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Par Le Loup le 23 Décembre 2012 à 21:16
Le Tablier dans la tourmente…
Poursuivons nos pérégrinations dans les villages oubliés, et parlons cette fois-ci du Tablier. Situé à la limite du pays bleu et entouré de villages favorables au nouveau régime d’anarchie qui s’est installé en France, le Tablier sera désigné comme chef lieu de canton pour un temps assez éphémère. En effet, les gens du village avaient choisi de se ranger sous la bannière de l’ordre établi et de monsieur Saignard de Saint-Pal. Cela ne fut pas sans heurts avec les villages voisins de ce Sud-Vendée qui préférait le grand foutoir révolutionnaire.
Il est bon de savoir que le centre du village n’avait pas alors la même physionomie qu’aujourd’hui. L’église incendiée par la colonne infernale de Huché fut en effet désorientée comme on peut le voir ci-après. Justement, il subsiste encore un triste souvenir de cette colonne infernale de Huché sur la route de Rosnay : la croix Potier, érigée par la famille du même nom suite à un vœu exaucé et qui nous rappelle l’emplacement d’un massacre de gens du village.
Une femme du Tablier, nommée Martineau fut enfermée avec treize autres personnes dans le moulin du Plessis de Rosnay auquel les républicains mirent le feu. Tout le monde périt brûlé vif.
A l’extrémité Sud de la paroisse, une autre curiosité concernant cette triste époque, le village de la Combe aux Loups. C’est ici, que bon nombre de non-combattants, femmes, vieillards, enfants et blessés ont dressé un petit camp de fortune. L’endroit est très vallonné et cette population apeurée se cache dans des huttes construites dans l’urgence ou sous des charrettes renversées. Ils vivront là pendant plusieurs mois, en haillons, manquant de tout mais à l’abri des massacreurs tricolores. L’endroit sera bénéfique à d’autres proscrits, plus tard au cours de l’histoire, puisqu’il abritera des résistants pendant la seconde guerre mondiale.
Pour une documentation nettement plus complète voir le blog de "La Maraîchine normande" ici et là.
RL
Décembre 2012, avant veille de Noël.
L’église du Tablier aujourd’hui et sur le cadastre de 1811. On voit nettement la désorientation de l’église et la place actuelle qui n’était autre que l’ancien cimetière.
Le logis de monsieur de Saint-Pal.
La Croix Potier, lieu de massacre par la colonne infernale de Huché. Ci-dessous, la Combe aux loups...
La Combe aux Loups, lieu d’un campement de fortune pour les habitants du Tablier…
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Par Le Loup le 20 Décembre 2012 à 22:25
Fin d’année…
Un grand merci à mon épouse pour sa précieuse collaboration, à tous ceux qui lisent ces pages régulièrement et à ceux qui commentent quelquefois.
Nous pensons organiser quelques promenades sur des lieux méconnus de la Vendée historique avec quelques amis de ce blog et de celui de la « Maraichine Normande » :
http://shenandoahdavis.canalblog.com/
Nulle cotisation ou engagement à quoi que ce soit ne sera demandé. Il suffit de me mettre un commentaire quelque part sur ce blog en renseignant votre adresse mail qui, bien entendu n’apparaitra pas sur le blog afin qu’à mon tour, je puisse vous contacter.
Pour 2013, les petites études vont continuer, tranquillement, au rythme des chemins creux, sans polémique politicienne, juste avec des faits.
Joyeux Noël dans la paix à tous.
RL
Décembre 2012
3 commentaires -
Par Le Loup le 5 Décembre 2012 à 21:18
Les égorgés de Saint-Germain-sur-Moine…
S’il est facile de résumer le génocide vendéen aux villages des Lucs, de Chanzeaux et de la Gaubretière, n’en oublions pas pour autant que c’est tout le territoire qui eu à subir les monstruosités révolutionnaires.
On ne parle pas de Saint-Germain-sur-Moine, tout juste peut-être quelques mots sur Wikipedia où l’on parle de 4 femmes et 6 enfants tués. La vérité est toute autre. Voici le registre découvert par ma femme il y a quelques jours. Son article est ici.
Ce n’est pas seulement le 22 mars 1794 qu’il y eut des massacres comme nous allons le voir ci-dessous.
Noms de ceux qui ont été surpris et égorgés par l'armée républicaine le Cinq février (sic) :
Jeanne MENEUX, âgée anviron dix huit ans, fille de défunt René MENEUX et de Jeanne BOISSINOT
Joseph MANY, âgé de cinquante huit ans, charpentier, époux de Jeanne GOILOT
André MERAND, closier, âgé de cinquante ans, époux de Jeanne BAUDRY
René MARCIAL, marchand cabaretier, âgé de quarante quatre ans, époux de marie ARIAIL
René BOIZI, voiturier à St Gille, âgé d'anviron quarante trois ans, époux de Marie RIPOCHE
Pierre RACINEUX, laboureur à la Roulière, âgé d'anviron soixante sept ans, veuf de Renée BOISDRON
Joseph BOPY, sabotier au Boshardy, âgé de quarante ans, époux de Renée DAVID
Jean FLEURIE, closier, au Boshardy, âgé d'anviron cinquante huit ans, époux de Perrine BLANVILAIN
Pierre BARRÉ, voiturier à St Gille, âgé d'anviron trente quatre ans, époux d'Anne POHEN
Jean BRAUD, closier à la Mocatrie, âgé d'anviron quarante cinq ans, époux de Marie DURAND
Pierre CHOLET, maréchal à St Gilles, âgé d'anviron soixante ans, époux de Marie CHAUVEAU
Marie CHAUVEAU, âgée d'anviron soixante deux ans, épouse du dit CHOLET cydessu
Marie CHOLET, fille de Pierre CHOLET et de Marie CHAUVEAU cydessu
Témoins : Michel Merand et Julien Raffeneau - Signer : Denis, Maire
Le 22 mars 1794 - Furent surpris et égorgé par les armées républicaines, les dénomés cy-après (sic) :
René GACHET, "Labn" à la Vannerie, âgé d'environ quatre vingt ans, veuf de Jeanne RIPOCHE
Marie CHUPIN veuve de Julien Raffegeau, âgée d'anviron cinquante huit ans
Jeanne RAFFEGEAU, fille de Julien Raffegeau et de Marie Chupin cydessu
Agathe RAFFEGEAU, femme de Jean CHAUVEAU, meunier, âgée de trente trois ans
Jean CHAUVEAU, fils de Jean Chauveau et Agathe Raffegeau, âgé de six ans
Julien CHAUVEAU, fils de Jean Chauveau et Agathe Raffegeau, âgé de trois ans
Louise BOISDRON, femme de François Chauveau, farinier au moulin de la Fois (Foye), âgé de soixante ans
Michelle GABORIAU, femme de Julien Chauveau, farinier à la Fois (Foye), âgée de trente quatre ans
Marie CHAUVEAU, fille de Julien Chauveau et de Michelle Gaboriau, âgée de sept ans
François CHAUVEAU, fils de Julien Chauveau et de Michelle Gaboriau, âgé de cinq ans
Jeanne CHAUVEAU, fille de Julien Chauveau et de Michelle Gaboriau, âgée de deux ans
Marie GANGNEUX, originaire de la "chaufrère", fille de Joseph Gangneux et de Perrine Coiffard, domestique au moulin de la Fois (Foye), âgée de dix-huit ans
Joseph CREUZÉ, époux de Françoise Pillet, métayer à la "Dergerie", âgé d'anviron cinquante ans
Françoise PILLET, épouse de Joseph Creuzé de la "Dergerie", âgée de quarante huit ans
Marie CREUZÉ, fille de Joseph Creuzé et de Françoise Pillet, âgée d'anviron seize ans
Jeanne CHAUVIENE, fille de Pierre Chauviene et de Michelle Guitet, au Bourg, âgée de quarante ans
Joseph DUNAND, au Bourg, époux de Marie Papin, âgé d'anviron soixante treize ans
Marie PAPIN, au Bourg, épouse de Joseph Durand, âgée d'anviron soixante ans
Joseph CHAUVIENE, Closier au Birrène, veuf en secondes noces de Julienne Ménard, âgé de soixante quatre ans
Jeanne CHAUVIENE, des "Rivière", fille de Joseph Chauviène et de Marie Mabit, âgée d'anviron trente ans
Etienne DURAND, à la Guinietrie, veuf de Magdelaine Douilland, âgé d'anviron soixante quinze ans
Jeanne BONDU, épouse en secondes noces de René Morillon, au grand Logis, âgée d'anviron trente ans
Jeanne GUITET, fille de défin Louis Guitet et de Jeanne Bondu, âgée d'environ cinq ans
Rose MORILLON, fille de René Morillon et de Jeanne Bondu au Boishardy âgée de trois ans
Jacques GABORIT, closier au Boishardy, époux de Perrine Braud, âgé d'anviron soixante huit ans
Jean GABORIT, fils de Laurent Gaborit et d'Anne Contalleau, âgé de trois ans
Françoise AVIAIL, épouse de Jean Morillon au Bohardy, âgé de trente un ans
Jean BARRÉ, closier à St Gilles, époux de Jeanne Boisdron, âgé d'environ soixante deux ans
Renée CLEMOT, femme de Gabriel Giron, tisseran au maison, âgée d'anviron quarante cinq ans
Pierre CHENEAU, closier au Bohardy, époux de Michelle Fontaine, âgé d'anviron soixante quatre ans
Julien BARON, fils de Julien Baron et d'Anne Boüet, âgé de deux ans
suivant le témoignage de François Rouy et de Pierre Chevier (?)
signé Denis, Maire
Le cinq avril 1794 ; furent surpris et égorgés par les troupes républicaines les personnes suivantes (sic) :
Joseph BRETAUDEAU, métayer à Livoïs, époux de Marie Brejon, âgé d'anviron soixante neuf ans
René SOUPIOT, closier au Boshardy, époux de Perrine Pellerin, âgé d'anviron quarante huit ans
Pierre SOUPIOT, fils de René Soupiot et de Perrine Pellerin cy-dessu, âgé de huit ans
Témoins Pierre Chéneau et Louis Ronet
Signé : Denis, Maire
Le huit juin 1794 - Furent surpris et égorgés par les armées républicaines les personnes suivantes (sic) :
Joseph MARY, métaiyer à Pomier, époux d'Angélique Mary, âgé de quarante six ans
Angélique MARY, épouse de Joseph Mary, âgée de quarante ans
Pierre MARY, fils de Joseph Mary et d'Angélique Mary, âgé de sept ans
Joseph MARY, fils de Joseph Mary et d'Angélique Mary, âgé de quatre ans
Marie MARY, fille de Joseph et d'Angélique Mary, âgée de huit ans
Françoise MARY, fille de François Mary, métayer à Pomier et de Françoise David, âgée de dix ans
Marie MARY, fille de François et de Françoise David, âgée d'anviron huit ans
Jean MARTIN, métayer au Chatelier, époux de Jeanne Papin, âgé d'anviron trente sept ans
Louise CREUZÉ, épouse de Jacques Ripoche du Puteau, âgée d'anviron trente huit ans
Mathurine BOUYER, fille de défun Jean Bouyer et de Jeanne Mary, âgée de vingt quatre ans
François BONDU, métayer à la Basse Blinière, époux de Jeanne Mary, âgé d'anviron cinquante cinq ans
Joseph OUVRARD, cordonnier au Rivière, époux de Marie Brin, âgé de trente ans
Témoins : Julien ....( illisible)
Signé : Denis, Maire
59 morts….
Nous avons respecté l’orthographe du temps.
RL et son épouse,
Décembre 2012
5 commentaires -
Par Le Loup le 2 Décembre 2012 à 22:13
Le martyre de l’abbé Nicolas…
Né en 1761 à Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges (devenu Saint-Martin-des-Tilleuls et sur lequel nous avons déjà fait un article : http://chemins-secrets.eklablog.com/saint-martin-des-tilleuls-a47323935), l’abbé François Nicolas était, depuis le 20 décembre 1786, vicaire de la paroisse de Chambretaud. Comme son curé, l’abbé Gabard, il refuse le serment schismatique et se réfugie chez ses parents dans une ferme près de Tiffauges. Dénoncé et pris par les bleus, à la fin de 1793, il est amené à Mortagne-sur-Sèvre. Devant l’ancien logis Saint-Lazare, le long de ce qui est à l’époque, la route de Nantes, on creuse un trou et on y met l’abbé Nicolas debout. On rebouche le trou de manière à ce que seule la tête du malheureux puisse être visible. Les soldats s’amusent alors à viser au fusil cette tête qui dépasse, afin d’en déchiqueter le visage, sans le tuer toutefois. Au vingtième coup de feu (à mon avis, bien avant cela), le prêtre ne donne plus signe de vie. C’est à ce moment là, que l’un des soldats de la république tranche la tête sanguinolente et dépouillée d’un coup de sabre. Ce sera là, un fol amusement pour les soldats de la faire rouler dans les rues de Mortagne…
RL
Décembre 2012
Vitrail de l’église de Chambretaud.
Le lieu du supplice à Mortagne.
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