Sur les chemins de Galerne…

Jacques-Philippe Alexis de la Chaume, prêtre jureur.

Jacques-Philippe Alexis de la Chaume a été curé de Chacé près de Saumur, de 1782 à 1792.

  Jacques-Philippe Alexis de la Chaume est né à Angers, paroisse de la Trinité, le 27 juillet 1728. Il est le fils de « Maîstre Jacques-Philippe Alexis Sieur de la Chaume, contrôleur au bureau des Tailles de la ville d’Angers et de Dame Marie Leroy » ou Roy.

  C’est un prêtre génovéfain*. Il prend en charge la paroisse de Chacé le 15 janvier 1782 et succède à Monsieur le curé Drouyneau.

* Chanoine régulier de l’Ordre de Saint Augustin – Sainte Geneviève.

  « Clergé pendant la Révolution ; Le curé Alexis de la Chaume, en fonction depuis 1782, prêta le serment puis déposa ses lettres à la cessation du culte, se maria et résidait en fructidor de l’an II près de Thouars avec son épouse. »

  « Génovéfain, il prête le serment le 13 février 1791. En 1803 il est domicilié à Thouars et écrit à Giovanni Battista Caprara, cardinal et archevêque de Milan (1733-1810), pour lui dire qu’il a prêté serment, qu’il s’est marié et est veuf depuis quelques mois.

  Il désire rentrer dans le sein de l’Église et demande à être absous des censures. Il prie d’adresser la réponse à M. Goirand, ancien curé de Saint Laon de Thouars. Il reçut une réponse positive.

Goirand était lui-même génovéfain et vénérable de la Loge du Grand Orient de Thouars, « l’Etroite Union ».

  Marié le 28 floréal de l’an II (17 mai 1794) avec Catherine-Jeanne Audebert, du 24 septembre 1790 au 17 novembre 1790, il signe les actes Alexis, curé de Chacé. Il fait plusieurs fois de même en 1791. Il baptise à Chacé jusqu’en 1798. Il se retire à Saint Jacques près de Thouars.

  Voilà ce que nous disent les archives portées à notre connaissance.

  Maintenant, essayons d’y voir un peu plus clair au sujet de la situation du curé Alexis de la Chaume...

  Au sujet de son « épouse » :

  Catherine-Jeanne Audebert est née le 6 novembre 1734 à Thouars. Elle est la fille de Gilbert Audebert, Procureur et notaire au siège de la Pairie de Thouars et de Dame Catherine-Jeanne Tiffeneau.

  Le 16 septembre 1790, demoiselle Catherine Audebert représente la marraine lors de la bénédiction d’une cloche nommée Radegonde-Sophie en la paroisse de Chacé. Nous pouvons en déduire que Catherine Audebert est déjà « dans les petits papiers » de Monsieur le curé, j’irais même jusqu’à dire que c’est tout simplement sa « bonne ». Ce qui laisse déjà supposer une liaison durable de 1790 jusqu’au mariage de 1794, c’est à dire bien avant la prestation de serment et la dépose des lettres de prêtrise et peut-être même, bien avant 1789.

  En effet, en 1789, Monsieur le curé est âgé de 61 ans et Demoiselle Catherine de 55 ans… Le 28 floréal de l’an II ne sera en fait qu’une régularisation de la situation.

  « Ce seize septembre 1790 a été faite la bénédiction de la première cloche nommée Radegonde-Sophie, par moi soussigné curé de Chacé, la permission obtenue de Monsieur de Villeneuve Vicaire de Monsieur l’Evêque d’Angers, le parrain a été Monsieur Claude Gaspard Cahoüet et la marraine, Dame Sophie de Pignerole épouse de Monsieur Valois, lesqules parrains et marraines ont été représenté par Monsieur Nicolas Bodouin et Demoiselle Catherine Audebert, à laquelle cérémonie ont assistés la municipalité et les marguilliers et plusieurs autres qui ont signés avec nous. 

signatures : Delachaume curé de Chacé.- Catherine Audebert – Baudoüin – Sophie de Pignerolles-Valois – Jean Chasle officier municipal – Cahoüet de Comlie – et Chasle officier municipal. »

  Catherine Audebert épouse le 28 floréal de l’an II (17 mai 1794), à Chacé, à l’âge de 60 ans, Monsieur le curé, Jacques-Philippe Alexis de la Chaume, âgé de 66 ans. En 1798 le couple se retire à Saint Jacques de Thouars et Catherine Audebert décède à Thouars, le 25 juin 1803 (6 messidor an XI) : « Epouse de Alexis la Chaume, rentier. »

  Jacques La Chaume est décédé le 30 nivôse de l’an XIII (20 janvier 1805) à Thouars. Il est dit prêtre, âgé de 77 ans.

  A présent, parlons un peu de l’ami du curé de Chacé, le chanoine Abel-Antoine Goirand.

  Abel-Antoine Goirand est aussi un génovéfain, c’est à lui qu’est adressée la réponse du nonce Apostolique Caprara, c’est un ami de la Chaume…

  Mais cet ami est franc-maçon, en 1788 il est le vénérable de la loge du Grand Orient de Thouars : la loge de l’Etroite Union. De là à dire que beaucoup de génovéfains sont francs maçons, il n’y a qu’un pas.

  A ce sujet, la signature de Goirand est accompagnée des trois points et des lignes parallèles, détail que j’avais déjà évoqué dans un billet précédent au sujet des signatures maçonniques.

  Abel-Antoine Goirand est né le 22 mars 1740 à Angers et décédé le 15 janvier 1809 à Thouars. Il est prêtre chanoine régulier, prieur de l’abbaye Saint Jean l’évangéliste de Métinais. Il est le fils de Abel-Elie Goirand sieur de la Grand Maison et de Jeanne-Geneviève Poirier de la Boissière. A ses heures perdues, il est le Vénérable de la loge maçonnique de la ville.

  La ville de Thouars est bien connue par l’activité de la secte maçonnique. Dernièrement les intolérants maçons nous ont fait une grosse colère à cause de leur arbre de la laïcité (encore un), planté en 2014 et qui a été scié en ce début 2021. Ce ne sera ni le premier, ni le dernier, ce n’est qu’un début.

  C’est donc une vieille ville de tradition maçonnique, la loge les Coeurs Réunis en la Triple Egalité a été fondée en 1786, suivie de l’Etroite Union dont le Vénérable était un curé au moment de la Révolution.

  A sa mort, le 15 janvier 1809, paroissiens et notables lui rendent hommage. Lors de ses obsèques, le maire de Thouars, Louis Richou, évoque Abel Goirand « ce pasteur qui ne prononça jamais que des paroles de sagesse et de paix ».

  Pour terminer, je voudrais parler d’un autre génovéfain : Alexandre-Guy Pingré, un  autre traître à l’Église. Ce chanoine génovéfain fut second surveillant du Grand Orient de France et fut affilié aux loges de Rouen et du Havre lors de sa mission de reconstitution des loges normandes ; grand orateur du GODEF et vénérable de la loge « Les Coeurs Simples de l’Etoile Polaire ».

  Comme vous pouvez le constater, ça fait quand même beaucoup de prêtres de cette congrégation passés à l’ennemi.

Sources :

. Archives Départementales de Maine-et Loire tous droits réservés – Etat civil de Chacé – signature de Catherine Audebert. Bénédiction de la cloche Radegonde à Chacé le 16 septembre 1790, vue 149/187 (signatures). Mariage 1794 vue n°20/222 – Alexis de Chaume et Catherine Audebert.

Registres paroissiaux de la Trinité d’Angers vue 32/174 année 1728.

.Archives départementales des Deux-Sèvres – ville de Thouars registres paroissiaux année 1734 baptêmes vue 413/447 Catherine Jeanne Audebert.

Signatures de Goirand, Prieur curé de Saint Laon de Thouars – vues 106/146 année 1787 et 130/146 année 1787. Décès 1805 - Jacques La Chaume – vue 106/365. Décès 1809, Goirand - vue 250/365.

. Alexandre-Guy Pingré – Wikipédia.

. Archives Diocésaines – Angers. - Abbé Alexis de la Chaume.

. Dictionnaire Historique de Maine-et-Loire – Célestin Port – Tome I – page 606  Chacé.

. Prêtre patriote prêtant de bonne foi le serment civique. Estampe relative à l’histoire de France, tome 124 – Paris 1790 - BNF département des Estampes et de la photographie – Bibliothèque nationale de France.

Xavier Paquereau pour Chemins Secrets