• Le 11° de hussards est entaché de sang français....

     

    Le 11e de Hussards est entaché de sang français. 

     

           

     

    Le 11° de hussards est entaché de sang français....Outre le jugement des six hussards du 11ème régiment, vous constaterez l’imprécision, le peu de sérieux et le peu de cas que l’on fait des vols commis, des mauvais traitements et du meurtre de Pierre Monnoir de la Commune de L’Auréole (La-Chapelle-Saint-Sauveur). C’est un jugement mené « par dessus la jambe ». L’Officier public ne mentionne même pas les causes de la mort de Pierre Monnoir du hameau de la Bricaudière.

      On nous parle du meurtre du citoyen Laumonoir domicilié à la Brigaudière commune de l’Auréolle, qui aurait eu lieu le 8 pluviôse de l’an 3 (27 janvier 1795), alors que le décès a été enregistré à l’état civil, le 3 germinal de l’an 3 (23 mars 1795), à 9 heures du matin… S’agit-il vraiment de Pierre Monnoir ? Beaucoup d’éléments plaident en sa faveur.

     

    Voici la copie du jugement :

     

    « Egalité, Liberté, Justice.  

     

    Jugement rendu par le Tribunal-Criminel Militaire du deuxième arrondissement de l’ Armée de l’Ouest. 

    Qui, sur la déclaration du Juré, condamne les nommés Pierre Philippy, Jean Fouilly, et Charles Pinard, Hussards au onzième régiment, à la peine de deux années de fers ; et Nicolas Imbert, Jean Hayer, et Jean Cheneidre, aussi Hussards au même régiment, à trois mois de prison

     

    AU NOM DE LA LOI  

     

    Le 25 Germinal, troisième année républicaine.(14 avril 1795)  

     

    Vu la déclaration du Jury, portant qu’il y a lieu à accusation contre les nommés Pierre Philippy, âgé de 20 ans, natif de Bimsback,  district de Sarre-Libre, département de la Moselle, ; Jean Fouilly, âgé de 25 ans, natif de Chomely, district du Puy, département de la Haute-Loire ; Charles Pinard, âgé de 19 ans, natif de Souangy, district de Vitry, département de la Marne ; Nicolas Imbert, âgé de 18 ans, natif de Sarre-Libre, même district département de la Moselle ; Jean Hayer, âgé de 19 ans, natif de Molsing (Molsheim), district d’Agneau, département du Bas-Rhin ; et Jean Cheneidre, âgé de 19 ans, natif de Strasbourg, même district , département du Bas-Rhin, tous six hussards au onzième régiment ; 

    Vu aussi l’acte d’accusation dressé par le citoyen Olivier, officier de Police Militaire à la résidence d’Ancenis contre lesdits Pilippy, Fouilly, Pinard, Imbert, Hayer, et Cheneidre, prévenus d’être, le 8 Pluviôse dernier, sortis de leur cantonnement sans permission, de s’être portés en la commune de l’Auréolle, district d’Ancenis, et là Philippy, Fouilly et Pinard d’avoir attenté à la sûreté et à la propriété de plusieurs citoyens, en forçant les uns à leur donner des assignats, et en prenant chez les autres du pain, du lard, du beurre et de la graisse, d’avoir commis des voies de faits envers la veuve Minot, habitante de ladite commune, et de lui avoir volé la somme de 60 livres en assignats ; et Imbert, Hayer et Cheneidre, de s’être rendu les complices de ces délits en faisant vedette devant la maison de ladite Minot ; et Philippy, d’avoir en outre volé à la femme Bournancé, quatre mouchoirs de coton, et d’avoir commis un meurtre sur la personne du nommé Laumonoir, demeurant au village de la Brigaudière (Bricaudière), commune de l’Auréolle ; après avoir fait subir un nouvel interrogatoire, au moyen du Citoyen Brosse, Allemand, canonnier au cinquième régiment d’artillerie, qui leur a servi d’interprète, après avoir fait prêter serment aux citoyens Julien Vaillant, veuve Minot, Bourlier, plaignants, Julien Coy dit Camelot, Marchand, Perinne Giloteau, fille de Giloteau, laboureur ; Magdeleine Barbot femme Avrilleau, boulanger ; Anne Lohier, femme de François Gourmancé, charpentier; Etienne Lambert, Métayer ; Louis Brut, Métayer ; Jacques Langevi, Laboureur ; demeurant séparément en la commune de l’Auréolle, témoins ; et avoir reçu leurs dépositions orales ; après avoir entendu le Substitut de l’Accusateur Militaire, les accusés ainsi que leur conseil dans leurs moyens de défenses, et la déclaration du juré, portant : 

    Qu’il est constant que, le 8 pluviôse dernier, il a été attenté à la sûreté des citoyens sur diverses personnes de la commune de l’Auréolle ; 

    Qu’il n’est pas constant qu’il ait été commis des voies de fait sur la personne de la veuve Minot ;  

    Qu’il est constant qu’il lui a été enlevé dans son porte-feuille une somme de soixante livres en assignats ; 

    Qu’il est constant que les nommés Philippy, Fouilly et Pinard sont les auteurs de ces délits ; 

    Qu’il n’est pas constant qu’Imbert, Hayer et Cheneidre, aussi Hussards au même régiment, en soient les complices ; 

    Qu’il n’est pas constant que ces trois premiers Hussards aient forcé deux autres particuliers, à leur donner, à l’un une somme de cinq livres, à l’autre de leur montrer son portefeuille ; 

    Qu’il n’est pas constant  qu’il ait été volé chez différents autres particuliers, du pain du lard, du beurre et de la graisse 

    Qu’il n’est pas constant que Philippy ait enlevé à la femme Bournancé quatre mouchoirs de coton ; 

    Qu’il est constant que Philippy a commis un meurtre sur la personne du nommé Laumonoire, habitant de l’Auréolle ; 

    Qu’il n’est pas constant ait commis un crime avec des intentions criminelles ; 

    Qu’il est constant que Philippy, Fouilly et Pinard ont attenté à la sûreté de la veuve Minot, et qu’ils l’ont volée avec des intentions criminelles ; 

    Qu’il est constant que tous les six quitté leur cantonnement sans permission, et qu’ils ne sont pas excusables pour ce dernier fait. 

    Nantes le 25 Germinal, troisième année républicaine. 

    Signé Simoneaux père, chef du Juré. » 

     

    Donc ces braves militaires sont juste coupables d’avoir quitté leur cantonnement sans permission, pour le reste, c’est de la rigolade… Ils vont très bien s’en tirer, avec des peines légères, malgré la gravité des faits.

     

    « LE TRIBUNAL, après avoir entendu le Substitut de l’Accusateur Militaire sur l’application de la Loi, article XVIII de la section III du vol du code pénal militaire, du 12 mai 1793, vieux style en ce qui concerne lesdits Philippy, Fouilly et Pinard, ledit article conçu en ces termes : 

      « Tout militaire ou tout autre individu de l’armée, qui sera convaincu d’avoir attenté, en quelque lieu que ce soit, à la sûreté ou a la liberté des citoyens, sera puni de six mois de prison ; et s’il y a vol ou voie de fait, la peine sera de deux ans de fers ; et en cas d’assassinat il sera puni de mort ». 

    En premier lieu condamne lesdits Philippy, Fouilly et Pinard, à la peine de deux ans de fers, et ordonne qu’ils seront de suite transférés à la prison du Bouffai, à l’exception de Pinard qui, vu l’état de maladie qu’il éprouve, sera reconduit à l’hospice de l’hôpital militaire ; 

    En second lieu, par rapport aux dits Hayert, Imbert et Cheneidre ; après avoir également entendu le Substitut de l’Accusateur Militaire en ses conclusions tendant à ce qu’ils fussent condamnés à quatre mois de prison, par voie de police correctionnelle, en conséquence de l’article XIII, titre XIII du jugement et de l’exécution du Décret du 3 pluviôse, deuxième année républicaine, conçu en ces termes : 

    « Le Tribunal Militaire sera compétant pour prononcer les peines de discipline et de police correctionnelle, résultant des procès portés devant lui ; mais dans ce cas, le Président, le vice-Président et le Substitut de l’Accusateur Militaire, ou l’Accusateur si le Substitut a porté la parole dans l’affaire, se réuniront pour prononcer ; après avoir pris lecture de la déclaration des Jurés, et avoir entendu l’Accusateur Militaire ou son Substitut, ainsi que l’accusé et son conseil, s’ils veulent parler. »

     

    Le Vice-Président a requis la réunion de l’Accusateur Militaire et du citoyen Coulon, Officier de Police Militaire, appelé pour Juge, d’après la loi du 4 pluviôse dernier ; en conséquence lesdits Accusateur Militaire et Coulon, réunis au Vice-Président, s’étant retirés dans la chambre du Conseil pour délibérer, et étant rentrés ; 

     

    Vu la déclaration des Jurés, et ayant aucunement égard aux conclusions dudit Substitut, décharge lesdits Imbert, Hayer et Cheneidre, Hussards au onzième régiment, de l’accusation portée contre eux, relativement à l’attentat, à la sûreté, à la propriété des personnes, ainsi qu’au vol et voies de fait ; et néanmoins, qu’ils ont sorti de leur cantonnement sans permission, les condamne par voie de police correctionnelle à la peine de trois mois de prison, y compris le temps de leur détention.

    Ordonne au surplus que le présent jugement sera à la diligence dudit Substitut de l’Accusateur Militaire, imprimés au nombre de deux cents exemplaires, affichés par-tout où besoin sera, et envoyé au Conseil d’Administration du corps des condamnés.

     

    Fait en l’audience publique, les jour mois et an que dessus, où présidoit Fay, assistoient David, Vaugeois et Coulon, Juges ; présent Aude, Substitut de l’ Accusateur Militaire, qui ont signé. Ainsi signé au registre : Fay, David, Vaugeois, Coulon, officier de Police Militaire ; Aude et Berthet, faisant fonction de Greffier. 

     

    Pour copie conforme au registre.

    Papin Greffier. 

     

    A NANTES de l’Imprimerie Debrun Aîné, place de l’Egalité. »

     

    L’officier de l’état civil de la Chapelle-Saint-Sauveur, en Loire-Inférieure, n’enregistre aucun décès à la date du 8 Pluviôse de l’an 3 (27 janvier 1795) au nom de Laumonoir domicilié à la Brigaudière commune de l’Auréolle.

    Par contre, un décès au nom de Pierre Monnoir, domicilié à la Bricaudière est enregistré le 3 germinal de l’an III (23 mars 1795).

    Pierre Monnoir, laboureur, est décédé le 2 germinal de l’an III à 9 heures du matin à l’âge de 28 ans. Il avait épousé le 27 septembre 1790,  Anne Goffard et avait eu de cette union une petite fille, Anne-Perrine Monnoir décédée à l’âge de deux ans, le 19 nivôse de l’an III.

    Le recensement de 1795 de cette commune, nous informe que Anne Goffard s’est remariée à René Gautier et est toujours domiciliée à la Bricaudière.

     

    Le 11° de hussards est entaché de sang français....

       

     

    Sources : 

     

    . Archives Départementales de la Vendée. - Commissions et Tribunaux Militaires près l’armée de l’Ouest (oct 93-déc 95) class B1/337-339 – B1/338 C.M de Nantes et Ancenis (sept 94-déc 95) – SHD B1/338-5, vue n°4/5. 

    . Archives Départementale de la Loire-Atlantique, tous droits réservé, registres paroissiaux et d’état civil de la Commune de La Chapelle-Saint-Sauveur. Acte de décès de Pierre Monnoir de la Bricaudière, vue n°8/13. Recensement de l’année 1795, vue n°4/11.

    . Photo : Hussard en Vendée – Amicale des anciens du 8ème Hussards.. 

     

                                                                   

    X. Paquereau pour Chemins Secrets 


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