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La mystérieuse histoire des cloches de la Boissière-Thouarsaise...
La mystérieuse histoire des cloches
de la Boissière-Thouarsaise...
Passionné par les Guerres de Vendée, les vieux chemins et les paroisses disparues, je vous propose quelques endroits oubliés, tantôt le théâtre de faits héroïques, tantôt mystérieux ou inquiétants. Tous ces endroits ont le point commun de se situer sur le territoire de la Vendée Militaire.
Commencons, si vous le voulez bien par le village disparu de la Boissière-Thouarsaise près de Parthenay.
Tout d’abord repérons-nous sur une carte. Situons d’abord la paroisse de Lageon, 9 kms au Nord de Parthenay. A l’Ouest de Lageon est indiqué un minuscule hameau : « La Boissière-Thouarsaise » . Cette paroisse disparue fut transférée à Lageon par un arrêté préfectoral du 7 octobre 1896 qui du même coup donnait « Lageon » comme nouveau nom à la commune. Lageon n’était jusqu’ici qu’un gros hameau qui finira pas être plus important que sa paroisse de rattachement. Les amateurs de châteaux fort et autres « pierrailles » passionnantes connaissent tous le magnifique château de Tennessus qui se trouve à proximité immédiate (1). Pour qui envisage une promenade à la Boissière-Thouarsaise, il doit s’attendre à trouver une église quasiment au milieu des champs. Cet édifice, placé sous le vocable de Saint-Benoît, est daté du XIII° siècle et remanié au XVI° et XVII°. Il est protégé par les monuments historiques malgré le lierre qui l’enserre et le « désordre agricole » qui l’entoure de toutes parts. Des peintures ornent la nef et on y trouve des pierres tombales des XVII° et XVIII° siècle (2).
Une légende tenace nous apprend que dans les derniers jours de frimaire an II (mi-décembre 1793) les cloches furent descendues du clocher de l’église Saint-Benoît pour être amenées à Parthenay. Les citoyens Macé le jeune et le teinturier Lary eurent maille à partir avec les habitants de la Boissière-Thouarsaise, particulièrement hostiles à cet enlèvement de cloches. Ils repartent donc précipitamment vers Parthenay emportant avec eux les cloches. Le convoi se renverse deux fois de suite dans les mauvais chemins de la Gâtine profonde. Nos compères prennent peur car il se pourrait bien se trouver quelque mauvaise rencontre pas très « révolutionnaire » dans ces chemins. Ils se débarrassent donc de leur embarrassant convoi en le jetant dans le Cébron tout proche. Quelques semaines plus tard, des religieuses réfugiées dans le château de Puyrenard non loin de là, sur la paroisse de Viennay sont en train d’assister à la messe clandestine d’un prêtre réfractaire. Le prêtres et les religieuses sont massacrées par les soldats « du progrès ».
Dans les années qui suivirent, des histoires de « coin du feu » commencèrent à se raconter. Chaque nuit de Noël, dans les souterrains du château de Puyrenard se déroulerait une terrifiante procession composée du spectre du curé et des sœurs. Pendant ce triste événement les cloches enfouies au fond du Cébron se mettraient en branle mystérieusement. Jusqu’au début du XIX° siècle et peut-être encore de nos jours, de nombreux habitants du pays sondaient le lit de la rivière pour essayer de retrouver les cloches…
L’église de la Boissière-Thouarsaise réouvrira ses portes en 1803 avec l’abbé Dubois, ancien curé de Sérigny dans la Vienne. Jussay, et le prieuré-cure de la Boissière avait été acheté par Jacques Fradin d’Amailloux le 1er germinal, an II (vendredi 21 mars 1794) pour 425 livres. La métairie de la cure saisie sur le « ci-devant Chasteigner de Tennessue », fut vendue pour 1 050 livres à François Bonnin Guion, un cultivateur de Lageon. La métairie du Bois est vendue pour 6 000 livres à Jean Bernard tandis qu’un Chasteigner de Tennessue achète pour les remettre plus tard à leurs anciens propriétaires divers biens provenant de la cure et de la chapelle dite des Pineaux. Là encore, des habitants de la Gâtine furent victimes des prisons de Niort. René Vergneau et Berthelot sont morts le 7 décembre 1793, Pierre Benon âgé de 21 ans, est mort le 12 mars 1794… Le curé Bonnet, accusé d’incivisme, fut déporté. (3)
A Celui-ci, succède Antoine Rousillion à partir de septembre 1791. Il signe les actes en temps que curé de la Boissière-Thouarsaise jusqu'à fin 1792. Membre du conseil général de la commune, il fut élu le 9 décembre 1792 pour dresser les actes relatifs aux naissances, mariages et décès. A partir de janvier 1793, il signera "Antoine Rousillion officier public" jusqu'au 12 nivôse an II (dimanche 1er janvier 1794). Il disparaît à partir de cette date et il n'y a plus de registres. Ceux-ci reprennent en l'an VI d'une manière très parcimonieuse.
Pauvres villages oubliés, trop petits pour que l’on raconte leur histoire. Point de grandes gloires, mais des tas d’anecdotes, des tas de choses qui mises bout à bout n’en finissent pas d’éclairer la nuit du passé comme autant de veilleuses allumées dans les chemins du Poitou. Racontons, racontons encore tous ces vieux souvenirs poussiéreux. Souvenons-nous, souvenez-vous que chaque mètre carré de la Vendée doit être exploré et que ce beau pays ne se résume pas à quelques objets prisonniers derrière la vitre froide d’un musée. D’aucuns passeront leur dimanche devant la télévision…. D’autres courront les chemins…
RL
Juillet 2009
Article remis à jour
juillet 2015Lien sur le blog de la "Maraichine Normande" :
Nous avons retrouvé l' entrefilet suivant dans la Revue Poitevine et Saintongeaise, Editions Lacuve, Melle, année 1891.
Notes :
(1) Le château de Tennessus, remarquable par son pont-levis, ses douves et son décor intérieur date du XIV° siècle et fait partie de ces châteaux forts poitevins (Saint-Mesmin, etc…) qui peuplaient en grand nombre notre pays. Il se trouve actuellement sur la commune d’Amailloux.
(2) Propriété privée. Malheureusement cette église ne se visite pas. Le presbytère était à côté de l’église.
(3) La justice révolutionnaire à Niort, Antonin Proust, 1874, p. 91 et 94.
C'est peut-être par ce chemin que les bleus ont emmené les cloches...
S'ils les ont jetées dans le Cébron à cet endroit, la profondeur d'eau ne devait sans doute pas être celle d'aujourd'hui... Il ne s'agit bien entendu que d'une hypothèse et de beaucoup d'imagination...
L'église, toujours à l'état d'abandon (propriété privée)
Un lecteur (cf commentaires de l'article) m'avait fait part de la présence amusante d'un "vase de nuit", scellé sur le clocher et permettant de maintenir la croix. L'anecdote se vérifie...
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Commentaires
27gedeonMercredi 20 Avril 2016 à 21:44J'avais rendez-vous avec le propriétaire de l'église , ce dernier n'a pas donné suite , cette dernière est en vente.
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Dimanche 24 Avril 2016 à 20:34
Gédéon : j'ai répondu à votre mail mais je n'ai pas l'accusé de lecture. Votre messagerie ne nous passerait-elle pas dans les spams ?
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maDimanche 24 Avril 2016 à 19:19gedeon, je vous ai envoyé un mail sur votre boite perso.
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maSamedi 23 Avril 2016 à 07:29en savez vous plus sur la mise en vente de l eglise?
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Mercredi 20 Avril 2016 à 21:57
Mon adresse mail : richard.lueil@wanadoo.fr
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26Christophe GuyonnaudDimanche 17 Avril 2016 à 23:08Connaissant bien Puy Renard , il y a en effet une belle cave voutée mais jamais vu de souterrains .............
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MALundi 25 Avril 2016 à 12:31
Bonjour Christophe,
Que pouvez vous nous faire découvrir sur Puyrenard : architecture? histoire?...?
Ca nous intéresse de mieux comprendre cette ferme anciennement chateau...!
Merci
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MASamedi 23 Avril 2016 à 08:39
Bonjour Gédéon,
Est il possible de communiquer avec vous par boites mails persos?
Merci.
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gedeonMercredi 20 Avril 2016 à 21:38
Le souterrain est dans un champs à environ 150 mètres et part dans 3 directions.
J'y suis descendu au mois de juin de l'année dernière
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MAMercredi 20 Avril 2016 à 10:54
Bonjour,
Je lis que vous connaissez bien Puyrenard. Nous en sommes les nouveaux propriétaires et sommes preneurs de toute information historique, architecturale,....que vous pourrez nous donner dessus
Merci!
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25BOSSARD JPVendredi 29 Janvier 2016 à 21:30J'aime bien cette histoire . Mes ancêtres ont vécu ici . Les Faucher,Morin...
Et j'irais voir cette croix et ce cimetière et l'âme de ces chemins creux ...bientôt jpbBonjour à Gédéon. Je vous avais envoyé un mail qui a sans doute passé dans vos spams.
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gedeonMercredi 20 Avril 2016 à 21:41
effectivement jamais reçu votre courriel. N'hésitez pas à reprendre contact .
J'ai obtenu l'autorisation de prospecter afin de chercher les cloches , mais en aucun cas
je ne pourrai les sortir de l'eau......
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Grand merci cher monsieur de votre intérêt et ce serait avec grand plaisir que j'aimerai vous rencontrer et discuter de tout cela sur place. Je pense que je vais vous contacter vers la fin de l'été.
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maJeudi 14 Avril 2016 à 18:14pouvons nouscommuniquer par boite mail perso svp?
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Lundi 11 Avril 2016 à 20:25
Bonjour,
Sur l'historique de Puy-Renard, je ne possède qu'une petite notice dans l'ouvrage "Châteaux, Manoirs et logis, les Deux-Sèvres", 1998. Si cela vous intéresse, je peux vous la scanner. Pour ce qui est du souterrain, je n'ai fait que reprendre des notices historiques qui mentionnent l'anecdote que vous avez lue. "Gédéon" qui avait commenté cet article n'a pas donné suite à se proposition de visite. Je ne me suis donc jamais rendu à Puy-Renard.
A votre disposition,
RL
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maLundi 11 Avril 2016 à 20:00bonjour et merci beaucoup pour votre article qui nous interesse d autant plus que nous venons d acheter le chateau de puyrenard. pouvez vous nous dire ce que vous savez dessus? merci!
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22gédeonDimanche 26 Juillet 2015 à 22:06Je m'intéresse depuis peu à ces histoires , particulièrement celle ci !
Merci pour ces informations ! quant à la présence des cloches , j'arrive aux mêmes conclusions sur l'endroit probable de leur présence....J'ai exploré depuis peu le souterrain de puyrenard avec l'autorisation du propriétaire sur lequel se situe la sortie du souterrain.
Si d'aventure vous êtes intéressés , envoyez moi un courriel
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gedeonMercredi 20 Avril 2016 à 21:46
vous pouvez m'envoyer un mail , je ferai en sorte d'y répondre rapidement !
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maLundi 11 Avril 2016 à 19:51Bonjour,
Le chateau de puyrenard aurait des souterrains?nous venons d acheter le chateau et sommes tres interesses par ce que vous nous apprenez. pouvez vous nous en dire plus?
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Bonjour et merci pour vos encouragements. Au départ j'avais publié ce petit texte dans la revue d'une association d'histoire régionale. Bien heureux qu'il vous ait plu.
Vous ne pouvez pas mettre de photos en tant que visiteur, en revanche, je peux vous communiquer mon adresse mail si vous voulez m'en envoyer. Il y a quelques photos de Tennessus à la 2° page du blog (page 36 actuellement). Ce qui au départ devait être un blog personnel pour quelques photos à pris nettement de l'ampleur... LOL.
Bonne journée et à bientôt peut-être.
20AmandineMSamedi 29 Décembre 2012 à 13:24Merci pour Loup! Pour toutes ces informations... La suite on attend d'autres récits!? J'ai découvert l'église hier et c'est vrai on se demande comment est-ce possible qu'elle soit accaparée par une ferme et pas restaurée comme elle le mériterait... L'imagination part au galop et on aimerait lire plus de blogs du genre.. Ai des photos du château de Tennessus que mes proches ont partiellement restauré! Un bijou du 13eme.. Où les poster sur votre blog? Amicalement, amandineL'anecdote est savoureuse....
Pour le reste, je m'intéresse effectivement de très à tous ces vestiges d'anciens villages et si j'avais pu visiter l'église de La Boissière-Thouarsaise, c'aurait été avec grand plaisir. Je vais vconserver avec soin votre commentaire qui complète ainsi cet article à merveille...
18Pépé 79Samedi 4 Février 2012 à 14:37Loup
Votre intéret pour l'église de La Boissière Thouarsaise m'encourage à vous dévoiler un "secret" d'une grande importance achitecturale ...
Au sommet de son clocher , le socle de la croix métallique (tache blanche sur votre cliché) n'est autre qu'un... vase de nuit, malice iconoclaste de couvreurs soucieux d'assurer l'étanchéité du clocher et la fixation de la petite croix !
Rien n'atteste de massacres partculiers de la part d'une colonne infernale dans ce coin. Toutefois, le bourg d'Amailloux tout proche avait été incendié dès 1793. Une chose est certaine, on doit la disparition de ces villages au dépeuplement général de la contrée... Merci pour ce commentaire, cela signifie que ce blog intéresse un peu...
16Pépé 79Jeudi 2 Février 2012 à 18:46La disparition du bourg de La Boissière Thouarsaise, autour d'une église qui manifestement avait été agrandie, ne serait-elle pas le résultat du passage d'une "colonne infernale"?
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Bonsoir. Je découvre cette histoire en faisant de la généalogie sur les familles de mon mari : AUDEBAUD/MORTEAU. Merci de vous pencher sur les "petites ou grandes" histoires de ce pays qui en regorge, mais restent encore trop inconnues. Ce n'est pas facile de faire parler les gens de ce pays... Bravo, continuez.