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    Beaudesson, témoin des colonnes infernales

    Détails d’horreur…

     

     

    Jean-Baptiste Beaudesson est né le 14 avril 1761 à Metz. Il deviendra Inspecteur général des subsistances des trois armées de l’Ouest. Il sera fait chevalier de la légion d’honneur et décèdera à Scy le 12 juin 1836. Il est inhumé au cimetière de Châtillon-sur-Seine.

    Il n’est guère apprécié dans les armées républicaines et soupçonné en 1795 de s’être enrichi dans ses fonctions, voire accusé d’avoir été avant la révolution « dissipateur, banqueroutier » et d’être un « joueur déterminé » (1). Mal aimé, Beaudesson dressera pourtant un très long et intéressant rapport sur les vivres des armées, à Faye, agent en chef des vivres à l’Armée de l’Ouest le 27 août 1795 (2). A vrai dire, peu importe ses soucis financiers, je m’attacherai plutôt à ce qu’il dit avoir vu avec la lettre qui suit. (3)

     

    « Janvier-février 1794. Témoignage de Jean-Baptiste Beaudesson :

    Beaudesson, agent en chef des subsistances militaires à l’armée de la Loire… après avoir prêté serment de dire la vérité entière, de parler sans haine ni crainte, (a) déclaré ce qui suit.

    Le quartier général ayant été porté à Doué le 29 nivôse (18 janvier 1794), il y fut convenu que l’armée se diviserait en douze colonnes, qui partiraient le même jour pour se rendre à une hauteur déterminée, avec ordre, sans doute, de brûler généralement tout ce qui pourrait se trouver sur leur passage. Les subsistances de toute espèce furent néanmoins exceptées de l’incendie par un arrêté du représentant du peuple Laplanche qui dès lors, mit à ma disposition tous les moyens de transport...

    Chaque colonne, arrivée à la destination qui lui avait été désignée, fit son mouvement sur les divers points de la Vendée. J’avais attaché à chacune d’elle des préposés actifs et zélés, qui devaient ramasser toutes les subsistances du pays. Mais je ne sais par quelle fatalité, on en détacha des pelotons composés les uns de 60 à 80, les autres de 100 à 200 hommes (sous prétexte d’éclairer et de reconnaître la position de l’ennemi), qui se permirent les plus cruels désordres et le pillage le plus effréné. Le fer et la flamme furent successivement employés, et bientôt l’atmosphère fut couverte des nuages épais d’une fumée dévastatrice.

    Doit-on attribuer tous ces excès de rage et de frénésie à l’indignation des soldats contre les révoltés, et l’horreur que leur inspirait la conduite des brigands envers leurs frères ? Je l’ignore. Tout ce que je puis assurer, c’est que le feu, gagnant de proche en proche, ravagea en peu de temps la majeure partie des granges, qui renfermaient d’immenses richesses en grains et fourrages, et que je ne pus en soustraire que peu de choses et avec des peines et des difficultés incroyables. .../...

    J’eus souvent l’occasion de me trouver à l’état-major séant à Cholet, tant pour délibérer avec les généraux sur les mesures de prudence que nécessitait la rentrée des denrées de première nécessité, que pour celles du service occasionné par la marche des colonnes. J’y ai été témoin plusieurs fois de l’arrivée de nombre d’individus vendéens. Là commençait leur interrogatoire sur le parti qu’ils avaient embrassé.

    J’ai remarqué que les uns, intimidés à l’aspect de leurs juges, convenaient qu’ils avaient porté les armes contre la mère-patrie, par la seule raison, disaient-ils, qu’ils y avaient été forcés. Les autres déclaraient ingénuement, et dans l’espoir d’un pardon généreux promis, qu’égarés et menacés par leurs chefs, ils s’étaient rendus de leur côté, mais sans aucun dessein criminel. Les femmes de tout âge semblaient surtout, par l’attitude de la douleur, implorer la clémence des patriotes, en ajoutant à leur erreur momentanée, pour sauver leurs maris et leurs enfants, la déclaration de fautes qu’elles s’attribuaient et dont on entrevoyait facilement qu’elles n’étaient pas coupables.

    C’était d’après ces seuls interrogatoires incompétents, qu’on ordonnait, de l’œil, de fusiller les prévenus. On avait encore la barbare compassion de leur taire leur sort. On les sortait du lieu des séances, qui ordinairement avaient lieu après dîner, pour les conduire, leur assurait-on, soit à l’hôpital, soit à l’ambulance ou derrière la haie. Le mot de maximum était, comme les précédents, l’indice certain de leur mort prochaine. Aussi, chaque jour voyait-il de nouveaux forfaits en ce genre. Je n’ai pas la plus légère notion d’où pouvaient provenir ces ordres sanguinaires, qui n’étaient exécutés que sur ceux, verbaux, de l’état-major…

     Je tire le rideau sur tous les propos sanguinaires que j’ai entendus et sur les horreurs dont j’ai été le témoin le long de la route de Cholet à Vihiers, qui était jonchée de cadavres, les uns morts depuis trois à quatre jours, et les autres venant d’expirer. Les yeux ne se portaient partout que sur des images sanglantes. Partout, les champs voisins du grand chemin étaient couverts de victimes égorgées. Voulant connaître et m’assurer par moi-même s’il restait encore des subsistances à enlever des maisons éparses ça et là et à moitié brûlées, je me transportai dans quelques-unes. Mais qu’y trouvai-je ? Des pères, des mères, des enfants de tout âge et de tout sexe, baignés dans leur sang, nus, et dans des postures que l’âme la plus féroce ne pourrait envisager sans frémissement. L’esprit se trouble même en y pensant.

    Pendant mon séjour à Nantes, où des affaires de service m’appelaient, le représentant Carrier ne s’y est point trouvé. Je n’ai appris les fusillades et noyades qui y ont eu lieu, que par des voies indirectes et étrangères. J’ignore absolument d’où provenaient ces ordres d’atrocité et de barbarie. »

    On ne s’étonnera guère de ce témoignage lorsque l’on connaît celui de Madame Sapinaud qui écrivait à propos de massacres de la forêt de Vezins :

    « Nous retournâmes à la Chapelle-Largeau. Les Bleus firent semblant de se retirer un peu plus loin. Tout le monde croyait qu’ils étaient retournés à Doué, où ils avaient un camp, et chacun retournait déjà dans ses maisons. Trois jours se passèrent de même, mais le quatrième ils repassèrent du côté de Coron. Voilà encore tout le monde à fuir. M. Stofflet était rentré dans sa forêt et Marigny était à Cerizay. Toutes les femmes prirent le chemin de la forêt qui s’appelait le Fief des Houillères. Les coquins de Bleus avaient envoyé un détachement à l’entrée de la forêt et les autres étaient restés en arrière, de sorte que toutes ces pauvres femmes et enfants, au nombre de plus de 300, comme elles abordaient la forêt, ces Bleus leur crièrent : « Venez vite, les Bleus ne sont pas loin de vous ! Entrez vite. »

    Elles crurent que c’était des brigands. Elles ne furent pas plus tôt auprès d’eux, qu’ils les massacrèrent toutes, excepté quatre jeunes filles grandes et bien fortes qui coururent si bien qu’ils ne purent les attraper. Il y en avait une qu’on appelait la cavalière : elle suivait presque toujours les brigands à cheval. Mais ce jour-là, elle était à pied. Comme elle avait des camarades qui n’avaient point de chevaux, elles étaient ensemble. Ils firent un massacre et des cruautés desquelles on n’aurait jamais cru aucun homme capable. Il y avait des pauvres petits enfants auxquels ils avaient arraché la langue, les yeux, des femmes auxquelles ils avaient coupé le bas-ventre, et leurs entrailles à côté d’elles. C’est l’un de mes amis, qui passa par là lendemain, qui vit tout cet affreux spectacle : il en pâlissait en me le racontant. »

     

    RL

    Mai 2018

     

     

    Notes :

    (1)  Les habitués des archives pourront retrouver la lettre du général Beauregard au Comité de Salut Public du 30 mai 1795 où il est question de Beaudesson au SHD en cote B 5/11-56, v. 3/6. La missive vaut le coup…

    (2)  SHD B 5/12-25.

    (3)  Alain Gérard, « Les Archives de l’extermination », p. 337 à 339. D’après le dossier du procès de Turreau conservé aux Archives Nationales (et malheureusement non numérisé à ce jour), AN W 22, dossier 1, pièce 29. Déclaration reçue le 6 octobre 1794 par Antoine Mandard, officier de police et de sûreté général à l’armée de l’Ouest.

     

     

    Illustration : vitrail de l'église de Montilliers.

    Beaudesson, témoin des colonnes infernales....


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    « Il faut exterminer les Puants. »

     

                                                                          

    Marie-Pierre-Adrien Francastel*

     

     

    Il faut extermine les puants....*Marie-Pierre- Adrien Francastel, encore un ''magistrat révolutionnaire'', il est né le 30 mars 1761 à Formerie dans l'Oise et décédé le 10 mars 1831 à Paris. Il n'a jamais été inquiété pour ses crimes, le bourreau des Martyrs d'Avrillé... Ancien secrétaire du Duc François-Alexandre-Frédéric de la Rochefoucault-Liancourt sous l'Ancien Régime, député de l'Eure, Conventionnel, Représentant du Peuple dans l'Ouest. Il sévit à Angers avec Nicolas Hentz, avocat au parlement de Metz, encore un mauvais sujet évoluant dans la magistrature.... « Il faut achever la transformation de ce pays en désert – Point de mollesse ni de grâce. »

     

    Ces deux personnages représentent ce que toutes les révolutions ou dictatures peuvent vomir comme ordures et exécuteurs de lois injustes. 

    Il eut été intéressant, à l'époque, afin de pérenniser leurs forfaits, de les faire figurer sur un ''mur des cons'' dédié à la magistrature républicaine, avant de les juger. 

     

    Voici une lettre de ce Représentant du Peuple, adepte de « battues Patriotiques dans l'infâme repaire du fanatisme pour exterminer tous les Puants. »

     

            

    La Liberté ou la Mort.

     

    « A Angers, le 23 frimaire an second de la République Française, une et indivisible. 

    Francastel, Représentant du Peuple, délégué par la Convention Nationale près l'armée de l'Ouest.

     

    A ses collègues, Prieur, Bourbotte et Turreau (le représentant, NDLR)…

     

    Je vous envoye les dépêches par un courrier venu de Rennes et qui est chargé de reporter les réponses de Prieur aux lettres ci-jointes. Il paraît qu'Esnue la Vallée* est resté à Laval ou à Craon et n'est point encore à Rennes où n'y est arrivé que bien récemment. »

     

    ( *François-Joachin Esnue-Lavallée, encore un, il est né à Craon en Anjou, le 20 mars 1751, Procureur à la Sénéchaussée de Craon, Avocat, Magistrat et notaire, régicide, Conventionnel, Député de la Mayenne et bien sûr mécréant, il ordonne la destruction des orgues des églises « qui servent à alimenter l'imbécile crédulité des citoyens habitués à se rendre dans les lieux consacrés à l'erreur et au mensonge. »

    Arrêté comme terroriste, il profite de l'amnistie générale du 4 Brumaire an 4 (26.10.1795) qui le libère.) 

       

    « Vous verrez par la lettre de Le Tourneur que ½ de la force envoyée du Nord arrivera à Alençon le 25 ou le 26, et le reste le 27. Ce sont presque toutes troupes légères et de cavalerie. 

    Je vous crois entre la Flèche et le Mans, c'est là où je vous adresse le courrier, 50 chevaux sont partis ce matin pour la Flèche ; dont 27 hussards et 23 dragons. Le Cit-Blavier secrétaire de la Conv est toujours à Rennes.  

    L'état major de Saumur avait envoyé de nouveaux ordres aux commandans de la force armée dans l'intérieur de la Vendée, peut-être à l'instigation de notre collègue Turreau, pour que les fours, les moulins, toutes les maisons isolées qui servent de repaire aux brigands, fussent détruits, c'est l'arrêté du Comité de Salut Public du 13 Brumaire. La fin de cet ordre n'exceptant que les points qui sont strictement nécessaires aux cantonnements des troupes de la République et qui par leur position peuvent protéger la rive gauche de la Loire et déffendre le passage, a donné des allarmes au Dépt. Qui envoye le Procureur Général Vial auprès du Comité de Salut Public. 

    Vous savez combien peu les commandans sont disposés de mettre une inflexible rigueur dans l'expension des mesures que nous n'avons cessé de prescrire dans la Vendée, combien il est peu à craindre que ces commandans abusent du vague et de la latitude qui leur semble laissée, mais l'intérêt local, les vues rétrécies que nous avons été dans le cas de reprocher si souvent aux corps administratifs ont fait jetter les hauts cris et taxer ces mesures d'avoir été suggérées par les ennemis secrets de la chose publique. Aussi il sera bon que le Comité de Salut Public connaisse l'esprit particulier des administrations et les obstacles qu'elles offrent souvent aux grandes mesures. 

    Pour moi, je pense qu'on ne parviendra à purger la Vendée, à la rendre un pays digne des regards des patriotes, que lorsque nos troupes du Nord,  après avoir exterminé tous les puants que vous poursuivez auront fait des battues patriotiques dans l'infâme repaire du fanatisme. 

    Il faut exterminer les puants....

    Je vous marquois hier que nos troupes avoient été attaquées au 4 Chemins entre Mortagne et Collet et s'étoient repliées sur le 1er point ? Les commandans timides nous annoncent que ce sont les débris de l'armée de Charette et qu'ils sont en nombre imposant. Ils demandent des troupes tous les jours entr'autre le 3ème bataillon de Doué qui est de 260 hommes. Je vous ai dit que les deux bataillons commandés par Hector qui devoient renforcer St Florent ont été redemandés dans la Loire Inférieure – conférez-en avec le Gal en Chef. 

    Rien de nouveau ici, avec le tems nous obtiendrons des souliers, je m'impatiente ainsi que vous de tous les obstacles. 

    Salut et Fraternité. 

     

    Signé Francastel. » 

     

    Sources:   

    Archives Nationales – Missions des Représentants du Peuple près les Armées - Francastel - sous série AF II Comité de Salut Public - AN AFII 273/23 – Angers, 19-30 Frimaire correspondance du représentant du peuple Francastel.... vues n°10 et 11/17. 

    Gravure : Reproduction-humour-la Révolution Française-Bicentenaire – Loup.

     

                                          

     

      Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 


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    « Nous serons humains quand nous serons assurés 

    d'être vainqueurs. » 

     

    Hérault de Séchelles* 

                                  

     

    *Marie-Jean Hérault de Séchelles, avocat, Conventionnel, petit fils présumé du maréchal de Contades... 

     

    L'odeur des cadavres d'Outre-Loire....La République massacre ses ennemis politiques : sur les soixante dix à cent mille Vendéens qui passèrent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, le 19 octobre 1793, environ quatre mille réussirent à regagner la Vendée... Femmes, enfants, vieillards, combattants, tous furent massacrés sans pitié. Comme à leur habitude, les Républicains ne montrèrent aucune humanité ni clémence, ils salirent encore une fois leurs drapeaux dans le sang des innocents.

    Des arrêtés furent pris afin de faire disparaître « la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée  qui ont été enterrés par monceaux et exhalent une odeur infecte... » C'est un aveu du massacre, la République reconnaît ses crimes dans ses propres écrits.

     

    Le 23 Pluviôse an 2 (11 février 1794) :

     

    « Le Conseil Exécutif Provisoire informé que dans les départements de la Mayenne et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne et de la Loire Inférieure, la prodigieuse quantité des cadavres des Brigands de la Vendée qui sont tombés sous les coups des Républicains, a été ensevelie par monceaux, et n'est couverte que de très peu de terre. 

    Considérant que l'odeur infecte qu'ils exhalent pourraient avoir les effets les plus funestes, et qu'il est urgent de les prévenir. 

    Le Conseil arrête que tous les Corps Administratifs et Municipaux des départements, dont le territoire a été le théâtre de la guerre de la Vendée, feront jetter dans le plus court délai, chacun dans leur arrondissement sur les monceaux de morts qui y ont été enterrés, de la chaux vive en proportion de la quantité des cadavres et les feront couvrir de trois pieds au moins de terre. 

    Recommande en outre aux Conseils Administratifs et Municipaux d'instruire le plutôt possible le Ministre de l'Intérieur du résultat des mesures qu'ils auront prises pour l'exécution du présent arrêté. » 

     

    L'odeur des cadavres d'Outre-Loire....

     

     

    Le 23 Pluviôse an 2 :

     

    «  Rapport du Ministre de l'Intérieur au Conseil Exécutif National provisoire. 

     

    Le Conseil se rappelle les déroutes des Brigands dans le département de Maine et Loire, de la Sarthe, de la Mayenne, de la Loire Inférieure et le massacre qui en a été fait par les troupes de la République, près de Baugé, le Mans, et sur les routes qui se communiquent depuis le Mans, la Flèche, Laval, Candé et Ancenis et qui conduisent à d'autres villes environnantes. 

    Dans cette étendue de terrein, il existent des monceaux de cadavres sur lesquels il n'a été jetté que très peu de terre et qui exhalent déjà une odeur infecte et pestilentielle. C'est ce que vient de me marquer le Comité de surveillance du canton de Morannes district de Chateau-Neuf. Il est urgent de prévenir les effets funestes qui pourraient résulter de cette exhalaison fétide. 

    Je propose en conséquence au Conseil Exécutif d'adopter le projet d'arrêté ci-joint, qui sera soumis à la sanction du Comité de Salut Public, conformément à sa délibération du 13 Frimaire, arrêté qui recommande à tous les corps administratifs et municipaux des départements dont le territoire a été le théâtre de la guerre des Rebelles de la Vendée, de faire jetter sur le champ sur les cadavres ensevelis, de la chaux vive en proportion de leur quantité, et de les faire couvrir de trois pieds au moins de terre et de sable./. » 

     

    L'odeur des cadavres d'Outre-Loire....

     

    Sources :     

    - Archives Nationales, sous série AF II Comité de Salut Public - nivôse an2 – Frimaire an3 (Armée de l'Ouest) – AN AFII 269/10 Caen, le Havre, Brest, Saumur, Poitiers et Tours 12-23 Pluviôse an 2 correspondances des Représentants du Peuple etc... vues n°14,15,16,et 17/18. 

    - Photos: Les charniers du Mans de Vendéens et Chouans.

     

                                                

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)…

     

     

    Archives militaires de Vincennes : SHD B 5/36-73.

     

    « Liberté Egalité

    St Aignan le 1er Germinal an 4ème de la république française.

    Le commissaire du pouvoir exécutif près l’administration municipale du canton de St Aignan au ministre de la guerre.

    Les troupes républicaines viennent d’obtenir les succès les plus signalés sur les brigands de Palluau. Cette commune où ils avaient établi leur quartier général est au pouvoir des républicains qui y sont entrés sans coup férir. Les rebelles ont perdu beaucoup d’hommes dans plusieurs batailles. On leur a fait des prisonniers. Notre perte s’est réduite à quelques hommes tués ou blessés.

    Il parait que la rebellion est dissipée. Les brigands fuyent dans les bois par pelotons de trois à quatre hommes. Le général Desenfans est à leur poursuite. Il a pour but principal d’arrêter les chefs et sous chefs pour les remettre à la vengeance nationale. Il prend à cet égard toutes les mesures convenables.

    Il fait désarmer les communes qui ont pris part à la révolte. Il leur impose des contributions en numéraire et en grains.

    Beaucoup d’hommes trompés par des prêtres fanatiques et des cidevant, contrerévolutionnaire, rentrent au sein de la République en déplorant leurs erreurs et les maux qu’elles ont entrainés.

    On fait les plus grandes informations pour découvrir le complot et contrer ses ramifications.

    Les déserteurs se rendent.

    Le général Desenfans a fait une proclamation qui a produit un bon effet.

    Il parait que la rébellion ne devait éclater que le 1er avril (vieux style) et que le général des brigands a été blamé par les chefs et sous chefs et par d’autres messieurs pour avoir commencé des attaques avant ce tems.

    Je présume bien que les troupes républicaines n’évacueront pas les contrées révoltées et les pays environnans que lorsqu’il n’y aura plus de traces de le rebellion, lorsqu’on aura plus à craindre des vols, des pillages, des assassinats. Lorsqu’enfin la tranquillité publique n’aura plus de dangers à courir. J’ai écrit à cet égard au général Desenfans qui a maintenant. Son quartier général à Palluau et je lui expose tous les motifs et je lui expose tous les motifs qui doivent le déterminer à cette mesure de prudence, de sureté, mesure que devient indispensable dans les circonstances et sans la quelle les malheurs pourraient renaître.

    Salut et fraternité

    Péan »

     

    Pour finir cette série, quelques photos de Palluau-sur-Indre offertes par « Marie la bordeuse » de la troupe des Cœurs de Chouans :

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie).... 

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

      

    Vues sur la « Montée Rouge », ainsi nommée à cause de l’oxyde de fer contenu dans le sol. C’est là qu’un peloton de cavalerie et des fantassins républicains barreront la route des apprentis chouans dont le sang « rougira » davantage l’endroit.

     

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

    Palluau-sur-Indre, 1796 (5ème partie)....

     

     


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    La Société populaire de Fontenay n’aimait pas les colonnes infernales…

     

     

    Dans le long texte qui suit, on n’apprendra rien des révolutionnaires locaux sur les véritables causes des Guerres de Vendée, tant ces derniers tiennent à dissimuler leur aspect religieux mais aussi la haine que voue le « vrai peuple » à une pseudo-élite bourgeoise qui s’est accaparé le pouvoir. En revanche, on y verra une certaine lucidité sur le procédé d’extermination de la population avec un point particulier sur la promenade de Huché au cours de l’été 1794. Ce texte est à mettre en relation avec les souvenirs de Marie Trichet et de dénonciations contre Huché.

    RL

    Mai 2018

     

         La Société populaire de Fontenay à la Convention, le 19 août 1794.

         Source : Archives militaires de Vincennes, SHD B 5/10-29.

     

     

           « Liberté Egalité Fraternité ou la mort

           La société populaire de Fontenay le Peuple

           A la Convention Nationale

     

    Représentans du peuple

    Depuis trop longtemps nous gémissons sous le poid d’un cruel fléau, nos maux sont connus de la République entière, mais qui peut en sonder la profondeur, indiquer les causes et leur durée, et les moyens possibles d’y apporter remède, si ce n’est ceux qui en ont été constament les témoins, et si complettement les victimes.

    Il serait superflu d’en chercher lorigine ; qui peut ignorer que l’assemblage monstrueux de l’ignorance, de l’orgueil, de l’ambition, et de l’éxécrable fanatisme n’ait fourni tous les moyens que la perfidie et le crime ont mis en usage pour les porter à leur comble !  La mine avait été creusé dans le plus profond secret, un volcan à freux s’est ouvert et huit jours ont suffi pour en envelopper de gré ou de force, un territoire de vingt lieues de diamètre. Une grande population d’hommes laborieux accoutumés dès l’enfance à arroser la terre de leur sueur, à été entrainés par une masse de scélérats, que l’habitude de l’oisiveté avait facilement préparé, alors les crimes aux quels ils étaient destinés par deux castes qui se faisaient un jeu de fouler aux piéds les loix de la nature : La dévastation et le pillage fussent le premier prix qui fut offert à ceux qui leur servirent d’instrumens. Les propriétés des patriotes devaient être à la fin de la guerre le partage des deffenseurs de la religion et du trône ; tout ce que l’hypocrisie peut inventer pour alimenter le fanatisme et l’enthousiasme qui s’alient si facilement à l’ignorance, fut mis en usage pour éxalter les têtes et égarer les esprits ; tel est l’origine, tel sont les causes de la détestable guerre qui a infesté les deux rives de la Loire, d’où elle s’est étendue dans la Vendée ou elle a pris son nom.

    Nous ne vous parlerons pas représentans du peuple de tous les malheurs qui ont été le résultat funeste de l’impéritie ou de la trahison de ceux qui avaient été chargés d’étouffer dans son principe ce germe horrible de contre révolution ; l’opinion publique et la vangeance nationale ont fait justice de plusieurs de ces mandataires infidèles, de ces ennemis déclarés de la liberté et de l’humanité ; vous connaissez avec la France entière les opérations, les mouvemens, les succès et les revers de la force armée, depuis le mois mars 1793. (vieux style) jusqu’au moment où le courage de l’armée républicaine, dispersa anéantit presque en la poursuivant au dela de la Loire la horde effrayante qui jusqu’à ce moment avait porté dans nos malheureuses contrées la désolation et la mort.

    C’est à cette époque qui paraissait la dernière de cette infernale conspiration que nous reprendrons le fil de la continuation de nos malheurs ; ils sont d’autant plus pénétrant que nous croyons avec la république entière en entrevoir la fin ; déjà les patriotes qui depuis sept à huit mois trainaient leur misère à la circonférence derrière les armées, avait repris courage, et étaient presque tous rentrés dans leurs foyers. La parti royaliste était terrassé et réduit à la nullité. Charrette seul promenait deux ou trois mille vagabonds dans les districts de Challans et la Roche sur Yon ; ils n’avaient plus de force que dans le désespoir, ils furent presqu’anéantis dans deux ou trois attaques et la Vendée allait enfin finir.

    Ce fut àlors que le général commandement de l’armée de l’Ouest fut confié a un nouveau chef. Turreau fit traverser la Vendée par plusieurs colonnes qui pour terminer la guerre n’avaient plus à y exercer qu’une police militaire. Il s’agissait de détruire quelques pelotons de brigands déterminés, qui auraient promptement disparu si l’on eut établir ça et la quelques postes fixes qui dans (de) petites expéditions jugées nécessaires auraient été guidées et auraient trouvé par tout des secours dans les gardes nationales qui s’étaient formés de nouveaux dans beaucoup de communes et avaient presque toutes conservées leurs armes. Il s’agissait de donner protection aux bons citoyens rentrés dans leurs foyers et aux municipalités partout réorganisées ; les colonnes s’avancent la torche et le fer à la main, les gardes nationales et les officiers municipaux vont au devant, demandent leur protection et leur offrent des secours. Tout est désarmé, traité de brigand, et ces malheureuses victimes de la confiance recoivent la mort de ceux qu’ils croyaient leurs amis et leurs frères. Partout le cultivateur paisible éprouve le même sort, les chaumières, les grains qu’elles renferment, les fourages et même les bestiaux a l’étable deviennent la proie des flâmes et de la destruction ; ceux qui conservent encore l’esprit de brigandage n’ont pas de peine a se faire des partisans, leur nombre se grossit et les colonnes incendiaires éprouvent des défaites dans plusieurs endroits. La fureur le désespoir fournissent de nouvelles armes et la guerre reprend son premier caractère, bientôt les postes avancées dans l’intérieur ne peuvent plus tenir, Turau donne des ordres pour évacuer Pouzauges et Chantonnau, après les avoir livrés inutilement aux flâmes, il fait replier les postes dans deux endroits à Luçon et à la Chateigneraye, et laisse à la disposition des rebelles six lieues de terrein après avoir livré les habitans à la mort et leur propriété au pillage et à la destruction. Tous les postes sur la route de Luçon aux Sables furent également évacués et toute la partie gauche sur le marais fut livrée au pillage des brigands qui ni’avaient encore pas mis le pié. La consternation et l’épouvante s’étaient emparés de tous les esprits, et ceux qui avaient pu échapper au carnage préférèrent de mourir dans leurs foyers ou de se réunir aux brigands plutôt que de joindre une armée qui ne leur avait laissé que le plus affreux désespoir ; les partiotes qui avaient pu se retirer à la circonférence sont désarmées et éxilés à vingt lieues de leur pays natal, et après avoir laissé derrière eux les ressources qui tenaient de trente années de travaux, il sont réduits a végéter dans la misère et la nudité.

    Le changement désastreux qui venait de s’opérer d’une manière si cruelle dans la Vendée, n’était pas connu dans les départemens ; on regardait la guerre comme toujours terminée, et le pays praticable avec quelques patrouilles.

    La commission d’agriculture et des arts par arrêté du comité de salut public y envoya des agents pour faire ramasser les récoltes abandonnées, il firent le 3 messidor une proclamation qui accordait protection et sureté a ceux qui remettraient les armes et s’occuperaient de leurs travaux ordinaires. Un grand nombre de rebelles, d’hommes forcés ou égarés, se conformèrent a cette proclamation surtout dans la partie de Challans, cependant en général elle ne fit pas tout l’effet que s’en étaient promis les amis sincères de la patrie ; l’on ignorait pas néanmoins que la grande masse se disposait a profiter du pardon qui leur était offert, et si l’armée eut avancé en même tems dans l’intérieur, y eut pris des positions fixes, pour les protéger contre les incursions des véritables brigands, l’effet en était a peu près certain avec un peu de persévérance et la permanence des troupes dans l’intérieur, car autrement, il n’y avait aucun moyen de succès. Et ceux qui auraient montré ouvertement des intentions pacifiques et n’auraient pu être protégés par les armées ne pouvaient attendre que la mort de la part du noyau des véritables brigands.

    Mais pendant qu’on travaillait ainsi a ramener et a encourager les esprits, un homme sanguinaire, le général divisionnaire Huchet, faisait égorger tout ce qui se trouvait sur son passage. Ses traces étaient précédées et suivies par la carnage et l’incendie, sans aucune distinction d’age de séxe, d’innocents, d’égarés où de coupables ; la fureur s’exalte de nouveau et donne des forces a des hommes réduits au désespoir. Des bandes, des pelotons de scélérats, se répandent et se divisent dans ce moment à la circonférence et dans les maisons isôlées, pillent égorgent tous ceux qui veulent demeurer paisibles dans leurs foyers même a peu de distance des armées. Cependant les colonnes restent dans l’inaction sur la deffensive, ou si elles font quelques sorties c’est pour rentrer le soir ou le lendemain sans avoir le plus souvent rencontrés personne. De telles dispositions, nous devons vous le dire représentans du peuple, présage le plus funeste avenir, et tandis que les deffenseurs de la patrie poursuivent au loin sur leur propre territoire les satellites des brigands couronnés, avec une ardeur et un courrage qui ne peuvent appartenir qu’à des républicains, une poignée de scélérats occupe et détruit sans ressource un riche et vaste territoire dont les moyens en tout genre sont d’un si grand intérêt pour la République.

    Représentans du peuple nous vous devons la vérité elle sera toujours dans nos cœurs lamour de la patrie l’intérêt de la république nous en font un devoir et ce serait un crime de la taire.

    Nous ne pouvoir voir dans les dispositions qui se succèdent depuis six mois, la détermination positive d’extirper enfin cet horrible cançaire politique, les meilleures troupes s’éloignant des armées de l’Ouest, elles sont remplacées par des réquisitions encore sans expérience et sans armes et quoique les brigands ne puissent dans ce moment opposés des forces dont la patrie ait à s’inquiéter pour les suites de cette infame guerre cependant il est tems quelle finisse et il n’y à pas deux moyens.

    Le seul qui puise réussir est de faire avancer simultanément les armées de la circonférence au centre, d’y prendre a fur et a mesure des postes fixes sans les abandonner ; comme il s’est pratiqué plusieurs fois sans nécessité, en observant cette mesure la, ce qui se trouvera derrière les armées sera protégé, et la classe des cultivateurs qui n’a jamais entrepris cette guerre et n’en n’a suivi les mouvemens que par ignorance ou par force, bénira ceux qui les rendront a l’agriculture et a la République. Qu’on restitue les armes et la vie a ceux qui gémice dans l’ éxil, qu’on les rappelle a la suite des armées, qu’on les emploie a leur servir de guide a désigner les véritables coupables ; l’expérience à démontré que les patrouilles des gardes nationalles de l’intérieur, avant d’être désarmées ont rendu les plus grands services dans cette guerre par leur vigilance et leur patriotisme, éclairés par la connaissance des personnes et des localités ; qui peut se dissimuler que ses connaissances ne soient absolument nécessaire dans un pays inégal, couvert de buissons, de hayes, et ravains, des chemins impraticables la moitié de l’année. Et ces connaissances ne peuvent appartenir qu’aux anciens habitans du pays ; leur intérêt le plus cher, le patriotisme le plus éprouvé les porteront a tout entreprendre pour remttre le piéd sur la terre qui les a vu nâitre, et les aider a reconquérir un sol et une récolte qui sont dus à leur sueur, des troupeaux qui avaient été depuis leur enfance le seul objet de leurs soins, et qui leur ont été ravi par le brigandage qu’ils ont toujours eu en horreur.

    Qu’on suive ces mesures salutaires, que le commandement et la direction des armées soient confiés partout a des hommes sages, purs et expérimentés, que la discipline reprenne son énergie, que le pillage soit notté d’infamie et puni parmi des (les) républicains ; que la sévérité, la justice et l’humanité, reprennent leur empire, qu’il n’y ait aucune grace pour les grands coupables soit qu’il se trouvent parmi les brigands de la Vendée ou parmi les monstres qui usurpent le nom de républicains et oublient les droits de l’homme et de la nation se livrent a des excès qui désonorent et font rougir l’humanité et bientôt la République verra sicatriser ses blessures dans nos malheureuses contrées, et une population encore immense pourra lui devenir utile en continuant de fertiliser un sol précieux et étendu, qui réoffre plus bientôt que lhimage ideux d’un désert arôsé de sang et couvert de cadavres.

    Représentans du peuple, vingt fois vous avez sauvé la patrie, vingt fois vous avez abattu l’hidre de l’intrigue et de la tirannie, votre vigilance et votre énergie révolutionnaires ont imprimés au peuple français cette vigueur républicaine, qui chasse dans leur repaire les misérables esclaves des brigands en trônés. Mettez, nous vous en conjurons la dernière main à loeuvre ; que la paix de l’intérieur force les hordes étrangères à recevoir des la république française les conditions quelles ne peuvent désormais espérer que de sa générosité. »

     

    La Société populaire de Fontenay n'aimait pas les colonnes infernales....

     

     


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