses journées à l'affût. Il aurait eu beaucoup de peine, lui aussi, à dresser la liste de tous les traînards qu'il expédia alors pour l'autre monde.

    Un jour, qu'il travaillait dans un champ de blé, il entendit tout à coup le cri de dgiette aux Bleus ! du côté de l'étang du Blanc, situé à peu de distance du chemin de Saint-Laurent à la Verrie. Laissant là son travail, et armé de son trébéchet, il courut vers la queue de l'étang et aperçut, sur la chaussée, deux soldats républicains qui s'étaient égarés et que poursuivaient les gens des villages voisins de la Morère et de la Girardière.

    Les deux Bleus avaient jeté leurs armes pour mieux courir et filaient comme des lièvres ; mais l'un était encore plus ingambe que son camarade et le distançait d'une cinquantaine de pas. Comme ils venaient tout droit à sa rencontre, notre homme les attendit tranquillement et, au passage, les assomma l'un après l'autre avec son trébéchet.

    Nombre de traînards des Colonnes infernales furent ainsi expédiés par lui autour de l'étang du Blanc, tantôt à coups de fusil, tantôt à coup de trébéchet. Après les avoir achevés, il faisait son signe de croix, attachait une pierre au cou des cadavres et les jetait au fond de l'eau. Plusieurs années après la guerre, lorsqu'on vida pour la première fois l'étang, on trouva une certaine quantité d'ossements. C'était tout ce qui restait des victimes du terrible valet de la Soulicière !

    H.B. - La Vendée Historique – 1900

     

    Le Fusil du père Grolleau

     

    A propos des histoires du bonhomme Grolleau, ... je m'étais permis, dans la Vendée historique du 5 janvier 1900, d'invoquer le témoignage de mon compatriote M. l'abbé Guitton, curé de Beaurepaire, et j'ajoutais que mon vieil ami pourrait nous tresser une bien belle gerbe de souvenirs vendéens, s'il voulait se décider à mettre par écrit les curieux et dramatiques épisodes qu'il avait entendu raconter autrefois ...

    Ainsi mis en cause, M. l'abbé Guitton me riposta, quelques jours après, par la lettre suivante, dont j'avais cru devoir ajourner jusque-là la publication pour varier un peu mes chroniques et mettre  en scène d'autres personnages que  le bonhomme Grolleau :

    "Vous me provoquez très aimablement dans votre dernier numéro de la Vendée historique, en laissant croire que je pourrais facilement vous tresser une belle gerbe de faits intéressants racontés autrefois par le Père Grolleau. C'est vrai, je vous l'ai dit, j'ai entendu de lui bien des récits, et dans le temps cela me donnait comme à lui la haine du bleu et m'impressionnait beaucoup. Mais malheureusement j'ai oublié une foule de choses. Et lorsque je travaille ma mémoire, je suis vite arrivé à la fin de mon rouleau.

    Pourtant, je me souviens encore de deux faits, en dehors de ceux que vous avez racontés : l'un qui met toujours en scène le héros de la Croix de l'anguille ; l'autre qui me rappelle le pistolet du fameux Diot (Puaud, de Saint-Mesmin), tué à la bataille de la Roulière, en 1832. Ce pistolet était précisément entre les mains du Père Grolleau. Je pourrais même vous donner quelques détails, si vous le voulez, sur le brave Diot : vous pourriez en tirer les éléments d'une histoire intitulée la mort du dernier Chouan. Je connais l'endroit où il a été tué ; mon père, mes oncles et ma mère m'ont raconté bien souvent ce dernier combat de 1832 dans nos champs de la Roulière, comme aussi les derniers moments de ce vaillant soldat de Henri V. Mais ce sera pour une autre fois. Aujourd'hui, je vais vous parler seulement de ce qui regarde le héros de la Croix de l'anguille. Voici donc ce que je me rappelle avoir entendu raconter par le bonhomme Grolleau.

    C'était après la Grande-Guerre. Les grands chefs, Charette et Stofflet, étaient tombés sous les balles républicaines. La Vendée militaire était comme expirante, baignée dans le sang de ses défenseurs ; mais elle n'avait cependant point encore capitulé. Des patrouilles parcouraient encore les fermes et les villages, pour perquisitionner et saisir les fusils qui avaient été cachés lors du désarmement général ; on craignait un réveil de la Grande Morte.  

    Un certain nombre d'entre les survivants des suprêmes luttes avaient en effet caché leurs armes de guerre, ou bien avaient livré à leur place de vieux fusils hors d'usage. Vous devez penser que le Père Grolleau devait être du nombre de ces irréductibles : il était, comme vous le dites si bien, payé pour cela.

    Le Père Grolleau n'avait donc point voulu se défaire de son cher fusil de guerre : ce fusil qu'il avait conquis sur les Bleus, à la première prise de Cholet, ce fusil qu'il avait porté à toutes les batailles, ce fusil, le compagnon fidèle de ses triomphes et de ses malheurs ; ce fusil surtout qui avait été l'instrument de ses trop légitimes vengeances, après le massacre de sa femme et de ses deux petits enfants ; ce fusil enfin avec lequel il avait gagné sa ceinture de cocardes tricolores. Car il faut vous dire que chaque fois qu'il tuait un Bleu, le Père Grolleau (du temps qu'il s'était fait chasseur d'hommes) courait vite ramasser la cocarde du mort et en parait sa ceinture. Son fils m'a raconté que cette ceinture, à la fin, était toute garnie de pareils trophées.

    Le terrible chasseur d'hommes, pourtant, n'avait pas cru devoir conserver ces cocardes, et, en 1796, époque de l'évènement que je vous raconte, il les avait brûlées. Mais quant au fusil, encore une fois, il n'avait pu se résoudre à s'en séparer, et il le gardait comme un précieux trésor. Il l'avait caché dans la paillasse d'un lit qui se trouvait dans une petite chambre de derrière, communiquant par une porte avec la chambre principale de la maison de la Soulicière, son village.

    Vers les derniers mois de l'année 1796 (il m'est impossible de préciser au juste l'époque), quatre soldats bleus vinrent à la Soulicière et demandèrent au Père Grolleau à faire des perquisitions dans les étables et dans les maisons. Tout en les regardant de travers comme vous devez le penser, Grolleau obéit pourtant et il les conduisit d'abord aux écuries, où ils fouillent partout, mais sans pouvoir trouver aucun objet compromettant. Ils reviennent alors à la maison.

    Après avoir fureté dans tous les coins de la pièce principale, derrière tous les meubles et même entre les soliveaux, ils se mirent en devoir de défaire les lits et de fouiller dans les paillasses. Naturellement, on ne trouva rien dans les lits qui occupaient cette première pièce. Mais, apercevant tout à coup la porte fermée de la petite chambre : "Ouvre cette porte, citoyen ! s'écria le chef de la patrouille. - Ah ! pour ça non, par exemple, répond Grolleau. Vous en avez fait assez de désordre comme ça dans ma maison, et vous devez voir qu'il ne s'y trouve point d'armes. Allez-vous en donc et laissez-moi en paix !"

    Tout en disant cela, et voyant que les soldats se précipitaient pour ouvrir la porte de force, il se jette au-devant et lui fait un rempart de son corps.

    Alors eut lieu une bousculade, une lutte terrible entre les quatre Bleus et le Vendéen. Le fils Grolleau, celui-là même qui m'a raconté le fait, était présent : il entendait les cris de colère, les menaces, les blasphèmes des Bleus, et il voyait son père, qui était d'une force prodigieuse, tenant d'une main la poignée de la porte et, de l'autre, repoussant les agresseurs et les faisant rouler au milieu de la place.

    L'un des Bleus s'empare alors de la pelle du foyer ; il en frappe le Vendéen à la tête et lui fait même sauter plusieurs dents. Grolleau a bientôt tout le visage en sang ; néanmoins il ne veut pas céder et tient vaillamment tête à ses quatre adversaires.

    En voyant son père dans cet état, le jeune Grolleau avait couru à la porte de la maison et s'était mis à pousser des cris déchirants et à appeler au secours. Or, au moment où le Vendéen allait succomber, n'en pouvant plus et à bout de forces, voici qu'arrive à l'improviste le grand domestique de la maison, celui-là même qui, deux ans auparavant, avait tué plusieurs Bleus sur les bords de l'Étang du Blanc et fait descendre plus vite que son train l'insolente sentinelle de la grosse tour de Mortagne. Il avait entendu les cris de détresse du petit René (c'était le prénom du bonhomme Grolleau que j'ai connu) et, soupçonnant un danger, il s'était empressé d'accourir.

    Plein de sang-froid, il voit tout de suite ce qu'il y a à faire : "Arrêtez ! s'écrie-t-il, arrêtez ! misérables ! ... vous êtes perdus, car voilà les hommes du Grand-Boucher (village voisin de celui de la Soulicière) qui arrivent derrière moi et qui vont vous mettre à la raison, tas de gueux que vous êtes !"

    A ces mots, proférés d'une voix de taureau, les Bleus s'arrêtent subitement, lâchent Grolleau, reprennent à la hâte leurs fusils et se sauvent épouvantés. C'est ainsi que le brave Vendéen put encore garder son fusil. Il venait d'échapper à une mort presque certaine, grâce à son énergie et à sa force, aux appels désespérés de son fils et aussi à la présence d'esprit de son fidèle valet.

    H.B. - La Vendée Historique – 1900

     

    Le Pré aux bleus

     

    Située tout près du village de la Tour, à une petite demi-lieue du bourg de la Verrie, la "Pierre qui branle" est, sans contredit, l'une des curiosités archéologiques du département de la Vendée. C'est un gros rocher plat, miraculeusement posé en équilibre sur la pointe d'un rocher à fleur de terre. Un enfant le met en branle, et bien des fois, m'a-t-on affirmé, les gens du village ont essayé de le renverser en le faisant tirer par leurs boeufs, sans avoir jamais pu y parvenir. Ce rocher branlant est creusé en forme de corps humain, et la tradition prétend que c'était là que les Druides du pays venaient sacrifier leurs victimes.

    De fait, l'endroit était admirablement choisi. La "Pierre qui branle" se trouve au sommet d'un côteau escarpé ; en face, à droite, à gauche, d'autres côteaux non moins escarpés, et coupés par des gorges sauvages, forment comme une succession de vastes amphithéâtres, où des milliers et des milliers de guerriers pouvaient assister au spectacle sanglant. Comme site, c'est tout simplement merveilleux, et les touristes et les peintres vont souvent bien loin chercher des points de vue qui n'approchent pas de celui-là.

    Tout petit enfant, je ne me lassais jamais d'admirer cet impressionnant paysage, et lorsque j'avais été bien sage - ce qui m'arrivait ... quelquefois - je demandais régulièrement comme récompense une promenade à la "Pierre qui branle". Ma bonne tante - une sainte femme qui m'avait élevé après avoir élevé mon père - s'empressait alors de prendre son tricot, et nous nous mettions en route. D'abord, nous allions que tous les deux, puis avec ma petite soeur cadette, puis, peu à peu, en compagnie de mes autres petits frères et soeurs, à mesure que chacun d'eux prenait des jambes.

    A vrai dire, ce n'était pas seulement la "Pierre qui branle", ou le merveilleux spectacle des côteaux environnants qui nous attirait, mais aussi la certitude que nous attraperions, chemin faisant, quelques-unes de ces tragiques "histoire de la Grande-Guerre" que notre bonne tante savait si bien conter !

    De beaucoup plus âgée que mon père, elle avait connu presque tous les survivants des luttes de 93 dans le pays ; elle leur avait entendu raconter à eux-mêmes leurs exploits, et comme sa mémoire était aussi sûre que sa parole, nous avions en elle un livre parlé et vivant, qui finit par s'imprimer peu à peu dans nos imaginations et ne s'en effacera jamais.

    A la "Pierre qui branle", et avec notre bonne tante pour guide, nous étions sûrs d'entendre raconter l'histoire de "la serpe de Guitton et du Pré aux Bleus".

    Le "Pré aux Bleus" est situé au bas du côteau de la "Pierre qui branle", entre le village de la Tour et celui du Puy-aux-Moines. Il doit son nom à une série de sanglantes représailles exercées, à l'époque des Colonnes infernales, par le fameux Guitton.

    Ce Guitton habitait le village de la Tour, et ses exploits et sa force herculéenne sont demeurés légendaires dans le pays. Il survécut longtemps à la Grande-Guerre. Son neveu, le vénérable Père Brosset (qui habite le même village et qui, en dépit de ses quatre-vingt-quatre ans bien sonnés, ne manque jamais la grand'messe ... et la chopine du dimanche !) se rappelle parfaitement l'avoir vu, plus d'une fois lorsque les boeufs de la Tour boudaient sur les côteaux de la "Pierre qui branle", délier les pauvres bêtes fatiguées et traîner lui-même sa charrette ! ...

    Lorsque fut décrétée la levée de trois cent mille hommes qui amena l'explosion de l'insurrection vendéenne, Guitton, jeune conscrit de vingt ans, fut au nombre de ceux qui se rendirent auprès de Sapinaud de la Verrie et forcèrent le vieux gentilhomme à se mettre à la tête des insurgés de la paroisse. Il fit toute la guerre à l'armée du Centre. Après la défaite de Savenay, il avait remis son fusil au clou pour reprendre la queue de la charrue. Ce furent les horreurs commises par les Colonnes infernales qui le ramenèrent, comme tant d'autres, dans les rangs de la révolte.

    Les bandes de Turreau vinrent plusieurs fois à la Verrie, et chacune de leurs expéditions y fut marquée par d'épouvantables massacres. Presque tous les membres de la famille Guitton avaient été victimes de l'une de ces expéditions sanglantes : les bourreaux n'avaient respecté ni les femmes, ni les petits enfants, et l'ancien volontaire de l'armée du Centre avait dû recourir à l'aide de ses voisins pour ensevelir les cadavres profanés de sa mère, de ses soeurs et d'infortunés petits neveux et nièces encore à la mamelle, éventrés et coupés en morceaux par les misérables bandits !

    De pareilles atrocités appelaient la vengeance, et Guitton résolut de se venger.

    Mère, soeurs et frères, belles-soeurs et beaux-frères, neveux et nièces : dix-sept des siens avaient été massacrés - "J'en tuerai dix-sept ! se dit Guitton, et après...   je   verrai !"

    Son premier mouvement avait été de sauter sur son fusil et de se joindre aux insurgés qui, révoltés par les horreurs des Colonnes infernales, s'empressaient d'aller se remettre sous les ordres de Sapinaud de la Rairie et de recommencer la guerre. Mais, à la réflexion, ce projet lui parut trop hasardeux : une balle républicaine pouvait l'atteindre au premier engagement, et il lui fallait son compte de dix-sept victimes ...

    Toute la journée, toute la nuit qui suivit le massacre, le Vendéen rumina un plan de vengeance. Le lendemain matin, à la pointe du jour, après avoir fait dévotement sa prière, il se mit à aiguiser sa serpe. Lorsque celle-ci fut affilée comme le tranchant d'un rasoir, il la suspendit à sa ceinture, en ayant soin de la dissimuler sous le tablier qui lui servait pour aller ramasser les choux, puis il mit un morceau de pain dans sa poche, prit son bonnet de laine et partit, en sabots et en costume de travail, comme s'il se fût agi d'aller aux champs. Guitton avait trouvé son plan ! ...

    Toute la journée, il rôda dans les environs, suivant lentement les chemins creux, de l'allure d'un homme qui va au travail ou qui en revient. De temps en temps, son front se plissait d'impatience, et on eût pu l'entendre alors murmurer ces simples mots : "Il faut pourtant bien que le bon Dieu m'en envoie un aujourd'hui !"

    Le soir, au milieu du chemin de la Roussière, il se trouva tout à coup en face d'un Bleu : c'était une estafette que le commandant de la colonne infernale envoyait à Mortagne, et qui s'était égarée.

    Guitton eut peine à dissimuler un sourire de satisfaction. D'un air humble et soumis, il offrit au Bleu de le remettre sur la route.

    En voyant cet homme en costume de travail et sans armes apparentes (j'ai dit que Guitton avait pris la précaution de dissimuler sa serpe sous son tablier), le soldat républicain ne conçut pas le moindre soupçon ; il crut qu'il avait affaire à un trembleur, peut-être à un "Pataud", et il accepta avec empressement l'offre qui lui était faite du ton le plus naturel du monde.

    Pour mieux inspirer confiance, Guitton se mit à marcher devant.

    Il amena ainsi son homme jusque dans le bas du côteau de la "Pierre qui branle". Là, arrivé devant un échalier qui séparait le chemin d'un autre pré, il s'arrêta : "Voilà la route, citoyen, dit-il ; au bout de ce pré tu trouveras un sentier qui conduit tout droit à la Sèvre, et de là à Mortagne". Puis il s'écarta pour laisser passer le Bleu.

    Toujours sans défiance, celui-ci enjamba l'échalier. Mais alors, prompt comme l'éclair, Guitton brandit sa serpe, et la tête du soldat républicain roula dans le pré, tandis que le corps du misérable restait à cheval sur l'échalier ! ...

    Tranquillement, Guitton essuya sa serpe, fit une coche sur le manche avec la pointe de son couteau et se dit à lui-même : "En voilà toujours un ! ... Il m'en faut encore seize !" - Puis il monta le côteau de la "Pierre qui branle" et rentra se coucher au village de la Tour.

    Le lendemain matin, il prit une pelle et une pioche, descendit au pré, creusa un trou et y enfouit le corps du Bleu.

    A partir de ce jour, et pendant plusieurs semaines, Guitton continua de la sorte à servir de guide aux Bleus égarés ... Les coches s'ajoutaient aux coches sur le manche de la serpe, et les fosses aux fosses dans le petit pré ! ...

    Un soir, en rentrant à la Tour, Guitton compta les coches : il y en avait dix-sept. "Maintenant que j'ai mon compte, se dit-il, allons retrouver M. de Sapinaud !" Et, dès le lendemain, il courut reprendre son rang dans l'armée du Centre.

    Et voilà pourquoi le petit pré qui se trouve au bas du côteau s'appelle le "Pré aux Bleus" !

    H.B. - La Vendée Historique – 1900

     

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

         Dolmen et statue de « la pierre qui branle ».

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

       Votre serviteur et la pierre en question, qui n’est pas  sans rappeler le « Rocher Branlant » à Largeasse dans les Deux-Sèvres.

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

       Le sinistre Pré aux bleus où reposent toujours les 17 républicains.

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

     

     

    L’homme sans tête du Pré aux bleus

     

     

    Tout le monde, à la Verrie, connaît l'histoire de la serpe du Père Guitton et du Pré aux Bleus. Mais beaucoup ignorent celle de l'Homme sans tête, bien qu'elle soit la suite et le complément de la première. Avant de la raconter, permettez-moi de vous présenter en quelques lignes un nouveau témoin.

    Ce témoin s'appelait l'abbé Guilloton. C'est lui qui m'a baptisé. j'avais seize ans lorsqu'il mourut, plus qu'octogénaire : je l'ai donc beaucoup connu. Né en 1788, c'est-à-dire cinq ans avant la Grande-Guerre, vicaire aux Herbiers en 1813 et curé de la Verrie en 1815, il administra cette dernière paroisse pendant cinquante-six ans. C'est à lui-même que j'ai entendu raconter cette seconde partie de mon histoire, et mon père, qui l'avait entendu raconter bien des fois avant moi, pourrait au besoin confirmer mon témoignage.

    Il pouvait y avoir trois ou quatre ans - un peu plus ? ... un peu moins ? ... je n'oserais trop préciser - que l'abbé Guilloton exerçait son ministère à la Verrie, lorsqu'il vit un jour arriver Guitton, l'air soucieux et embarrassé.

    - M'sieu l'tchuré, lui dit à brûle-pourpoint l'ancien combattant de la Grande-Guerre, y m'trouve bé-n-en peine ! ... N'y a pus qu'vous tchi séjez à la main de m'tchirer d'ombarras ! ... O bé dan y sé un homme perdu ! ...

    - Qu'as-tu donc, mon brave Guitton ? s'empressa de répondre le Curé, qui avait tout de suite pris avec ses paroissiens ce ton de familiarité, qui rendait autrefois les relations si cordiales entre le pasteur et son troupeau ... Qu'as-tu donc pour m'arriver avec une mine pareille ?

    - Ah ! M'sieu l' tchuré, v'là pus d'quat' semaines qu'y n'ai poué fermé l'eil ! ... Y a-t-in r'venant, ine homme sons téte tchi vint tot'lé nêts rabatter au pied d'man yit ! ... P'r sûr et certain qu'ol é tchiéquin daux Bieus qu'y ai tués dau tomps d'la Grond-Dgierre ! ...

    - Bah ! bah ! reprit le curé, les morts sont bien morts, va ! ... Et pourquoi ceux que tu as tués reviendraient-ils ainsi te tourmenter la nuit ... ? Les misérables avaient bien mérité la mort ... et ta conscience n'a rien à te reprocher, car tu n'as fait que ton devoir sur les champs de bataille ...

    Guitton hocha la tête :

    - Tchiélé-là qu'y ai tués quemme vous ô dîtes ne m'fant poué poû ! ... O dét être tchiés qu'y ai sarpés à l'échallé d'la Pierre tchi bronle ... Tchiou tchi r'vint é-t-ine homme sons téte !

    - Oui ; oui, répliqua le curé, qui avait entendu raconter par le héros lui-même l'histoire du "Pré aux Bleus", je sais ! ... C'était peut-être bien un peu ... roide ! ... Mais on avait massacré les tiens, et tu avais bien quelque excuse ! ... D'ailleurs, tu as dû t'en confesser depuis ... Je te le répète : ta conscience doit être à l'aise ... Crois-moi, ne te tourmente plus ! Chaque soir, avant de te coucher, récite un Pater et un Ave pour le repos de l'âme de ceux que tu as serpés, et tu peux être sûr qu'ils te laisseront dormir en paix ! Si, malgré tout, l'homme sans tête revient encore, retourne me trouver dimanche, et je verrai ce que j'aurai à faire ...

    Guitton s'en alla en hochant la tête, et l'air nullement convaincu, malgré toute la confiance qu'il avait en son curé.

    Le dimanche suivant, en rentrant de la première messe, l'abbé Guilloton trouva notre homme qui l'attendait à la cure, l'air tout aussi soucieux que la première fois.

    - M'sieu l't churé, lui dit Guitton, l'homme sons téte ... y r'vint pus qu'jamais !

    - Ah-tu récité, chaque soir, la prière que je t'avais indiqué ?

    - Oui ! ... Mé rin n'y fait ! ... Y sé ine homme homme foutu !

    Le curé réfléchit un instant ; puis, s'adressant au pauvre diable et le regardant bien en face :

    - Voyons, lui dit-il, tu as tué des Bleus ... Dix, vingt, trente ..., peu importe ! ... Encore une fois, tu n'as fait que ton devoir ... Ou, du moins, tu es parfaitement excusable ... Mais réponds-moi franchement : n'as-tu bien fait que les tuer ? ... Est-ce que, par hasard, tu ne les aurais pas volés ... ?

    - M'sieu l' tchuré, v'là la chose tot quemme ça-t-arrivé. Lé seize premés qu'y ai sarpés, y les ai mis dans l'trou sons rin lû faire d'vontage ... O n'a que l'dernier ... Ol était in ptchit jéne, ine manière d'officier bé-n-habillé ... V'là qu'au moument qu'y allâs l'abrier avec ma palle, o m'a passé p'r argarder so sé hardes, et y ap'rçus in porte-feille avec daux papiers d'tot' manières, et pis aussi ...

    - Et puis quoi ... ? De l'argent ?

    - Oui

    - Combien ?

    - Cinquonte étchus !

    - Et qu'as-tu fait de ces cinquante écus ?

    - Dame ! ... m'sieu l'tchuré, y m' sé dit d'même que lé Bieux m'aviant volé mé boeufs ... qu'ol était bé l'moins qu'y m'rattrapis-je in ptchit ...

    - Tu as gardé l'argent ?

    - Dame ... oui !

    - Tu as mal fait ! ... Cet argent ne t'appartenait pas !

    - Y m-ô-z-ai dit bé daux foués ! ... Ol é p'têt' bé-n-o caôse de tchieu qu'l'homme sons tété y r'vint m'rabatter dempis tchiéque temps ... ?

    - Assurément !

    - Eh bé ! pisqu'ol é d'même, disez-m' dan c'qu'o faut qu'y fais-je ?

    - As-tu conservé les papiers trouvés dans le porte-feuille ?

    - Oui, et pis l'porte-feille aussi.

    - Va me les chercher tout de suite et apporte-les moi, en même temps que les cinquante écus ! ...

    Moins d'une heure après - juste le temps d'aller au village et d'en revenir - Guitton était de retour à la cure, avec le portefeuille et les cinquante étchus.

    L'abbé Guilloton ouvrit le porte-feuille et y trouva des papiers qui faisaient connaître la famille de la dernière victime du serpeur.

    - Donne-moi l'argent ! dit-il alors à celui-ci.

    Guitton obéit.

    - Et maintenant, reprit le curé, sois tranquille et dors sur les deux oreilles ! ... Je me charge de faire passer la somme aux héritiers de l'Homme sans tête, et celui-ci ne reviendra plus te tourmenter !

    L'Homme sans tête devait pourtant revenir encore ! ... Huit jours ne s'étaient pas écoulés, que Guitton reprenait le chemin du presbytère pour confier au curé que le revenant continuait toujours à faire des siennes ! ...

    Mais l'abbé Guilloton, qui savait désormais à quoi s'en tenir, arrêta son paroissien dès les premiers mots :

    - Guitton, s'écria-t-il en lui coupant la parole, tu as gardé de l'argent !

    - Ol é vrai, m'sieu l'tchuré ... cinquante étchus ! ... Mais t'nez ... les v'là ! ... Débarrassez-m'z'en bé vite, p'r qu'l'Homme sons tété y m'laisse d'mési trontchille ! ...

    Cette fois ce fut bien fini, et, depuis ce jour-là, jamais plus l'Homme sans tête ne vint tourmenter le serpeur du "Pré aux Bleus" ! ...

     

    Guitton était donc un voleur, diront peut-être quelques puristes ?

    Est-ce bien sûr ?

    Pour ma part, en bonne conscience, je n'oserais trop le soutenir, et je crois bien qu'à sa place, sur dix individus pris au hasard, neuf eussent dormi sur les deux oreilles, avec les cent écus du massacreur des colonnes infernales au fond de leur bourse ... car, comme dit la chanson, y avait compensation ! ... De même que c'était pour venger sa mère, ses soeurs, ses neveux et ses nièces, qu'il avait successivement serpé dix-sept bandits à l'échalier du "Pré aux Bleus", c'était pour se payer de ses boeufs qu'il avait gardé les cent écus trouvés sur l'un des assassins ... - Etait-il donc si coupable ... ?

    H.B.

    La Vendée Historique – 1900

     

    Le drame de la Croix de l’Emonière

    Parmi les nombreuses croix qui bordent la grande route de Mortagne aux Herbiers, et qu'on rencontre presque à chaque embranchement de nos petits chemins ruraux, il n'en est peut-être pas une seule à laquelle ne se rattache un souvenir du temps de la Grande-Guerre. Telle est, par exemple, la "Croix de l'Émonnière", située sur le territoire et à une demi-lieue du bourg de la Verrie. Je ne passe jamais devant cette Croix sans me rappeler que ce fut là que je tuai mon premier lièvre, et comment ce coup de fusil me valut le récit du dramatique épisode que je vais raconter.

    Mon exploit de chasseur débutant avait eu un témoin, et, au moment où je venais de ramasser mon premier lièvre, j'entendis derrière moi une voix qui disait : "Voilà un beau coup de fusil !"

    Déjà fier de ma prouesse, je me sentis chatouiller à l'endroit où chacun de nous - et un chasseur encore plus que tout autre ! - tient en réserve sa petite fibre d'amour-propre ... Je me retournai vivement, et me trouvai en présence du Père Sorin.

    Le Père Sorin, cultivateur aisé, habitait le village voisin de la Terrière. C'était un vieux Vendéen dans toute l'acceptation du mot : pieux, généreux, affable et entouré de l'estime de tous. Adjoint de la commune, il fut pendant de longues années le collaborateur dévoué de mon père. Il est mort depuis, après avoir poussé jusqu'aux extrêmes limites de cette belle et verte vieillesse qui est généralement la récompense des gens vertueux.

    Doublement enchanté de trouver là ce brave homme, d'abord parce que je l'aimais beaucoup, ensuite parce que je n'étais pas fâché qu'il eût été témoin de mon exploit cynégétique, je lui serrai cordialement la main et lui donnai mon lièvre à peser.

    - Sept livres, pour le moins, Monsieur Henri ! me dit-il. Dame ! oui ! c'est un beau coup de fusil ! ça me rappelle un de mon défunt père, juste au même endroit ... du temps de la Grande-Guerre.

    Je devinai tout de suite une de ces histoires de Bleus comme j'aimais tant à en entendre raconter lorsque j'étais enfant, et je ne voulus pas laisser échapper celle-là :

    - Il faut que vous me contiez ça, Père Sorin ?

    - Je ne demande pas mieux, mais à condition que vous allez venir trinquer un coup avec moi à la Terrière ?

    J'avais chaud, et l'invitation n'était pas de refus, comme on dit chez nous. J'acceptai donc avec empressement un marché doublement avantageux, et voici, chemin faisant, ce que me raconta le Père Sorin :

    C'était à l'époque où les Colonnes infernales firent leur apparition dans le pays. Personne ne bougeait plus depuis la bataille de Savenay, l'armée de M. de Sapinaud n'était pas encore reconstituée, et chacun se tenait tranquille chez soi, en attendant des jours meilleurs.

    Un soir, comme les hommes revenaient des champs et rentraient au village à l'heure de la soupe, ils entendirent des plaintes en approchant des toiteries. Ils hâtèrent le pas et se trouvèrent en présence d'un horrible spectacle ... Les femmes et les enfants, laissés seuls à la maison, étaient étendus par terre, massacrés et hachés en morceaux ! ... Deux des petits enfants étaient cloués à la porte de la grange ... et les ruages étaient inondés de sang ! ... L'une des victimes respirait encore, et c'était ses plaintes que les hommes avaient entendues en approchant du village ! ...  

    Une bande de Bleus était passée par là ! ... Ne trouvant que des êtres sans défense, les scélérats avaient massacré tout à leur aise, et comme ils avaient eu soin de ne point tirer de coups de fusil, mais de se servir uniquement de leurs sabres et de leurs baïonnettes, afin de ne pas donner l'éveil aux hommes du village, ceux-ci, occupés à travailler à une assez grande distance, n'avaient rien entendu.

    A l'aspect de ces cadavres de femmes massacrées et violées et de petits enfants coupés en morceaux et crucifiés, les hommes de la Terrière jurèrent de se venger. De concert avec leurs voisins de l'Émonnière et de l'Audairie, où les mêmes atrocités avaient été commises, ils résolurent de se relayer désormais en embuscade à la Croix de l'Émonnière, pour y surprendre les estafettes républicaines qui passaient et repassaient presque chaque jour sur la route. Dès le lendemain soir, ils eurent l'occasion de commencer à exercer leurs vengeances.

    Mon père, mon grand-père et un de mes oncles s'étaient mis en embuscade derrière le fossé sur lequel se trouvait l'ancienne Croix de l'Émonnière. Trois des gens de l'Émonnière s'étaient postés de l'autre côté de la route, et tous les six avaient fait le serment d'exterminer sans pitié tout Bleu isolé qui leur tomberait sous la main.

    Il y avait à peu près deux heures qu'ils étaient à leur poste, et la nuit commençait à tomber, lorsqu'ils aperçurent un hussard à cheval qui montait la côte et se dirigeait vers les Herbiers. Ils le laissèrent approcher jusqu'en face de l'embuscade. Alors, sur un signal convenu de mon grand-père, six coups de feu retentirent : le cheval, blessé à mort, roula à terre, et, en un clin d'oeil, le cavalier démonté fut saisi, garrotté et amené au pied de la Croix.

    C'était un courrier de la colonne de Mortagne, porteur d'un ordre adressé au détachement qui était passé à la Terrière.

    Quand le Bleu se vit ainsi sans défense, il se jeta à genoux et demanda grâce, en jurant ses grands dieux qu'il était soldat par force, et qu'il n'y avait point de sa faute s'il était obligé de faire comme les autres ...

    - Tais-toi ! lui dit mon grand-père, qui était le chef de l'embuscade. Un soldat n'a point à obéir lorsqu'on lui commande de massacrer les femmes et de couper en morceaux les petits enfants ! ... Tout ce que tu pourrais nous dire est parfaitement inutile, et tu vas mourir, car tu es condamné à l'avance comme tous ceux des tiens qui tomberont désormais entre nos mains ! Mais comme nous sommes de bons chrétiens, et que nous ne demandons pas mieux que de t'éviter l'Enfer où tu mériterais d'aller tout droit, nous t'accordons cinq minutes pour te préparer à la mort ! ... Fais donc ton acte de contrition, et demande pardon à Dieu de tous les crimes que tu as commis ! ...

    Le Bleu vit bien qu'il n'avait aucune grâce à espérer. Mais alors, cherchant à gagner du temps, il réclama humblement les secours de la religion : "Menez-moi au moins devant un prêtre, s'écria-t-il, afin que je puisse me confesser !"

    La demande du misérable paraissait être sincère, et mon grand-père et ses compagnons étaient trop bons chrétiens pour la rejeter. Un prêtre était justement caché non loin de là, au village de la Telle : un des hommes de l'embuscade alla le chercher, et le Bleu obtint ainsi quelques instants de répit.

    Lorsque le prêtre fut arrivé, le hussard essaya de l'attendrir ; il se traîna à ses pieds et le supplia d'intercéder pour lui. Il fit tant et si bien que l'ecclésiastique finit par se laisser toucher et par demander grâce, en invoquant l'exemple de Jésus-Christ qui avait pardonné à ses bourreaux.

    - Jésus-Christ a pardonné à ses bourreaux et vous êtes ici pour pardonner à celui-là en lui donnant l'absolution, déclara mon grand-père en enlevant respectueusement son bonnet : nous ne vous avons pas fait venir pour autre chose. Mais le Dieu qui pardonne ne pardonne que moyennant expiation. Votre mission est de pardonner : remplissez-la. La nôtre est de faire expier : nous devons l'accomplir. Cet homme a mérité la mort par ses crimes ; confessez-le ... Nous nous chargeons de nous arranger avec le bon Dieu pour le reste ! ...

    Le prêtre eut beau insister, mon grand-père fut inflexible :

    - Il y a dans les environs, dit-il, d'autres femmes et d'autres petits enfants que les nôtres : nous ne voulons pas que ce misérable puisse aller recommencer ailleurs les massacres d'hier !

    L'argument était sans réplique : le prêtre comprit qu'il serait inutile d'insister davantage, et il engagea le Bleu à se préparer à la mort.

    Lorsque ce dernier comprit qu'il n'y avait plus d'espoir, il éclata tout d'abord en imprécations ; puis, cédant aux sollicitations de l'homme de Dieu, il finit par se confesser. Le prêtre lui donna l'absolution, et, deux minutes après, le hussard recevait six balles dans le corps ! ...

    Lorsque le Père Sorin, dont je me suis borné à reproduire presque textuellement le récit, eut achevé de me raconter cette dramatique histoire, je me rappelle qu'il ajouta ces simples mots : "C'était peut-être un peu dur ... ? Mais n'est-ce pas que c'était tout de même bien fait ?"

    C'est absolument mon avis. J'avouerai même qu'à la place des pieux paysans de la Terrière et de l'Émonnière, je n'aurais probablement pas poussé la charité chrétienne aussi loin qu'eux, car si j'avais tenu un soldat des Colonnes infernales au bout de mon fusil, après avoir vu massacrer ma femme et embrocher ma fille, je doute fort qu'il me fût venu à l'idée de lui faire réciter son acte de contrition avant de me faire justice !

    Que les "sensiblards" jacobins crient à la cruauté tant qu'ils voudront ! ... Pour moi, je le trouve tout simplement admirable, l'acte de ces Vendéens qui se contentaient de fusiller, après leur avoir donné le temps de se repentir, les bourreaux qui éventraient et violaient les femmes et embrochaient au bout de leurs baïonnettes les petits enfants.

    L'exécution du hussard républicain m'avait fait oublier celle de mon lièvre, et, la nuit suivante, je rêvai que j'étais posté à la Croix de l'Émonnière, canardant les Colonnes infernales et faisant une hécatombe de Bleus ! ...

    H.B. - La Vendée Historique – 1900

     

    Petite mise à jour de cet article avec La Croix de l’Emonière, dont l'emplacement m'a été signalé par un commentateur de ce blog. On se doute qu'il y a 220 ans, le paysage n'était pas pollué par de vilains panneaux publicitaires crasseux :

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

      

          Découverte non prévue au programme : trois chatons affamés, dans un tas de d'herbe coupée, au bout de la route, tout près de la croix. Espérons que la maman n'était pas trop loin pour revenir s'occuper d'eux.

     

    Vieilles histoires à la Verrie....

     

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    6
    cailleaud
    Vendredi 4 Août 2017 à 09:49

    Je suis natif de la Verrie et depuis ma tendre enfance, on m'a souvent raconté les légendes de Guitton, Grolleau et les frères Sorin de la Terrière. Ce sont tous des ancêtres de nos familles, ma femme et moi. Pour être sûr de la réalité de ces faits, j'ai construit l'arbre généalogique de chacun d'eux et ma conclusion est que seule l'histoire du père Grolleau est réelle.

    Gérard Cailleaud

    5
    Dimanche 5 Avril 2015 à 18:32

    Mise à jour faite avec la Croix de l'Emonière. wink2

    4
    Lundi 23 Mars 2015 à 21:58

    Merci de ces précisions. Nous avions aperçu une croix depuis la route mais sans parvenir à la retrouver et je n'avais pas dû imprimer ma carte IGN suffisamment large. Nous y retournerons prochainement. Merci à vous.

    3
    Mitch
    Lundi 23 Mars 2015 à 19:53

     


    La croix de l'Emonière existe bien... Elle est même visible de la départementale 160, sur la droite en direction des herbiers, à proximité d'un grand sapin.


    Pour s'y rendre, sur la nouvelle route entre La Verrie et le péage, il faut prendre la direction de La Goupillère, L'Audairie, La Terrière. Prendre tout droit à l'intersection suivante (croix de la Goupillère) et la route se termine au pied de la croix de l'Emonière. La photo que vous avez déposée est celle de l'arceau du Chiron de la Roche.


    Merci pour votre blog qui permet de découvrir plein d'histoires, de sites fabuleux et qui permet aussi à chaque lecteur de découvrir notre histoire locale.

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    2
    Le Loup Profil de Le Loup
    Samedi 3 Août 2013 à 16:37

    Je vous remercie bien chaleureusement monsieur. Nous faisons effectivement partie de ce petit monde qui ne se laisse pas bouffer par la société de consommation, "télévisualisée" et guidant les esprits à dessein en essayant de nous démontrer qu'un crapaud peut voler aussi haut qu'une hirondelle et que la médiocrité doit être une norme dont il faut se satisfaire.

    Votre commentaire fait chaud au coeur, car justement, les anecdotes consignées sur ce petit blog personnel sont destinées autant  à ceux qui sont loin des lieux  qu'à ceux qui y vivent et qui ont oublié leur propre histoire.

    N'hésitez pas à explorer mes pages et à y puiser des idées de promenade si le coeur vous en dit.

    A bientôt,

    RL

    1
    Jacques Arnault
    Samedi 3 Août 2013 à 14:11

    Merci au créateur de ce site. Ça fait bien plaisir de lire ces histoires qui nous content la vie de nos aïeux. Le temps d'une lecture, on se sent parmi eux.  Merci aussi pour les photos, pour ceux qui comme moi vivent loin du pays. 

    Content de voir qu'il reste des Français qui ne se sont pas fait bouffer, qui par la globalisation, qui par l'enfumage des idéologies politiquement correctes, et qui ont su conserver leur âme.

    Ces histoires, je vais les raconter à mes enfants lorsqu'ils seront en âge de comprendre cette période de l'histoire, qui compte plus que tout autre quand on a la Vendée au coeur. Car elles ne font pas simplement oeuvre de mémoire, leur contenu renferme l'essence de ce qui constitue une part de notre identité.

    Jacques Arnault

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