• Les Mémoires de l'abbé Remaud, 4° partie....

     

    Les Mémoires de l’abbé Remaud, 4° partie…

     

     

    La Vendée Historique, N° 65, 5 septembre 1899.

     

    Je continuai ma route, non pas sans inquiétude, car je ne savais point la langue du pays d’où je paraissais être. Heureusement que les préliminaires…… (La fin de la phrase manque). La paix fut rendue aux contrées que je devais parcourir. Je voyageais avec toute la facilité imaginable. Je traversai les principales villes de l’Allemagne.

    Je rencontrai, à Houskat, le prince Charles, pour qui j’avais des dépêches. J’eus l’honneur de lui être présenté par M. Delmone, son major général. Il m’accueillit avec infiniment d’attention. Après avoir eu avec lui une longue conférence, j’en pris congé et me rendis à Neustad, où était Monsieur le Prince de Condé, avec son armée qui se retirait alors sur les bords du Rhin.

    Il était dix heures du soir quand je pénétrai aux quartier-général du Prince. J’avoue que je n’étais pas présentable devant lui. J’étais très fatigué de voyager jour et nui. Je lui fis remettre mes paquets que j’avais pour lui, et lui fis demander comme une faveur de lui offrir l’hommage de mon profond respect le lendemain matin. De suite, il ordonna de m’envoyer chercher, et lui être présenté tel que j’étais. Je parus devant le prince de Condé, et j’y fus introduit par M. le duc Duquêta, gentilhomme de sa chambre.

    A Neutad comme à Edimbourg, je fus accueilli avec tant de bontés, que je suis incapable de les exprimer. Ce bon prince de Condé me tint par la main pendant plus d’une heure qu’il s’entretint avec moi. Je passai la journée du lendemain avec lui. J’en pris congé après avoir reçu ses ordres. Il fit beaucoup de questions sur les armées royalistes de France. Il s’informa d’une manière toute particulière des chefs qui avaient commandé les armées. Il parut regretter infiniment le général Charette. Il me donna des grandes espérances en le quittant : « Descendez, me dit-il, la vallée de l’Enfer, demain vous serez à Fribourg, et sous peu nous serons en France ensemble. Nous aurons besoin de vous. »

    J’arrivai peu de jours après sur les bords du Rhin. Je pris mes précautions pour entrer en Suisse, où j’avais eu les indices qu’on devait m’arrêter. Je payai d’un coup de hardiesse : je passai sur le champ de bataille d’Hunningue, et j’arrivai à Bâle. Je traversai toute la Suisse. J’avais des lettres de recommandation pour Son Excellence M. Wu… chargé d’affaires du gouvernement anglais à Berne. Je fis séjour dans cette ville. J’eu diverses conférences avec M. Wu… Il était spécialement chargé de surveiller les opérations des royalistes de France et de leur procurer des secours. Il me procura un passe-port français pour passer la frontière. C’était là le point difficile pour moi.

    J’arrivai sur les bords du lac de Genève, et je m’arrêtai à Triou, qui n’est qu’à quatre lieues de la frontière. Je trouvai des Français qui me firent des offres obligeantes pour me faciliter les moyens de rentrer en France. Je me défiais de tout le monde : j’avais bien des raisons de ne pas être confiant. Enfin il fallut s’exposer à un nouveau danger. Je traversai le Mont-Jura, avec un guide sûr qu’on m’avait donné. J’arrivai à Rouvré, premier bourg français sur cette ligne qui nous sépare de la Suisse. Je fus viser mon passeport sans difficulté. Je voyageais par prudence à pied. J’avais déjà fait passer ma voiture et ma malle.

    Il est bien difficile d’exprimer ce que l’on éprouve en rentrant dans sa patrie, quand on en a été quelque temps éloigné. J’étais parti d’Angleterre sans être parfaitement rétabli de la longue maladie que j’y avais éprouvée. Les médecins m’avaient recommandé les plus grands ménagements. Ils m’avaient même donné des remèdes pour prendre la route, ce que je ne fis pas. J’avais quarante jours de poste, la plupart du temps nuit et jour. Eh bien ! je fus à peine sur le sol français, que je sentis mes forces revenir et ma santé se rétablir parfaitement sans le secours de l’art.

    Le premier endroit où je m’arrêtai fut à Flavigny, petite ville entourée de montagnes et à huit ou dix lieues de la Suisse. J’en partis le lendemain matin me dirigeant pour Dôle, Auxerre et Dijon. Je passai un jour dans cette dernière ville, qui me parut très agréable.

    J’étais impatient d’arriver à Paris ; j’avais ordre de m’y trouver pour l’époque du renouvellement du Corps Législatif ; j’y arrivai la veille. Mon premier soin, une fois arrivé dans la capitale, fut d’y réunir les différentes personnes à qui je devais communiquer les ordres du Roi dont j’étais porteur. J’eus aussi des conférences avec MM. les vicaires généraux de Mgr l’Archevêque de Paris, concernant les affaires de la religion.

    Pendant mon séjour à Paris, j’eus occasion de voir les personnages les plus marquants du Corps Législatif qui s’occupaient de rétablir la monarchie ancienne. Je conférai avec le général Pichegru, sur qui tout le monde avait les yeux fixés alors, et après avoir pris des instructions, je préparai mon départ pour revenir en Vendée, où je devais attendre les évènements extérieurs.

     

    Abbé Remaud

     

     

    (A suivre)

     

    Les Mémoires de l'abbé Remaud, 4° partie....

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :