• Un prêtre en cavale....

                   

    Jean-Baptiste Senille, un prêtre en cavale...

     

     


         Un prêtre en cavale....En 1794, Jean-Baptiste Senille, prêtre, est officier municipal de Ranton, village situé entre Thouars et Loudun. Il est condamné a être guillotiné le 8 Floréal de l'an 2 pour avoir, entre autre, arraché l'arbre de la Liberté. Il fausse compagnie aux Bleus venus l'arrêter en s'évadant de chez lui par le toit d'un faux grenier et parvient en Vendée sans encombre où il disparaît.

     

    « Tribunal Criminel du Département de la Vienne.        

     

    Le 8 Floréal, Jean-Baptiste Senille, ex-prêtre, ci-devant Génovefain et prieur de Ranton, natif de Chabanais, district de Confolens, département de la Charente, atteint & convaincu de provocation au rétablissement de la royauté, en arborant & faisant arborer des signes contre-révolutionnaires, a été condamné à la peine de mort. 

    Le Président dudit tribunal criminel informé que le nommé Senille s'est évadé de la maison de justice, peu de tems avant l'exécution de son jugement, ordonne que ledit Jean-Baptiste Senille, prêtre, ex-génovéfain & prieur de Ranton, district de Loudun, taille de cinq pieds, cheveux blonds, sourcils châtains, yeux petits et bleus, visage plein, assez rosé, menton rond, portant ses cheveux attachés en une petite queue, ayant, lorsqu'il est sorti de prison, le 8 floréal, un habit à raies rouges, un gilet & un pantalon, des souliers couleur de daim, attachés avec une courroie de cuir, un bonnet en forme d'ordonnance bordé de poils gris de quatre doigts de hauteur, avec une tresse & une cocarde au trois couleurs, sera de nouveau pris au corps & conduit directement en la maison de justice du tribunal. 

    Déclare que : quiconque recèlera chez lui ou ailleur ledit Senille, mis hors la loi, sera regardé & puni comme son complice, conformément au décret de la Convention Nationale, du vingt troisième jour de ventôse dernier. 

    Mande à tous huissiers (sur ce requis) de faire mettre la dite ordonnance de prise de corps à exécution : aux commandants & officiers de la force publique, de prêter main forte, lorsqu'il en seront légalement requis. En foi de quoi les présents jugements et ordonnance ont été signés par le président du tribunal & par le greffier.    

    Signé : Planier, président – Robin, greffier. » 

     

    Jean-Baptiste Senille ne s'est pas évadé du tribunal, mais s'est esquivé par le toit de sa maison avant l'arrivée des Bleus.

    Une autre information tirée des archives de la Vienne nous précise les actes séditieux de l'intéressé.

     

    « Attendu qu'il est prouvé par plus de trente témoins que ledit Senille a arboré, fait arborer ou souffert qu'on arbore au pignon de sa maison, un drapeau blanc parsemé de fleurs de lys auquel était suspendue une petite bouteille de verre ; qu'il a porté une cocarde blanche à son chapeau, qu'il a affecté de se vêtir de la robe de ci-devant génovéfain ; qu'il a dressé devant sa porte un feu de joie au sommet duquel il avait fait placer une branche de laurier ; qu'il a écrit à la Roche Jacquelin, chef des brigants, pour l'inviter à venir à Ranton, où il promettait un accueil amicale, et qu'il a aidé à faire abattre et transporter l'arbre sacré de la Liberté. 

    Attendu que les actes de patriotisme qu'il a faits, après la défaite des brigants et pour lesquels les officiers municipaux ont eu la faible complaisance de lui accorder des certificats de civisme, prouve que ledit Senille est un homme qui a su s'accommoder aux circonstances et qui ne voyant que lui, a manqué à tous ses serments. 

    Le tribunal Criminel après avoir entendu l'accusateur public dans ses conclusions, déclare que Jean-Baptiste Senille ex-prêtre atteint et convaincu de provocation au rétablissement de la royauté... ordonne que ledit Senille sera dans les vingt quatre heures livré à l'exécuteur des jugements criminels et mis à mort conformément à la loi du 19 mars 1793. Ordonne que les biens dudit Senille seront et demeureront acquis à la République conformément à l'article VII de la loi du 19 mars. » 

     

    Senille s'évada de chez lui par le toit d'un faux grenier une heure avant qu'on vienne lui communiquer son arrêt de mort ; il parvînt sans encombre en Vendée.

    La dernière signature de l'abbé Senille sur les registres de l'état civil de Ranton apparaît le 8 Ventôse de l'an 2.

     

    Sources 

     

    . Archives Départementales de Maine et Loire – Affiches d'Angers n°74 – du Dimanche 25 mai 1794 – 6 Prairial de l'an 2 – vue n°26/33. 

    . Archives Départementale de la Vienne tous droits réservés - Liasse L St 421F 112 verso à 115 recto, recherches de Serge Dutour, 2007. 

    . Archives  état civil de la commune de Ranton -NMD-1793 – an X - 9 E245/2 signature de Jean-Baptiste Senille, vue n°6/137. 

    . ''Jadis Ranton'' de Serge Dutour du 11 septembre 2007.

    . Photo : Jacques Chauvet. 

                      

                                                                 

     

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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