• La tour de la Bouëre....

    La tour de la Bouëre…

     

    Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas vu le soleil un dimanche après-midi. Si l’hiver a le charme de la brume et du mystère, on ne boudera pas le printemps. C’est donc vers la tour de la Bouère que notre promenade nous porta aujourd’hui.

    Située entre Jallais et la Poitevinière, c’est le seul vestige de ce que fut la demeure de la célèbre mémorialiste vendéenne, la comtesse de la Bouëre. La Bouëre fut incendiée le 30 novembre 1793 par le général républicain Desmarres et la comtesse nous raconte des détails très intéressants sur le sort des fermes voisines (p. 151 et sq).

    Le corps de logis, démoli dans les années 30 à fait place à quelques restes de pierrailles disséminées et à la tour qui subsiste, branlante et menaçant ruine. La chapelle et l’enfeu de la famille furent vandalisés.

    On retrouve sur le blog de "Vendéens et Chouans" deux articles.

    http://guerredevendee.canalblog.com/archives/2010/08/20/18854956.html

     http://guerredevendee.canalblog.com/archives/2012/02/25/23608624.html

    Nous invitons le lecteur à consulter le blog de mon épouse afin d'avoir un historique complet du château de la Bouère:

    http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/04/15/26930794.html

     

      

    La Bouëre sur une carte postale ancienne.

     

    La tour de la Bouère....

     

     

    La tour de la Bouère....

     

    La tour de la Bouère....

     

     

    La tour de la Bouère....

     

     

    La tour de la Bouère....

    La tour de la Bouère....

     

     

    La tour de la Bouère....

    Voici un extrait des Souvenirs de la Comtesse de la Bouère.

     

    « J'étais encore aux Aulnais quand eurent lieu les batailles de Gesté et de Beaupréau. Je ne retournai à La Bouëre que lorsque, l'armée ayant chassé les bleus, ceux-ci furent obligés de se réunir dans les villes en colonnes plus fortes ; cela donnait un peu plus de sécurité, et l'on était moins forcé de se cacher qu'au moment où ces colonnes traversaient le pays en tous sens.

    Ce fut alors que j'appris tous les détails de l'incendie de La Bouëre et de ses dépendances, par un de nos bordiers appelé Humeau qui habitait la Marseauderie, petite ferme située sur la paroisse de la Poitevinière.

    Cette borderie est placée sur un coteau assez élevé pour dominer entièrement la tour, le château, les cours de La Bouëre, ainsi que la métairie de ce nom qui se trouve dans le plan un peu plus éloigné. Ce coteau, dont le versant est assez rapide, aboutit à la petite rivière de Reprefond qui sépare la paroisse de la Poitevinière de celle de Jallais ; après ce cours d'eau se trouvent un pré, un canal et le mur d'enceinte de la cour du château de La Bouëre.

    Dans cette position, Humeau pouvait voir de chez lui, à travers les arbres qui le cachaient à l'ennemi venant de Jallais, tout ce qui se passait dans la perspective qu'il dominait.

    La métairie de La Bouëre était partagée en deux métayers qui n'avaient de commun que le corps de bâtiment qu'ils habitaient, mais leurs maisons étaient séparées, avec une entrée particulière pour chacun. Le nommé Gazeau était dans l'habitation la plus rapprochée du château, et le vieux Thomas dans celle à côté.

    Le 30 novembre 1793, le bonhomme Thomas toujours levé avant l'aube, de bon matin, vit passer le citoyen Lemonier, fils du procureur-syndic de Jallais, qui s'était mis volontairement dans une compagnie de guides destinée à diriger les colonnes dans le pays insurgé. Il faisait sans doute une reconnaissance suivi d'une faible escorte. Il demanda à Thomas : "S'il n'avait pas aperçu les brigands ? ajoutant : qu'il l'approuvait de rester dans sa métairie, l'engageait à n'en pas bouger, en l'assurant qu'il n'avait rien à craindre des républicains."

    Après cette recommandation, il retourna à Jallais. Quelques moments après, des tourbillons de fumée annoncèrent des incendies du côté de ce bourg ; bientôt, il n'y eut plus à douter que le feu se dirigeait dans la direction de La Bouëre.

    Les malheureux métayers, prévoyant le sort qui les attendait, se hâtent de jeter un peu partout les objets qui leur sont les plus utiles, linge, literies, ustensiles de ménage. Après avoir fermé la porte de sa maison, la famille Gazeau s'empressa de l'abandonner, ainsi que ce qu'elle possédait, s'attendant à voir tout consumé par les flammes, excepté les bestiaux qui étaient conduits dans les champs depuis le passage de la Loire. La famille du vieux Thomas avait pris les mêmes précautions ; au moment du départ, ce dernier dit à ses enfants : "qu'il voulait garder la maison." Ils eurent beau le conjurer de fuir, il répéta qu'il était décidé à ne pas s'éloigner, s'appuyant sur ce que lui avait dit Lemonier pour les rassurer sur son compte.

    Les coups de fusil et les tambours se rapprochaient tellement que cette pauvre famille était au comble de la frayeur et au désespoir de la résolution de Thomas. Alors Jean, un des plus jeunes fils, se dévoua, il engagea ses frères et soeurs à s'en aller tous, disant : "qu'il se faisait fort d'emmener son père." Le danger était si proche, que la mère et les enfants se décidèrent à partir.

    Lorsque Jean fut seul avec son père, Humeau aperçut de son observatoire les gestes de ce brave jeune homme qui réitérait ses instances, prenait son père sous le bras pour l'éloigner de la cour de sa maison, dont il avait pris la clef afin de pouvoir s'en aller tous deux immédiatement.

    Tout à coup les bleus fondent sur eux, il était trop tard pour les fuir ... Jean fut aussitôt massacré près de la haie en face de la métairie.

    Emu de cette scène tragique, les yeux pleins de larmes, Humeau ne distinguait plus rien au delà des soldats qui entouraient le vieillard. Comme il craignait d'être cerné d'après le grand nombre d'ennemis qui se répandaient dans la campagne, il s'éloigna pour se mettre en sûreté, d'autant plus que les bleus qui l'avaient aperçu tiraient des coups de fusil dans sa direction.

    Bientôt les flammes s'élevèrent de tous côté, des métairies, du château, de la tour de La Bouëre et des servitudes, l'embrasement était général ...

    Humeau voyant le toit paternel en feu sortit de sa retraite pour essayer d'éteindre l'incendie ; il était trop tôt encore, les soldats manquèrent de le tuer ou de le prendre, il fut obligé de laisser brûler sa maison et alla se blottir plus loin dans un genêt.

    Les fils Thomas quittèrent leur cache dès qu'ils le purent afin de sauver leur métairie, mais elle était déjà brûlée, celle à côté commençait à l'être, on empêcha son entière destruction. On ne retrouva que les membres épars du malheureux Jean, ce fut en vain qu'on chercha son vieux père. Ce n'est que tardivement, vers la pacification, qu'en déblayant les décombres de leur maison les enfants Thomas trouvèrent les cendres et les ossements calcinés de ce pauvre homme ; des débris de vêtements y étaient encore attachés. Il est probable que les bleus, après s'être emparés de la clef de la maison, l'avaient transporté à l'intérieur pour le faire brûler vif, s'il ne l'avaient pas tué avant ... »

    Nous poursuivons le texte et nous arrivons aux tentatives d’empoisonnement de la part de la république…

    « Les moyens les plus violents, les plus expéditifs et les plus cruels avaient été décrétés, le 1er août 1793, pour arriver à détruire tous les royalistes de la Vendée. Il en est un cependant que, par un reste de pudeur, la Convention n'a point consigné dans son décret : c'est celui du poison.

    Il n'y a pas de doute pourtant qu'il ne fut pas mis en oubli, au moins par les exécuteurs féroces de la Convention.

    Voici un fait connu dans le temps de tous les habitants de Jallais. Après la bataille du 11 avril à Chemillé, les chefs royalistes dépourvus de munitions de guerre, et se voyant cernés par les troupes nombreuses de la République, prirent le parti de faire une trouée vers Tiffauges. Rien ne s'opposant à l'invasion des Bleus, le général Berruyer vint à Jallais, où, par parenthèse, ses soldats pillèrent et dévastèrent plusieurs maisons. Ils furent obligés d'évacuer ce poste plus tôt qu'ils ne s'y attendaient ; après leur départ, des femmes de Jallais trouvèrent parmi différentes choses oubliées une espèce de boule en forme de poire, hermétiquement fermée, qu'elles n'osèrent ouvrir ; cette boule était en peau ou parchemin. Elle fut portée au médecin du lieu qui constate qu'elle contenait du poison, je croix, du sublimé corrosif ; aussitôt le bruit courut que les bleus avaient le projet d'empoisonner les fontaines et les puits.

    Ce qui donnerait lieu à ne pas repousser entièrement cette mauvaise pensée de la part des républicains, ce sont les deux lettres suivantes qui se trouvent dans l'ouvrage d'un ancien officier de la République, intitulé : Guerre des Vendéens et des Chouans, attribué à Savary.

    Lettre du général Santerre au ministre de la guerre, 22 août 1793, t. II, p. 5 :

    "Je ne saurais approuver, dit-il, la fabrication des piques, j'en regrette la dépense, j'en ai déjà soixante mille de faites qui ne serviront à rien. Je n'approuve pas non plus la levée en masse, cela serait dangereux à cause des subsistances. Il vaudrait mieux distribuer cette levée dans les places et les postes. Des mines ! ... des mines ! ... à force ! ... des fumées soporifiques ... et puis tomber dessus."

    Lettre du général Rossignol au Comité, 11 novembre 1793, t. II, p. 33 :

    "Je fais tous mes efforts pour détruire tout ce qui attente à la liberté, mais il y a encore des hommes humains, et en révolution c'est un défaut. Il serait à désirer pour le bien, en mesure générale, que l'on envoyât près cette armée le citoyen Fourcroy, membre de la Montagne, pour nous aider de ses lumières, et enfin parvenir à la destruction des brigands, c'est le sentiment d'un de vos collègues qui connaît son talent en chimie."

    L'auteur des Guerres des Vendéens et des Chouans, après l'insertion de la lettre de Santerre, ajoute ses propres réflexions en ces termes :

    "Des mines dans la Vendée, des fumées soporatives, ... il n'y avait point à cette époque de rêveries qu'on ne fût tenté d'essayer contre la Vendée. Je me rappelle d'un adepte, se prétendant physicien alchimiste, présenta aux députés qui se trouvaient à Angers une boule de cuir remplie d'une composition dont la vapeur, dégagée par le feu, devait asphyxier tout être vivant. On en fit l'essai dans une prairie où se trouvaient quelques moutons que la curiosité attira vers le lieu de l'expérience, personne n'en fut incommodé."

     

    Nous ne sommes pourtant pas là au moment des colonnes infernales mais plutôt dans les débuts du conflit. Il est donc on ne peut plus clair que très tôt, toute opposition au nouveau système politique devait être exterminée de la manière la plus radicale possible.    

    Un autre extrait plus connu, toujours sur le blog de mon

    épouse: http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2013/03/22/26715144.html

      

     RL

    Avril 2013

     


  • Commentaires

    8
    Lundi 24 Février 2014 à 21:29
    7
    hardellière
    Lundi 24 Février 2014 à 19:20

    Merci, si vous avez des photos de la tour intérieur, ce serait sympa de nous en faire profiter. J'ai appris aujourd'hui que la chaperonnière a été divisée en trois lots et été rachetée par des gens de la région, je vais essayer de savoir à qui elle appartient.

    6
    Dimanche 23 Février 2014 à 22:17

    Pour la tour de la Bouère, elle est effectivement clôturée, probablement pour des raisons de sécurité. Pour la Chaperonnière, j'avais eu la chance, il y a une dizaine d'années de monter dans les combles et de voir l'endroit précis où le fils de Cathelineau fut pris et assassiné. Il faudrait que je recherche dans mes anciennes photos.

     

    5
    hardellière
    Dimanche 23 Février 2014 à 20:38

    bonjour: cet après midi je suis allée à jallais pour visiter la tour du château de la bouëre mais on ne peut pas y entrer, le terrain est clôturé. Après je suis allée voir au château de la chaperonnière mais il ne se visite plus. Les gens qui habitent à côté m'ont dit qu'ils ouvraient  à la journée du patrimoine mais ils ont cessé de le faire l'année dernière, dommage.

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    4
    Dimanche 16 Février 2014 à 17:51

    Vous faites comme vous voulez, mais personnellement, n'étant pas républicain, je ne vois pas ce que j'irai faire dans un bureau de vote. Pour le reste, quoique soit votre choix, vous ne ferez que faire alterner la peste ou le choléra, le tout dirigé par des diktats européens qui n'ont au passage absolument rien de démocratique.

     

    Le système est verrouillé et quoique soit votre vote, ce sera toujours pour plus de taxes pour engraisser ces messieurs qui se moquent parfaitement de votre avis et pour qui vous n'êtes que des vaches à lait, "taillables et corvéables à merci", selon l'expression consacrée.

    Je pense qu'il se produira à moment donné des événements graves, même si actuellement les français sont bien trop gavés de propagande du journal de vingt heures pour réagir. Ceci dit, est-ce pour autant souhaitable de voir déferler des vagues de violence, comme il y en eut autrefois au cours de l'histoire ? Ce ne pourrait être alors qu'un soulèvement à l'échelon européen, avec toutes les conséquences dramatiques qui en découleraient.

    Personnellement, je ne cautionne pas la violence, mais je crois qu'elle finit toujours par surgir et qu'elle finit par se faire piloter par des mouvements politiques quelconques, ce qui mène forcément au chaos et à des haines à n'en plus finir. C'est là, tout le noeud du problème, comment gérer et arbitrer une nation d'une manière pragmatique tout en se débarrassant de ces deux idéologies totalement éculées que sont le capitalisme et le marxisme ?

    3
    hardellière
    Dimanche 16 Février 2014 à 13:12

    Merci le loup, mais alors pour qui voter? et est-ce que c'est encore utile d'y aller ?

    2
    Samedi 15 Février 2014 à 23:56

    Pour l'instant, certains ont la trouille et commencent à s'inquiéter de mouvements qui se sont organisés un peu de la même manière que le leur. C'est pourquoi, certains tentent de dévoiler leurs cartes, un peu trop tôt, d'ailleurs, et sans compter la zizanie qui s'installe petit à petit dans certaines loges.

     

    La franc-maçonnerie "de droite" poursuit les mêmes buts, mais avec moins de maladresse que celle de "gauche".

    Mine de rien, il y a 700 ans qu'ils essaient de tuer le catholicisme et même s'ils ont parvenus à le diminuer, le tuer est pour eux un rêve qui restera inaccessible.

    1
    hardelliere
    Samedi 15 Février 2014 à 23:17

    Je viens de lire ce très beau livre et j'ai pleuré comme une madeleine car j'ai grandi dans une ferme voisine des aulnais jagus, là où madame de la bouëre s'était réfugiée. C'est vraiment très bien écrit et dans le moindre détail qu'on à l'impression d'y être.  Il y a sur youtube une vidéo " vincent peillon avoue qu'il veut tuer le catholicisme" Ces fumiers de francs macs !!! jusqu'où iront-ils?

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