• Pierre-Etienne Lethon....

     

    Pierre-Etienne Lethon, de la Poitevinière, 

    lardé de 12 coups de baïonnettes au combat de Piedeau, 

    le vendredi 26 Pluviôse de l'an II... Ordre du Lys...

     

                

       
         Pierre-Etienne Lethon....Quand flambait le bocage... quand flambait le bocage !... Février 1794, la Grande Armée Catholique et Royale n'existe plus, exterminée à Savenay. Il ne reste plus que quelques milliers d'hommes éparpillés sur tout le territoire de la Vendée Militaire qui étrillent les Colonnes Infernales.

    Ce sont de petites armées d'irréductibles, des hommes de fer, n'ayant plus rien à perdre et qui résisteront jusqu'à la mort héroïque de leurs derniers généraux.

     

    Le mardi 11 février 1794 (23 Pluviôse de l'an 2), l'armée Bleue de Cordellier est à Vihiers avec 800 hommes...

     

    « Mais n'y rencontrant aucun ennemi, il partit le lendemain pour Chemillé. N'y trouvant point Stofflet, il y mit le feu et se dirigea ensuite sur Jallais. Stofflet, dans le moment, revenait de Montrevault vers le Fief-Sauvin pour livrer bataille aux Républicains sur les coteaux de l'Evre. Les avant-postes des deux petites armées se rencontrèrent, le 14, et commencèrent le feu près du château de Piedeau (Pieddouault), vers neuf heures du matin.

    Le 74ème de ligne, composé en grande partie de Mayençais, refoule les Royalistes jusqu'au parc de Beaupréau et pénètre dans la ville, quand Stofflet avec son aile droite qui n'a pas donné, arrive par la Chapelle-du-Genêt, et attaque en flanc les soldats de Cordellier. Une vive fusillade s'engage des deux côté ; elle se prolonge pendant plusieurs heures, et laisse la victoire indécise. Enfin, les Mayençais par une mesure qui fait honneur à Cordellier se cachent derrière les haies et s'éparpillent en tirailleurs. Cette manœuvre trompe les Vendéens qui croyant nombreuse l'armée des Bleus ne donnent que faiblement et se retirent bientôt sur les bords de l'Evre. Plusieurs paysans s'y noient en voulant la franchir ; les autres sont poursuivis avec acharnement jusqu'à la Chaussaire où quelques uns encore perdent la vie dans les eaux de la Sanguèse. »

     

    (Abbé Deniau – Tome IV p264 – Histoire de la Guerre de la Vendée.) 

     

    C'est dans cette affaire que Pierre-Etienne Lethon est laissé pour mort sur le champ de bataille près du château de Piedeau, avec un coup de sabre à la tête, lui occasionnant une large blessure à l'os frontal, un autre coup de sabre au poignet gauche et le corps lardé de ''10 à 12 coups de baïonnettes dans les reins et les cuisses''. Heureusement pour lui, le moulin de Deureux* qu'il exploite, se trouve à proximité du château...

     

    *Le moulin Deureux se situe sur le ruisseau du Rez Profond, proche du pont Piedeau, séparant les communes de Jallais et de la Poitevinière. 

     

      Pierre-Etienne est un soldat intrépide, se portant toujours en avant, en entraînant ses camarades au combat. Il passe la Loire en Octobre 1793 et fait partie des rares survivants d'Outre-Loire. Ayant une grande expérience du combat, le Roi le décore de l'Ordre du Lys et lui fait présent d'une lettre d'honneur le 17 mars 1821. 

     

    Depuis un certain temps, les Colonnes de Turreau prennent ''plumées sur plumées'' et c'est avec un grand soulagement, que ce criminel de guerre se réjouit de cette petite victoire en écrivant au Représentant du Peuple Francastel...

    Voici l'extrait d'une lettre de Turreau, général en chef de l'armée de l'Ouest : au Citoyen Francastel représentant du Peuple (Les Affiches d'Angers – Février 1794 n°26 du décadi – 30 Pluviôse de l'an 2 – vue n°18/30).

     

    Citoyen Représentant,

     

    « Les ordres que j'ai donnés aux divers chefs de Colonnes : chargés de poursuivre sans relâche le reste des brigands, s'exécutent chaque jour avec plus d'activité : près de quinze cents de ces scélérats viennent de tomber sous les coups de la brave division commandée par le général Cordelier il les a fait repentir d'avoir attaqué Beaupréau où il étoit alors, comme il l'a fait d'être, entrés dans Cholet. 

    A peine les avant-postes du général Cordelier furent-ils attaqués, que bientôt tous les soldats de sa division se répandant en tirailleurs dans la campagne voisine, mirent ces brigands dans la plus complète déroute ; ils jettoient leur armes afin de mieux battre en retraite ; tu dois concevoir combien on en a tué pendant une fusillade qui a duré sans discontinuer depuis neuf heures du matin jusqu'à quatre heures après midi ; les brigands étoient tellement serrés que plus de cent cinquante ont tombé dans la rivière l'Evre, et une grande quantité dans celle de la Sanguaise . 

    Cordelier ne s'est point borné à cette victoire, le tiers de la division qui s'étoit porté du côté de la Poitevinière, a tué plus de sept cents rebelles. 

    Le 26 du mois, ces coquins ont voulu encore se mesurer avec lui, mais il es a si bien frottés que le corps qu'il avoit à combattre, se trouve réduit à près de 500 hommes mal armés. 

    On ne saurait donner trop d'éloges à l'intrépidité des soldats du soixante quatorzième régiment ; il mérite le titre de Républicain, c'est tout dire. » 

     

    Pierre-Etienne Lethon....

    Pierre-Etienne Lethon-Leton est né et a été baptisé le 16 juin 1772 à la Poitevinière, il est le fils de Pierre Lethon, meunier au moulin Deureux et de Marie Viau.

    Il épouse Renée Rousse, née le 5 décembre 1775 à St Quentin, et décédée le 20 janvier 1824, de cette union sont issus entre autres enfants :

     

    1°Marie Lethon, née le 9 vendémiaire an 9. 1er octobre 1800. la Poitevinière.

    2°Pierre-Etienne Lethon, né le 14 vendémiaire an 10 – idem.

    3°Jean Lethon, né le 2 Messidor an 12, idem.

    4°Renée Perrine Lethon, née le 1er août 1806, idem.

    5°Pierre Lethon, né le 8 juillet 1808, idem.

    6°Augustin Lethon, né le 8 juillet 1818, idem.

    7°Joseph Lethon, né le 14 janvier 1811, idem

     

    Devenu veuf, il épouse le 8 février 1825 à Jallais Jeanne Godineau, née le 7 juin 1787 à Jallais ; d'où :

    8°Jeanne Lethon, née le 12 mai 1826 à la Poitevinière.

     

    Le 25 mars 1824, à la Poitevinière, il dépose une demande de secours.

     

    « Lethon Pierre-Etienne, indigent, soldat de l' Armée Vendéenne demeurant à la Poitevinière, 

    A son Excellence le Ministre de la Guerre. 

    Monseigneur, 

    J'ai l'honneur de vous exposer que j'ai pris les armes pour le rétablissement du trône aussitôt que la guerre à commencé en 1793. 

    J'ai constamment servi avec bravoure et honneur. J'ai été cruellement blessé : à une des affaires, qui ont eut lieu à Piedeau en la commune de Jallais en 1794. 

    J'éprouve par mes blessures de grandes douleurs, mes forces sont tellement épuisées, je ne puis plus rien faire qu'avec beaucoup de peine. Je suis dans l'indigence et père de cinq enfants. 

    J'ai le plus grand besoin des secours accordés par l'Ordonnance du Roi, du trois décembre 1823, auxquels j'ai les droits les mieux fondés en raison de mes blessures dans les armées royales de mes blessures et de ma misère. 

    J'ose vous prier Monseigneur de vouloir bien proposer à sa Majesté de m'accorder une pension.   

    Je suis avec respect, Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur. » 

     

    Pierre-Etienne Lethon....

    Pierre-Etienne Lethon est décédé à la Poitevinière le 29 janvier 1837. 

     

    Sources :   

     

    Archives Départementales du Maine-et-Loire tous droits réservés – Dossiers Vendéens : Lethon-Leton Pierre-Etienne - dossier 1M9/-243. Certificat de services, vue n°3/9. 

    Les Affiches d'Angers n°26 – du décadi 30 pluviôse de l'an 2 – vue n° 18/30. 

    Registres d'état civil de la Poitevinière, Jallais. 

    Histoire de la guerre de la Vendée – Abbé Deniau – Tome IV – p264.  

    Photo: de l'auteur 

     

     

                                        X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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