• Tours - une certaine lucidité sur les colonnes infernales....

     

    Une certaine lucidité sur les colonnes infernales…

     

    C’est le moins que l’on puisse dire de la lettre qu’envoie la Société Populaire de Tours le 25 août 1794 au Comité de Sûreté Générale (1). Bien que ce ne soient pas les seuls révolutionnaires à avoir compris la contre-productivité du plan de Turreau, cette missive mérite d’être lue pour la clairvoyance de ses propos.

    RL

    Février 2020

     

    Tours - une certaine lucidité sur les colonnes infernales....

    « Tours le 8 fructidor l’an 2e de la République Françoise, une & indivisible.

    Au comité de sûreté général

    Citoyens représentants

    Ils sont bien coupables ceux la qui vous disent que depuis long-tems la vendée est finie. Nous vous invitons au nom de la République de porter votre attention sur cette guerre de crime.

    Lorsque les Brigands furent défaits, après le passage de la Loire, le général Toureau prit le commandement de l’armée de l’ouest, forte alors de quatre vingt mille hommes d’infanterie et dix mille hommes de cavalerie, les Brigands étoient en petit nombre alors et avec plus de campagne concerté et toute l’armée agissant de consert, on pouvoit finir la vendée en peu de tems ; mais au lieu de détruire ainsi les Brigands par des mesures sages et combinées, on a mis tout a feu et a sang indistinctement, sans aucun égard pour les communes patriotes, ce qui a beaucoup augmenté les Brigands, par un grand nombre de citoyens qui ne voyoient que la mort de tous côté.

    Les généraux abandonnés à eux-mêmes agissent à leur fantaisie, et si quelquefois ils attaquent les Brigands ils le font isolément, sans ensemble et sans ordre et comme une partie de chasse ; ne prénant aucune précaution, n’établissant jamais de seconde ligne et souvent point de voiture pour ramasser les blessés. Les convois toujours escortés par de foible détachement qui étoient souvent égorgé, et par se moyen on alimentoit les Brigands de munitions dont-il manqueroient depuis long-tems sans cette perfidie.

    A ne compter que les ordonnances employés imprudemment et pour le plaisir des généraux, il a périt plus d’hommes et de chevaux qu’il n’en couté pour conquérir la Belgique.

    Fait-on le récit de quelques combats à la Convention d’un nombre de huit cent à mille Brigands qui ont mordu la poussière, cela se réduit souvent a quelques vieillards, femmes et enfans qui n’ont pu se sauver, et qui ont été égorgés.

    La suite de ses prétenduës victoires est le pillage, non seulement toléré par les généraux mais dont plusieurs d’entre eux donne l’exemple, et se malheur n’a pas peu contribué a prolongé cette guerre : ensuitte vient tout ses espèces de crimes qui répugnent à la nature et a l’humanité, suitte de l’immoralité des généraux ; il n’est point d’armée dans la République où il y ait plus d’état major oisif et somptueux et plus de soldats dans l’inaction.

    Il n’y a point d’armée où il y ait plus de dépense et plus de dilapidations, aussi le peuple dans cette contrée manque de toutes les premières choses nécessaires à la vie.

    Demandéz aux représentant du peuple Hentz pourquoi en s’en revenant de la vendée, il déclara contre révolutionnaire quiconque diroit que la vendée n’étoit pas finie et de quel manière il s’est conduit avec les patriotes par tout ou il a passé, jamais les tyrans n’ont plus fait que lui.

    Entendez vous les masses des Républicains sacrifiés dans la vendée par l’ignorance, l’ivrognerie la trahison et l’immoralité en tout genre des généraux ; c’est a vous représentant a frapper les coupables, et de mettre a la tête de cette armée des généraux dont l’expérience et la valeur nous assurent la fin de cette malheureuse guerre, qui n’a été si long-tems prolongée que pour servir la faction que vous venez d’abattre.

    Quelques persécutions que nous ayons éprouvées pour vous avoir dit la vérité avant ce jour, nous continuerons jusqu’à la mort, et trop heureux si nous contribuons par notre fermeté à consolider l’honneur de la République. »

    Tours - une certaine lucidité sur les colonnes infernales....

     

    Note :

     

    (1)  SHD B 5/10-35, v. 356 à 358/1061, BA compris.

     

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