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    Victoire Rousseau, de la paroisse de Montfaucon-sur-Moine 

    massacrée avec sa mère et ses deux sœurs...

     

                     

     Victoire Rousseau, "la Mancotte".... L'histoire de Victoire Rousseau la ''mancotte'', la manchotte, a déjà fait l'objet de plusieurs articles parus dans ''Vendéens et Chouans'', « La Maraîchine normande » et sur « Chemins secrets ».

     

    Mais en ''fouinant'' dans les archives départementales de la Vendée, j'ai découvert des éléments supplémentaires concernant cette petite fille et les événements atroces qu'elle a vécus.

    En effet, le matin du massacre, les républicains, pris de vin, rassemblèrent les habitants sous les halles de Montfaucon et se mirent à massacrer de sang froid toute la population, des bébés aux vieillards. « Au couteau, à la baïonnette, au sabre, avec la crosse des fusils, ils tuaient et tuaient sans cesse.... Victoire Rousseau fut trouvée sous un monceau de cadavres. Il y avait deux rescapées, elle, qui n'avait plus qu'une main et une autre petite fille qui avait la gorge transpercée par une lame, mais qui ne survécut pas. »

     

    Le mémoire de proposition pour une pension annuelle établi en sa faveur nous apprend que son père, Mathurin Rousseau a été tué à la bataille de Cholet. Que sa mère, Jeanne Chevalier, a été «  percée de coups de baÿonnettes  » et deux de ses sœurs également en bas âge ont « été percées également à coups de baÿonnettes. »  

     

    Quel crime avaient commis cette mère de famille et ses trois petites filles ? Quel crime ?.... Elles ont été tuées pour ce qu'elles étaient : des vendéennes !

    Le psychopathe Barère de Vieuzac, ne disait-il pas : « Le vaisseau de la Révolution ne pourra arriver au port que sur une mer de sang. » (discours du 17 septembre 1793)...

     

    Passons aux documents :

    Le mémoire de pension : Victoire Rousseau......22 ans.

     Victoire Rousseau, "la Mancotte"....

    «  Cette fille a eu le poignet coupé à l'âge de deux ans sur le corps de sa mère, percée à coups de baÿonnettes ; elle a en outre perdu son père mort en combattant dans l'Armée Vendéenne et deux sœurs en bas âge  percées également à coups de baÿonnettes. » - Domicile Saint-Germain – proposée pour une pension de cent francs. - A Beaupréau le 24 novembre 1814, signé : le Cte de Tocqueville et le Cte d'Autichamp (vue n°6/15.dossiers nominatifs).

     

    Visitée par les médecins de l'hospice d'Angers le 24 novembre 1814 à Beaupréau :

    « A perdu la main droite par amputation au départ du poignet».

     

    Département de Maine et Loire – Arrondissement de Beaupréau – Commune de Saint Germain – Certificat de Victoire Rousseau.

    « Nous soussigné maire de la commune de St Germain sur l'attestation des sieurs :

     

    Félix Rabin, charpentier.

    Joseph Bossy, idem.

    René Bossy, idem.

    Jacques Rabin, idem.

    Tous quatre pères de famille domiciliés dans la dite commune, certifions que la nommée Victoire Rousseau file orfelinne a perdu son père, a été tué à la bataille de Cholet dans l'Armée Vendéenne, n'a pas été vu depuis – Certifions en outre que la dite Victoire Rousseau a été massacré par l'armée républicaine avec sa mère qu'on a tué et deux autres sœurs aussy massacré ; et a elle on luy a coupé le bras droit et qu'elle est dénuée de tous moyens d'existance – En foi de quoi nous luy avons délivré le présent certificat que Félix Rabin a signné avec nous après lecture faite  ; les autre on déclaré ne savoir signer. »

      A St Germain le vingt deux novembre dix huit cent quatorze.  »

    signé  : Félix Rabin - J Denis, maire.

     

    Victoire Rousseau, "la Mancotte"....

    Victoire Rousseau, "la Mancotte"....

    Victoire Rousseau est la fille de Mathurin Rousseau, (tué en 1793 à Cholet) domestique à Bourghardy et de Jeanne Chevalier, marié le 25 janvier 1780 à Saint-Germain-sur-Moine (vue n°455/573 mariage St Germain). Elle ne s'est jamais mariée.

    La famille de Mathurin Rousseau est originaire de la Bruffière, installée à Torfou. Jeanne Chevalier est la fille d'un closier domicilié à St Gilles paroisse de Saint-Germain (tuée en 1794).

    De cette union sont issus :

     

    1° Mathurin Rousseau, né le 24 octobre 1780 à Saint-Germain † le 9 novembre 1780.

    2° Jeanne Rousseau, née le 14 juin 1782 à Saint-Germain † le 5 septembre 1788.

    3° Rose Rousseau, née le 16 juillet 1785 à Montfaucon. † le 21 avril 1839 à Saint-André-de-la-Marche.

    4° Julien Rousseau, né le 31 décembre 1787, † le 11 janvier 1788 à Montfaucon. 

    Marie Rousseau, née le 21 octobre 1789 à Montfaucon. Tuée en 1794 ?

    6° …. Rousseau (fille), née ??? - tuée en 1794. 

    Victoire Rousseau, née le 10 mars 1792 Montfaucon est décédée le 18 avril 1863 à Montfaucon sur Moine.

      

    Sources : Archives Départementales de la Vendée, tous droits réservés.   Dossiers de pensions, dossiers individuels-nominatifs class SHD XU 39-40, Victoire Rousseau, vues n°5,6,7/15. Archives Départementales du Maine et Loire tous droits réservés - Registres d'état civil de Saint-Germain-sur-Moine et Montfaucon-sur-Moine. Saint-André-de-la-Marche - Photo de l'auteur. 

                                                                

     

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 


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    Le camp de Montorgueil (2° partie)…

     

     

    Voici quelques années que ce blog vous raconte la « petite histoire », celle de chez vous, celle de chez moi, de tel combattant, de tel combat ou de tel lieu méconnu. Si l’engouement pour la période des Guerres de Vendée a le vent en poupe depuis ces derniers temps, il ne faut pas négliger en sus des horreurs qui ont levé le cœur de bien des gens, une part bien plus agréable de rêve et de mystères. La nature humaine aime les énigmes, les choses cachées et c’est pourquoi je vous propose ce soir, une suite, qui ne sera sûrement pas la dernière, à un article commencé en 2012, ici.

    Si des raisons personnelles et géographiques me poussent du côté de Marigny, je voue un grand respect à Charette et à son attachement sans faille, jusqu’à la dernière minute, à son idéal.

    Essayons donc de rêver un peu ce soir, la lanterne posée sur le bureau, avec le vent qui caresse tranquillement les volets. Je ne porte aucun jugement de valeur sur ce qui vous allez découvrir à présent, de la plume de Didier Audinot, qui a emporté bon nombre de ses sources avec lui dans sa tombe en 2011. Gageons qu’il a probablement « enrubanné » certains faits pour vendre ses livres, mais ce n’est pas le premier ni le dernier à pratiquer de la sorte. D’autres plus célèbres ont fait de même sans que cela n’inquiète outre-mesure… Nous allons simplement essayer de faire le tri entre ce qui est possible, probable ou invérifiable.

    Didier Audinot a parlé assez succinctement de Montorgueil et de la possibilité d’y trouver le trésor de Charette dans son ouvrage « Trésors enfouis des Guerres de Vendée et de la Chouannerie », L’Etrave, 2002, p. 52 et sq. Cet ouvrage est connu, l’est beaucoup moins son article sur le même thème, paru dans « Historia » N° 471, mars 1986 (1).

    En voici quelques extraits :

     

    « Des chercheurs, des écrivains, ont beaucoup épilogué sur le devenir de ce trésor de guerre. Valentin Roussière (voir Historia N° 386, de janvier 1979), le voyait caché en forêt de Grasla, tout comme Robert Charroux, lui aussi chercheur de trésors. La piste est fausse, car si Charette établit bien là un camp, destiné à abriter les victimes sans foyer de cette guerre, il n’y fit que de brefs passages (2). Dans aucun mémoire de l’époque, dans aucune étude sérieuse concernant le général, on ne trouve trace de cette histoire de trésor de la forêt de grasla, qui pourrait provenir, simplement, de traditions locales déformées. On dit que cet or fut caché sous un tas de fumier par Charette, puis récupéré après la guerre par son trésorier. Cachette précaire pour un trésor d’une telle importance. Rien ne rend plausible cette hypothèse venue d’on ne sait-où. D’autres prétendent que Charette se délesta, au cours d’une course, en coupant les lanières  retenant les tonnelets, et en laissant choir ceux-ci dans la boue d’un chemin creux. Là aussi, aucune précision ne pourrait accréditer cette thèse. C’est donc bien à Montorgueil que Charette cacha, alors qu’il était encore dans une relative sécurité, tout ou partie de son or, tout comme il l’avait fait de son matériel excédentaire quelques semaines plus tôt. »

    Arrêtons-nous quelques instants. Didier Audinot a bien travaillé mais  n’a pas lu ma note N° 2. Et vous, l’avez-vous lue ? Charette était un homme d’une intelligence remarquable et n’aurait sûrement pas caché son trésor de guerre en un seul endroit…

    Poursuivons le récit du chasseur de trésor :

    « Arrivés à cette conclusion, trois membres de l’équipe de recherche trésoraire « Hermès », se sont rendu sur place, après un abondant échange de renseignements, de courriers, avec les habitants de Montorgueil (on verra plus loin que les habitants du hameau de Montorgueil n’en savaient pas plus que ça, NDLR).

    Pour une chasse aux trésors, un matériel extrêmement sophistiqué, dont une partie avait été importée pour la circonstance, avait été mis en action. Quatre détecteurs terrestres, des plus performants, dont un prototype, avaient été engagés dans la course au trésor. Deux équipements complets de plongée avaient été amenés sur place pour la fouille du puits, un très bon radiesthésiste (il ne faut rien laisser au hasard), avait été sollicité avec ses Dowsers, sortes de baguettes de sourciers très modernes.

    Sur place, deux choses étonnent le chercheur au premier contact. Alors que Charette a passé là près de deux mois, accompagnés de centaines de soldats, ce qui représente un bouleversement total du rythme de vie d’une population qui à l’époque, devait regrouper une cinquantaine  d’âmes, rien ou pas grand-chose, ne trahit cette période dans la mémoire des habitants, c’est à peine si quelque traditions ont percé le cheminement de la mémoire collective.

    Quelques uns, comme Monsieur Alain Riché, Auguste Gaillet, passionnés de l’histoire du village, nous ont révélé quelques éléments transmis par la tradition populaire, éléments capitaux en matière de recherche trésoraire. Sur les côteaux de Montorgueil on peut voir, taillé dans le roc, un « fauteuil de Charette », où la légende prétend que le général s’installait quelques fois. Il s’agit en effet d’un poste de guet, où l’on ne se trouve ni assis ni debout, et qui permet de surveiller la vallée. Il y a encore quelques années, on y voyait la place d’éperons ménagée dans la pierre. Sur ces coteaux, on sait aussi, sans plus de précision, que se trouve la tombe d’un officier de Charette ... ce ne peut être évidemment que Pajot.

    Nous avons du reste tenté, sans succès, d’identifier l’emplacement précis de sa tombe, en détection des variations de champs magnétiques qu’elle ne pouvait manquer de susciter.

    Nous avions pour nous épauler une population très accueillante, curieuse du sens, et du résultat de nos recherches, terriblement hospitalière et attachante, mais dénuée de toute mémoire concernant cette sombre période des guerres de Vendée, alors qu’ailleurs, en d’autres villages, nous avons rencontré des souvenirs tellement frais qu’ils en étaient anecdotiques.

    Le village lui-même, bien que constitué par une grande partie, de maisons survivantes de cette ténébreuse époque, avait subi quelques remaniements qui ne permettaient pas de retrouver trace du quartier général de Charette. Du reste, à ce sujet, aucun des habitants ne put nous donner de renseignements précis.»

    Photo de l'article de Didier Audinot, illustrant les ruines de bâtiments ayant servis d'écuries pour les officiers des Charette :

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

     

    « A voir et parcourir l’actuel village, on se rend compte que le trésor de Charette ne peut se trouver qu’en un endroit bien précis, que seule la logique permet de déterminer.

    A Montorgueil, les caves anciennes sont à fleur de sol. On atteint facilement la pierre, une sorte de granit très solide. Le trésor qui repose encore là ne peut donc se trouver que dans une maison, au sein d’une cache maçonnée, ou encore, dans un souterrain. A même la terre, nos quadrillages électromagnétiques, n’avaient rien donné. Les maisons non plus, sondées en partie par les habitants eux-mêmes, à l’aide de détecteurs de poche dont nous nous étions munis, ne donnèrent rien de plus. Il fallait chercher ailleurs. C’est à ce moment qu’intervient la radiesthésie.

    D’autres suppositions nous avaient amené, au début des recherches entreprises à Montorgueil, à tenter de repérer d’anciens souterrains. Là où la tradition les situait, il ne pouvait y en avoir, tant la roche affleurait le sol. En revanche, sur les indications d’un cultivateur dont la roue d’un tracteur s’était, quatre années auparavant, enfoncée dans un trou suspect, nous avons pu, seulement en quelques heures de travail, déboucher, en plein champ, l’entrée d’un souterrain refuge inviolé depuis sans doute des siècles. Là aucune indication ne nous permit de dater ses différentes périodes d’utilisation. Vraisemblablement creusé au haut-Moyen Age, il avait peut-être été réutilisé pendant les Guerres de Vendée.

    Ravis de redécouvrir inopinément ce fragment inviolé de leur histoire, les habitants de Montorgueil visitèrent les uns après les autres ce souterrain, dont l’entrée fut ensuite soigneusement rebouchée. De trésor, point, pas plus que de témoignages valables de l’existence d’autres souterrains, qui nous auraient permis d’y voir une cachette possible pour le trésor de Charette.

    De la forteresse qui fut autrefois bâtie au centre de la ville, plus de souvenirs dans la mémoire collective. Rien ne laisse supposer cependant d’après les mémoires de témoins des dernières campagnes de Charette, que cette forteresse ait encore été debout en 1795. Le général y aurait forcément, en ce cas installé son quartier général, et ne se serait pas donné la peine, comme en témoignent de nombreuse traces, de faire fortifier le village.

    Arrivé sur place après nous, le radiesthésiste qui devait travailler sur cette affaire n’avait donc eu aucun contact avec les habitants. Dès ses premières minutes de recherche, son Dowser se mit à indiquer, avec affolement, une direction précise. De tous les points du village, dans le cadre d’une recherche basée uniquement sur l’or, le même épicentre revenait, attractif, révélant une importante concentration de métal jaune. Marchant, Dowser en main, le chercheur nous conduisit directement en plein champ, sur une hauteur, là où se trouvait la source de cette importante variation de champs magnétique causée par de l’or enfoui dans une masse de terre.

    Le signal était prodigieux. Des détections électromagnétiques, réalisées avec des détecteurs, donnèrent quelques signaux localisés qui prouvaient que là, à quelques dizaines de mètres du centre du village, se trouvait « quelque chose ». Ce qui nous apprirent après coup, les habitants du village, nous rendit perplexes.

     A l’endroit où notre Dowser nous avait amenés, se trouvaient jadis les restes d’un ancien moulin, évidemment contemporain des événements qui nous intéressaient.

    Les ruines de ce moulin avaient été déblayées au lendemain de la seconde guerre mondiale, laissant place à une parcelle cultivée. Or, un certain nombre de traditions prétendent que Charette, légèrement éloigné de ses troupes, de ses parcs et de ses écuries situées dans le village, avait établi là son quartier général, donc entreposait son or, très vraisemblablement, près de lui, dans cet ancien moulin.

    Autrefois, deux citernes d’eau très profondes, taillées dans la pierre et dans la terre (elles avaient environ 7 mètres de profondeur), alimentaient constamment le moulin à eau. Jamais ces citernes ne se tarirent ; elle furent remplies de gravats, donc bouchées, en même temps que le moulin fut rasé.

    C’est là, à une profondeur importante, elle aussi voisine de sept mètres, que les appareils de dowsing avaient repéré l’or de Charette. Les détecteurs électroniques, eux, ne permirent pas de déceler quoique ce soit : leurs profondeurs d’investigation s’arrêtent à deux mètres cinquante pour les plus performants. C’est là que l’équipe Hermès souhaite entreprendre dès que la saison sera favorable et avec la collaboration du propriétaire du terrain, des déblaiements importants car vraisemblablement, l’or y a été noyé.

    Au cours des recherches, des monnaies isolées ont été découvertes, perdues ou cachées là au cours des guerres de Vendée. Elles témoignent de l’ampleur du désastre que fut cette guerre dans la région, et aussi du nombre important de petits magots qu’il convient encore d’y chercher, dans les champs le plus souvent, car les paysans savaient qu’en cas de bataille, leur maison serait automatiquement incendiée. C’est sans doute le même réflexe qui poussa Charette à cacher son or, non pas dans une maçonnerie, une maison, mais dans les fosses perpétuellement emplies de près de 7 mètres de hauteur d’eau. Peut-on rêver meilleure cachette à une telle époque.

    Didier Audinot »

     

     ***

     

    Nous avions déjà évoqué le trésor de Charette à plusieurs reprises, ici et .

    Une chose est sûre, et que Didier Audinot souligne dans son enquête, Charette disposait encore d’une forte somme d’argent dans les dernières semaines de sa vie car il en prête à Constant de Suzannet le 6 janvier 1796, depuis Montorgueil (3) :

    « Je reconnais avoir reçu du général Charette la somme de 1 595 louis d’or que je promets de lui remettre dès qu’il me les demandera.

    Au camp de Montorgueil, le 6 janvier 1796

    Constant de Suzannet »

     

    ***

     

     

    Le 20 février, à La Bégaudière de Saint-Denis-La-Chevasse, après avoir annoncé son intention de continuer la guerre à ses hommes (on connait la fameuse tirade de ce jour « tant qu’une roue restera, la charrette roulera ! »), Charette rentre à Montorgueil ; ce sont les derniers moments qu’il y passera. Il y écrira à Stofflet la missive suivante (4) :

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    « Copie de la lettre trouvée sur Stofflet lors de son arrestation

    1et ventôse an 4

    De Montorgueil 20 février 1796

    Général

    J’ai l’honneur de vous addresser ci-joint l’extrait des propositions que vient de me faire la République de passer à l’étranger : ma réponse n’exprime que bien foiblement encore mon inviolable attachement à la cause glorieuse pour la quelle nous combattons.

    Je vous prie de donner a l’un et a l’autre, ainsi qu’a ma déclaration, toute la publicité dont elles sont susceptibles, par la voye même de l’impression qu’il est possible.

    Je suis avec un sincère attachement

    Votre très humble et très obéissant serviteur

    Signé Le Chevalier Charrette.

    Pour copie certifiées conforme a l’original

    L’état-major général

    Le général de division, chef de l’état-major général de l’armée des côtes de l’océan. ./.

    Hedouville »

     

    ***

     

    Le lendemain 21 février, Charette retourne à la Bégaudière et y perd ses deux porte-manteaux chargés de sa correspondance dans le combat qui y aura lieu. Le 15 ventôse an 4, samedi 5 mars 1796, le Directoire en accuse réception à Hoche (5).

    Au vu de ces données militaires, on peut penser que tout n’a pas été découvert du trésor de Charette. La découverte de la cache de Grasla en 2004 n’était certainement qu’une petite partie de la caisse du général, tout comme celle de Chavagnes-en-Paillers et de bien d’autres, dont il paraît évident que la plupart ont été retrouvées depuis déjà longtemps et que personne ne s’en est vanté. En ce sens, Didier Audinot avait probablement raison sur le fond. Maintenant, analysons un peu la forme. Prenez une bonne lanterne, des bottes, et descendons dans les sous-sols de la petite histoire.

    Passons sur le trésor possiblement caché dans une maison particulière, qui ne semble pas une très bonne idée. C’était bien trop risqué, entre les probables témoins et les propriétaires qu’on aurait pu interroger ou forcer à découvrir leur secret. La forteresse supposée où Charette aurait pu séjourner devait n’être plus qu’un vague souvenir en 1795. Montorgueil est mentionné comme simple hameau sur la carte de Cassini. J’ai dû employer un logiciel personnel pour plus de visibilité, la définition proposée par Géoportail étant certes en couleur mais difficilement lisible.

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Le plan cadastral du village en 1836 est bien trop récent pour nous apprendre quelque chose…

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    … Et à comparer avec la vue aérienne, on a un peu de mal à se repérer :

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Vous l’avez compris, le village a été remanié plusieurs fois. Gardons en mémoire cependant ces vues, car elles seront plus parlantes dans le troisième volet que Chemins secrets consacrera à Montorgueil (eh oui, c’est loin d’être terminé)…

    Quelques mots sur les méthodes de détection employées par Didier Audinot et son équipe. Je connais mal la détection de métaux mais, il me semble peu probable de découvrir quoique ce soit avec ces appareils au vu de la configuration du village, dans un enchevêtrement d’habitations, de chemins goudronnés, de granit affleurant et d’exploitations agricoles modernisées. Quant aux appareils de dowsing, ils sont largement réputés pour être des « pièges à couillon », ne consistant guère qu’en un boîtier qui fait « bip bip » (voire surtout rien du tout), vendu quelquefois 8 000 € (si si, vous avez bien lu) à des gens pourvus d’un quotient intellectuel de sauterelle. Je pense qu’à ce tarif, un bon vieux sourcier, avec ses baguettes de noisetier, est largement plus fiable.

    Didier Audinot nous parle d’un ancien moulin déblayé après la Seconde Guerre Mondiale, à quelques dizaines de mètres du centre du village. Point de trace de celui-ci sur le terrain. Il existe bien un moulin à eau sur la Vie, mais en contrebas du village, au pied du coteau et qui ne peut correspondre avec un endroit où Charette aurait séjourné et caché un trésor, à moins d’être suicidaire.

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Cherchons un peu les moulins autour de Montorgueil et Bingo ! Un moulin apparaît très clairement au point marqué à 62 mètres d'altitude sur la carte d’état-major de 1820.

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Celui-ci n’est déjà plus présent sur le cadastre de 1836. Il se situait à l'emplacement des croix rouges :

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Cet emplacement correspond bien à la description faite plus haut par Didier Audinot, mais il y a un hic… S’il y a un bien un point d’eau un peu plus loin au Nord-Ouest, sur une hauteur, ce qui peu surprendre, vu le cours de la rivière en contrebas (largement modifié à cet endroit depuis 222 ans….), on peut douter que l'eau ait pu aller jusqu'au moulin. Marquage bleu indiquant le point d'eau en haut du plan : 

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

    Le point d'eau existe toujours :

    Le camp de Montorgueil (2° partie)....

     

    Je vous disais qu’il y a un hic, mais c'est plutôt deux en fait car ce moulin est bien à vent et non à eau. De là, la théorie des citernes vues plus haut, qui l’auraient alimenté, me paraît des plus fumeuses. Pour alimenter un moulin à eau, il faut un courant, et une fontaine, fut-elle de sept mètres de profondeur, ne pourra y parvenir sans mouvement, à moins d’un courant souterrain qui se serait jeté dans la Vie ; mais dans ce cas, pourquoi la carte d’état-major nous parle d’un moulin à vent ? J’imagine mal la complexité du mécanisme qui aurait pu unir les deux fonctions.

    Concernant le souterrain cité, découvert puis rebouché, nous n’avons aucune indication sur son orientation ni sur la longueur explorée. Quant à la profondeur de sept mètres supposée, elle reste à démontrer, même si on sait que le coteau plonge très bas vers la rivière. A la défense du regretté Didier Audinot, on sait aujourd’hui que sa théorie d’enfouissement de trésor dans le fond d’un point d’eau tient la route, puisqu’on en a eu la preuve en 2004 à Grasla. Le dernier des trésors de Charette se trouve pourtant dans ce village, à n’en point douter. Sa volonté était certainement que jamais la république ne puisse mettre la main dessus, et en cela, même si j’en savais plus, je crois que je garderai le secret…

    RL

    Novembre 2017

     

    Notes :

    (1)  Pour ceux qui veulent lire l’article en entier, on le retrouve ici. Merci au passage à M. Wingel, de me l’avoir procuré, il y a déjà de cela une quinzaine d’années…

    (2)  Là, c’est Didier Audinot qui se trompe, mais il ne savait pas que l’on trouverait une partie du trésor de Charette en forêt de Grasla en 2004. Nous en avons déjà parlé ici.

    (3)  Chassin, «Les Pacifications », tome II, p. 268, repris par Bittard des Portes, op. cit. p. 561.

    (4)  SHD B 5 35/87, v. 3/9, reprise par Savary, tome VI, p. 185 & 186.

    (5)  SHD 5/36-12, v.1/19 (bulletin analytique).

     

     

     


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    Et s’il n’y avait qu’en Vendée !

     

    Les nouveaux noms des communes de Vendée par Grégoire Moreau sur RCF :


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    Marie Maugeais, de la paroisse de Saint-Laurent-de-la-Plaine, 

    femme soldat, vraiment ??? 

     

                            

     

    « LE PREMIER DEVOIR D'UN GRAND PEUPLE

    COMME D'UNE FAMILLE FORTE,

    C'EST DE S'AIMER DANS SON PASSE

    ET DE S'HONORER DANS SES MORTS. »

                                                  

                                                                    FUSTEL de COULANGE.

     

     

     

    Marie Maugeais....Le mémoire de proposition pour une pension annuelle en faveur de la femme Marie Maugeais la qualifie de soldat. En parcourant d'autres mémoires de propositions, seule une autre femme porte cette mention : Jeanne Robineau. Les autres mentions nous signalent : ''fille échappée au massacre'',''fille Vendéenne'' ou ''veuve blessée'' et souvent aucune mention. S'agit-il d'une erreur d'écriture ? Peut-être.... bien que ces propositions soient signées de Monsieur le Cte Charles d'Autichamp.

     

    Marie Maugeais....

    Marie Maugeais....

    Marie Maugeais....

     

    Les blessures de Marie Maugeais laissent à penser qu'elle a été victime d'un massacre... elle avait 20 ans en 1794. Elle porte les stigmates de graves blessures, elle a le visage et la main gauche ravagés par les coups d'une arme terrible, le sabre !

     

    Le chirurgien Sébastien Cady, de Saint-Laurent-de-la-Plaine, constate et fait l'inventaire des blessures :

     

    « Nous soussigné maître chirurgien à la résidance de Saint Laurent de la Plaine département de Maine et Loire, arrondissement de Beaupréau, chef lieu de Saint Florent.

    Certifie avoir traité le nommée Marie Maugeais, femme de Jean Batteux journallié dans ce bourg, de neuf mortes blessures a la tête loreille gauche emportée. La machoire et la bouche du même cauté très contrefait affligée de louïe même cauté (côté), je extrait douze os des pariétaux, la main gauche toute contrefait la moitié du doig indais (index) emporté, le petit doigt emporté a lantié (en entier). Tout ces infirmité sont par les coups de sabre que la maleureusse femme reçu dans la guaïre (guerre) de Vandée. Ne pouvant pas par ces infirmité gannier (gagner) sa vie, son marie affligé du cevrocel ??? Arthrose cervicale ? Qui le prive frécamment d'aller à son travaille pourquois je leur délivre le présant certificat qui (illisible) à la connaissance de tout le publique pour luÿ cervir au besouain.  »

     

    Saint Laurent de la Plaine – signé – Chir Cady. Le 4 décembre 1814.

     

    Marie Maugeais a-t-elle été victime de la Colonne Infernale n°6, commandée par le général Moulin qui incendie Saint-Laurent-de-la-Plaine le 27 janvier 1794 et fusille deux femmes ?

     

    Un certificat de Blessé lui a été délivré le 26 novembre 1814.

     

    «Nous soussigné, maire de la commune de Saint-Laurent-de-la-Plaine, sur l'attestation des sieurs 1° Réné Brevet 2° Joseph Humeau 3° Jean Ménard 4° François Delaunay, tous les quatre pères de famille, domiciliés dans la dite commune – Certifions que la nommée Marie Maugeais a été massacrée dans la guerre de la Vendée par les armées républiquaines ; ce qui la met hors d'état de vaquer à ses travaux.

    En foi de quoi nous lui avons délivré le présent certificat, que les attestants ont signé avec nous après lecture faite.

    A Saint-Laurent-de-la-Plaine le vingt six novembre mil huit cent quatorze + femme de (Jean Batteux), a perdu son père et son frère tués en combattant dans les Armées Vendéennes. »

    Signé : Jean Ménard – François Delaunay – Joseph Humeau – René Brevet. - Cady maire.        

     

    Marie Maugeais est la fille de Jacques Maugeais (tué pendant la guerre de Vendée) et de Jeanne Cesbron. Elle est née le 14 janvier 1774 à Saint-Laurent-de-la-Plaine et épouse le 29 juillet 1811, François Batteux, journalier, veuf de Marie Blond. François Batteux et non pas Jean est né le 29 août 1763 ou 1764 à Beaumont-sur-Sarthe (dates différentes aux deux mariages). De cette union est né :

     

    - Jean Batteux, né le 7 mars 1814 à Saint-Laurent-de-la-Plaine.

    - Marie Maugeais est décédée à Saint-laurent le 17 décembre 1829.

    - François Batteux est décédé le 13 mai 1815 à Saint-Laurent.

     

     

    Sources : Archives Départementales du Maine et Loire, tous droits réservés.   Dossiers de pensions, dossiers individuels class SHD XU 39-38 - vues n°6 /9 et suivantes. Registres d'état civil de Saint-Laurent-de-la-Plaine (mariages 1802 et 1811 – baptêmes 1774 – naissances 1814, décès 1815 et 1829)  - Photo de l'auteur. 

                                                                                       X.P pour Chemins Secrets 

     

     


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  •                           

                        Michelle Fardeau, de la paroisse de Joué-Etiau, 

                           massacrée à Gonnord à l'âge de treize ans. 

     

                    

     

    Michelle Fardeau....Les républicains tuaient les petites filles à coups de sabre pour économiser les munitions !...

     

    Le mémoire de proposition pour une pension annuelle en faveur Michelle Fardeau la qualifie de ''fille échappée au massacre...'' Elle est proposée pour une pension de 50 ou 60 francs.

    « Mémoire de proposition pour une pension annuelle en faveur de Fardeau Michelle de Gonnord. - âgée de 33 ans - fille échappée au massacre – blessures à la joue droite et au cou au massacre de Gonnord – fileuse, aucun moyen d'existence – proposée pour une pension de 50 francs -

    A Chemillé le 26 novembre 1814 ; »

    signé le Cte de Tocqueville  - Le Cte Charles d'Autichamp.

     

    Un certificat des médecins d'Angers lui est délivré.

     

    « La nommée Michelle Fardeau a reçu plusieurs coups de sabre, étant âgée de 13 ans, qui ont divisé la lèvre à la commissure droite, formé des cicatrices qui la défigurent et sur le cou, ce qui la gêne » 

                                                              

    Chemillé le 26 novembre 1814

                                                    signé Ouvrard – et illisible.

     

    Un certificat de femme blessée est également délivré.

     

    «   Département de Maine-et-Loire – Arrondissement de Saumur – Commune de Gonnord. - Certificat de Femme Blessée -

    « Nous soussigné, maire de la commune de Gonnord, sur l'attestation des sieurs :

    1° Jean Maslin.

    2° Jean Chemineau.

    3° Louis Brisset.

    4° et Françoise Humeau,

    Tous quatre pères de famille, domiciliés de cette dite commune, certifions que la nommés Michelle Fardeau, (femme de Pierre-Jacques Bompas) rayés, a reçu dans la guerre de la Vendée des blessures qui la mettent hors d'état de vaquer à ses travaux.

    En foi de quoi nous lui avons délivré le présent certificat que les attestants ont déclaré ne pouvoir signer ni le sachant après lecture faite.

      Gonnord le 26 novembre 1814 – signé  : Rompillon.

     

    Michelle Fardeau....

    Michelle Fardeau....

    Michelle Fardeau....

    Le massacre de Gonnord ? Vous voulez connaître les noms des assassins? : Vendéens et Chouans nous en parle ici et Chemins secrets ici :

     

    Michelle-Marie Fardeau est née le 31 janvier 1781 à Joué-Etiau (vue n°56/184 baptêmes). Elle est le fille de Michel Fardeau, métayer et de Perrine Onillon. Elle se marie le 27 janvier 1810 à Gonnord (vue n°77/136 - mariages 1810) et l'on apprend que son père est décédé au mois de juillet 1794 à la métairie de la Grüe, pendant les ''désordres'' de la guerre de Vendée, ( ouf  ! ça me rassure, c'étaient juste des désordres)... Elle épouse Pierre-Jacques Bompas, né le 21 août 1784 à Gonnord, journalier-domestique, fils de Jacques Bompas et de Marie Papin. De cette union sont issus :

     

    1° Pierre-Jacques Bompas, né le 16 novembre 1812 à Gonnord.

    2° Louis-Barthélémy Bompas, né le 26 septembre 1815, idem.

    3° Marie-Jeanne Bompas, née le 1er octobre 1818, idem.

    4°Aimée-Perrine Bompas, née le 2 janvier 1823, idem.

     

    - Michelle Fardeau est décédée aux Forges à Gonnord, le 9 février 1840.

    - Pierre-Jacques Bompas est décédé aux Forges, le 3 mars 1844.    

     

    Sources : Archives Départementales du Maine et Loire, tous droits réservés.   Dossiers de pensions, dossiers nominatifs class SHD XU 39-40, Michelle Fardeau (22 nov 1814-26 juin 181), vues n°1,2,3,4/15. Registres d'état civil de Joué-Etiau et de Gonnord - Photo de l'auteur. 

                                                                

    Xavier Paquereau pour Chemins Secrets 

     

     

     

     


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